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Amrathiën Illiaven'char - Maître d'armes d'Azzura

Amrathiën Illiaven'char
◈ Missives : 17

◈ Âge du Personnage : 238 années
◈ Alignement : Neutre Bon
◈ Race : Elëar
◈ Ethnie : De l'Aube
◈ Origine : Sunaï
◈ Localisation sur Rëa : Azzura
◈ Magie : Ardente (maîtrise excellente à Azzura, parfaitement aléatoire ailleurs).
◈ Fiche personnage : La fiche !
◈ Crédit Avatar : Neva and Chicco by SIXMOREVODKA STUDIO & Follow me by OmeN2501

Héros
Amrathiën Illiaven'char

◈ Mar 8 Déc 2015 - 11:03

◈ Prénom :  Amrathiën
  ◈ Nom : Illiaven'char
  ◈ Sexe : Femme
  ◈ Âge : 238 années.
  ◈ Date de naissance : Cean de la deuxième semaine de Ranh, il y a de cela 5351 années.
  ◈ Race : Eleär
  ◈ Ethnie : Eleär de l'Aube
  ◈ Origine : Sunaï.
  ◈ Alignement : Neutre bon.
  ◈ Métier : Maître d'armes d'Azzura.
◈ Crédit avatar : Neva and Chicco by SIXMOREVODKA STUDIO & Follow me by OmeN2501
 

 

 
Magie

 

 
"Les Illiaven’char ont, de tout temps, été réputés pour leur maîtrise de la magie ardente. Notre nom même, dérivé d’un ancien terme elfique signifiant « Porteur de torche », en est le témoin. Et pourtant … avec les siècles, nous sommes devenus des érudits, des conseillers, des artistes, loin de nos fondateurs, guerriers et sauvages. Nous n’avons cessé d’enseigner cette discipline, par tradition, mais nous avons cessé de l’exploiter au quotidien … jusqu’à ce qu’Amrathiën ne décide de suivre sa voie absurde. Elle avait toujours été douée pour cet exercice, mais l’enseignement s’était émoussé avec les décennies, refusant d’inclure les aspects les plus offensifs … il m’a fallu y remédier, rapidement. C’était là tout ce que je pouvais faire pour garantir sa sécurité, quand bien même l’idée d’apprendre à ma puînée l’art de carboniser autrui n’était pas pour me plaire … Elle a développé son art auprès de nous, l'a éprouvé sur les champs de batailles, et l'a perfectionné auprès de nos confrères d'Azzura. Près de deux siècles plus tard, il me faut reconnaître qu’elle m’a déjà dépassé, dans la pratique pure de la maîtrise des flammes et de la chaleur. En revanche, sa connaissance de la théorie magique laisse à désirer …"


Lithiën Illiaven'char, mage d'Azzura.
 


 
Compétences, forces & faiblesses

 


> Arts de la guerre
(Métier engagé : Maître d'arme d'Azzura)
- Maniement d’armes blanches (épées : maître)
- Parade (boucliers, armes, utilisation de son environnement : maître)
- Stratégie de combats (maître)
= L'Elfe est certainement l'une des meilleurs maîtres d'arme d'Azzura, si ce n'est la meilleure. Elle connaît et sait dispenser des leçons sur le maintien, les bottes, les feintes, l'esquive, les passes, les parades, du maniement de l'épée. Elle possède un degré de maîtrise important et complet de toutes les facettes d'un combat armé à longue ou courte portée. Elle a survécu à bien trop de batailles.
- Maniement d’armes de pugilats (dagues : maître)
- Maniement d’armes de jets (couteaux, haches courtes : expert)
= Il y a fort à parier qu'Amra a appris en situation de combat réel, à utiliser n'importe quelle technique pour tuer plusieurs ennemis rapidement. Elle maîtrise également l'esquive et les coups aux armes de courte portée.
- Combat à mains nues (aucun style, simples poings et clés : expert)
= Sot est celui qui pense que les guerriers, sur les champs de batailles, suivent les codes des duels ou de la chevalerie. Pendant le combat, seule la survie l'emporte. Armé ou non, il faut tuer, impérativement.
- Tactique de guerre (avancé)
= Amra est lucide quant à ses lacunes. Son impétuosité, son incapacité à obtempérer et son caractère n'en font pas un bon tacticien. Voilà aussi pourquoi elle est restée Maître d'Arme. Où est-ce par flemme et pour couler des jours paisibles qu'elle n'a jamais voulu monter en grade ?

> Arts de la noblesse & de la bourgeoisie
- Lecture & écriture (maître)
= Née de la noblesse, l'Eleär a appris à lire, à écrire, dans sa langue natale et le kaerd.
- Mathématique (comptabilité, arithmétique de base : expert)
= Il faut connaître les mélanges des métaux, les tailles, pour être forgeron. Il faut savoir compter pour dessiner des schémas précis.
- Étiquette (préciser le ou les pays : novice)
= Si on a tenté de lui faire apprendre l'étiquette seyant à une noble dame, c'est hélas un cuisant échec. Amra tient plus du bûcheron enragé que de la gracieuse demoiselle.
- Équitation (intermédiaire)
= Elle a appris à monter mais n'est pas spécialiste.
- Escrime (enseignement par une école d’arme, connaissance de l’éthique des duels : maître)
= Plus il y a de règles et de codes, plus les combats son simples. Amra est une survivante des champs de bataille où aucune loi n'existe.
- Peinture (dessin, esquisse : maître)
= Au fond d'elle, se cache un artiste. Voilà aussi pourquoi elle sait passer du papier au concret avec tant d'aisance. Elle sait reproduire, inventer, dessiner surtout en premier armes et armures, avant de les créer.

> Compétences libres
- Histoire (armement pré-Ère des Ténèbres : maître)
= L'Elfe a des connaissances sur toutes les techniques d'armement du passé. Elle-même aura écrit nombre d'ouvrages relatant la forge des armes et des armures. Ses esquisses ont même été retrouvées, des milliers d'années plus tard, pendant son lourd sommeil.
- Linguistique (anciens dialectes elfes et kaerd : maître)
- Natation (intermédiaire)
= Amra a appris à nager.
- Intimidation (avancé)
= Tête-de-Vreën est bien un personnage qui sait appuyer là où ça fait mal. Elle sait comment tenir tête, en situation calme ou même face à un combattant hargneux. Elle ne doit sa survie qu'à son caractère et sa pugnacité.
- Artisanat (forge épées, lames & armures : maître) :
= Amra, en plus d'être un exceptionnel maître d'arme, est également un forgeron sachant concevoir les meilleures armes. Elle fut l'auteur de nombreux livres en ce qui concerne cette matière.


* Points forts :

- Une expérience martiale inestimable, s'étalant sur plus de deux siècles, combinée à une passion extrême pour les armes des divers continents et races de Rëa, font d'elle un vétéran redoutable, habitué à des armes variées et à des adversaires hétéroclites.
- Sa maîtrise de la magie ardente, nourrie des champs de bataille, d'un héritage familial pluriséculaire et de la fréquentation de ses confères d'Azzura.
- Une excellente mémoire et un grand talent pour le dessin : les deux combinés en font un témoin précieux.

* Points faibles :

- Elle n'a aucune volonté de tenir un quelconque poste de commandement, fut-il subalterne. Ce n'est pas une question de compétence : l'idée même d'à nouveau mener des soldats vers leur mort la rebute et l'effraie même, plus qu'elle ne l'avouera jamais.
- Les arcs, arbalètes, et autres armes de trait sont son principal talon d'Achille. Un comble pour une Eleär.
- Un peu trop portée sur la dive bouteille, il n'est pas rare qu'elle soit ivre morte. Jamais en service, ni dans un quelconque cadre officiel ... mais son mauvais caractère ressort facilement à ses occasions-là, pour le plus grand préjudice des importuns.

 


 
Physique

 

- Dame Amra, le bain est prêt.

La servante n’obtient comme seule réponse qu’un grognement presque bestial. Elle ne se formalise pas, loin de là, étouffant même un petit rire. Délaissant la porte à laquelle elle vient de toquer, elle se dirige d’un pas leste vers la garde-robe. Une fois que la maîtresse aura fini de se décrasser, il lui faudra encore revêtir une tenue décente. Hors de question de se présenter au palais d’Azzura sans un minimum d’élégance et d’apparat. La robe pourpre devrait lui aller à merveille.

La Villileär vient à peine de quitter le couloir que la porte s’entrouvre, laissant entrevoir l’étrange spectacle d’une cousine de l’Aube, vêtue d’une courte tenue de lin couverte de brûlures et de traces noirâtres, les longs cheveux d’un blanc argenté crasseux à en devenir sombres, groupés et ramassés en une parodie de chignon, la figure noircie par la crasse et la suie. Si quelqu’un se trouvait à ce moment précis à proximité, il le regretterait, tant elle empeste. Un nez délicat, mais il serait à plaindre, pourrait déceler avec certitude les vestiges de fumée et de la combustion de charbon de bois, des relents de sueur et de métal, et une odeur tenace d’eau-de-vie. Un cocktail pour le moins étrange, que l’on s’attendrait plus à renifler auprès d’un Nain que l’un de ces élégants Eleär. L’odorante apparition traverse d’un pas malhabile le couloir, avant de franchir le seuil d’une pièce humide au centre de laquelle trône une vaste bassine en pierre remplie d’eau, synonyme d’un salut forcé. Elle lâche un nouveau grognement face à la migraine qui lui vrille les tempes, la douleur voilant un bref instant ses yeux d'un vert pâle et manquant de la faire vaciller. Elle se rattrape à l’un des meubles, le temps de retrouver son équilibre. Elle laisse tomber sa tunique crasseuse au sol, dévoilant un spectacle quelque peu … inhabituel. D’une petite stature pour son espèce, n’atteignant qu’avec peine les cinq pieds quatre pouces de hauteur, son corps est loin de dégager cette impression de grâce que l’on associe traditionnellement aux siens. Il n’est pas pour autant  grossier et brut, mais sa musculature bien développée déforme quelque peu ses membres graciles : nul doute que la plupart des mâles de son ethnie renâclerait devant ce spectacle. Les cicatrices qui le parsèment, dont quelques balafres visiblement mal cicatrisées et une estafilade le long de la tempe droite qui  frôle l’arcade sourcilière, n’améliorent en rien le portrait. Ses mains sont calleuses, aux ongles mal entretenus et abritant des résidus crasseux, et ses pieds ne sont guère plus présentables, l’un d’eux déplorant même la perte de deux orteils. Seules ses oreilles, pointues et effilées (à l’exception de la dextre, privée du tiers supérieur), son visage un brin anguleux et bien organisé, ses lèvres fines et son teint pâle, bien que légèrement hâlé, marquent clairement son rattachement aux siens.

Elle s’immerge, râlant contre la tiédeur de l’eau, conséquence malheureuse de sa lenteur à l’atteindre. Grommelant dans sa barbe inexistante, elle ferme les yeux, se concentre. L’eau se met à bouillonner pendant quelques instants. Ses traits se détendent enfin et un sourire satisfait s’épanouit sur ses lèvres, alors que la température du bain atteint un niveau que d’autres jugeraient bouillant. Son regard retrouve sa clarté habituelle, précédant de peu l’allumage d’une étincelle malicieuse, et son visage adopte l’ordinaire expression de bonhommie optimiste qui la caractérise. La lutte s’entame alors, féroce, impitoyable, contre la crasse et la saleté qui signifient rapidement leur refus d’être ainsi évincées. Il faudra une petite éternité pour qu’elle en vienne à bout. Alors seulement elle daigne évacuer le champ de bataille, laissant comme vestige une eau désormais souillée des restes de ses victimes. Elle s’étire en grognant, attrape le bol que l’on a disposé à proximité et le vide d’un trait. Le remède fait rapidement office, chassant la migraine et les dernières idées noires. C’est une belle journée qui commence, tout compte fait …
 


 
Caractère

 

 
La main soulève le livre, son propriétaire toussotant devant le nuage de poussière qu’il a convoqué par ce simple geste. Combien de temps depuis que ce manuscrit sommeille dans cette crypte, au juste ? Des siècles, des millénaires peut-être. Il plisse les yeux, s’efforçant d’inspecter la couverture à la faible lueur de sa lanterne. Un seul symbole, unique, gravé et souligné d’encre : une torche enflammée, rayonnante. Alors il l’ouvre, et entreprend de le feuilleter. Des dessins, partout, sur l’ensemble des pages. Peu de textes, de mots. Mais les images possèdent leur propre langage, pour qui sait les interpréter.

Des armes, des armures, partout, au coin de chaque page. Esquisses et images fidèles, détaillées, précises, au trait soigneusement déroulé. Une véritable obsession qui se dévoile au fil de la lecture, des prémices encore flous à la maturation de la passion. Mais l’artiste ne se contente pas de simples reproductions : des croquis, des schémas, des annotations, des commentaires, enthousiastes et presque lyriques, fleurissent avec le temps. Des dissections les précèdent et les suivent, cliniques,  de modèles déjà existants, détruits et sacrifiés sur l’autel de la découverte. Chaque spécimen subit le même traitement, la même attention, qu’importe la richesse de son apparence ou de son ornement. Toutes les origines, toutes les formes, nulle n’est épargnée.

D’autres courbes suivent, différentes dans leur essence-même : loin de l’exactitude et de la minutie des instruments de morts, elles n’en témoignent pas moins d’une passion presque aussi embrasée. Des silhouettes qui dansent, des pas et gestes subtiles et mystérieux, ésotériques même … jusqu’à ce qu’enfin le regard comprenne. Des frappes, des parades, des ripostes, des contres, des feintes, des bottes. Tant de gestes, de manières d’étriper son prochain, de dévaster la chair et les os.  Des attaques vicieuses, fourbes et sournoises, y côtoient les taillades violentes, brutales et agressives. Pourtant, sous la plume et l’encre du maître, elles y perdent de leur violence, gagnent en élégance et en sérénité. Un profil se dessine alors, celui d’une fanatique guerrière, d’une amante de la mort.

Alors tout vole en éclat, quand apparaissent les premières scènes de carnage. La guerre, dans toute son horreur, dans toute sa laideur. Nulle beauté, nulle gloire, nul héros. On en sentirait presque l’odeur de l’urine et des excréments, du sang et de la sueur. On croirait entendre les cris et les hurlements, les injures et les gémissements, les suppliques et les gargouillements.  Des Elëar, des Vreën, des Alsdern, des démons difformes ou des monstres grotesques, partout, qui s’entretuent, qui se mutilent, acharnés à s’anéantir, à se détruire. Des visages défigurés par la haine et la peur, autant que par les balafres et les cicatrices. Des images dérangeantes, traumatisantes même, comme prises au cœur des combats. Certaines suggèrent un point de vue proche, d’autres figurent clairement la position de l’artiste, assénant l’estocade fatale à la victime couchée sur le parchemin. Le dégoût et le mépris, la colère et la tristesse, transpirent et suintent de chaque ligne, chaque courbe, chaque détail, du plus infime au plus vaste. Une sensation de gâchis monstrueux s’en dégage. La bile monte aux lèvres, des haut-le-cœur se font menaçant, l’esprit menace de briser. Un univers de cauchemars, de terreurs et de monstruosités, bien au-delà des rangs des simples aberrations démoniaques. Des flammes qui s’abattent, des rochers qui explosent, des flèches qui pleuvent, des corps qui éclatent, des membres qui volent. Alors le lecteur feuillette les pages pour y échapper, tremblant de tous ses membres.

Des flammes, des brasiers, des étincelles, encore ; mais celles-ci sont différentes. L’apaisement, le réconfort, l’étreinte calme et accueillante d’une mère, voilà ce qu’elles évoquent. Elles dansent, langoureuses et paresseuses, ou elles s’envolent, fougueuses et joueuses ; mais jamais elles ne menacent, jamais elles ne mordent. Une enfant, puis une adulte, la silhouette incertaine, les traits flous, s’y réfugient, les larmes dégoulinant de leur visage, avant d’en ressortir, rassasiées et réconfortées.

Des visages, des portraits,  qui reviennent, encore et toujours. Un jeune Eleär, qui grandit, qui s’étoffe, avant de disparaître, purement et simplement. Un autre, plus vieux, croqué abondamment, en armure, en tenue, et même nu, dans toutes sortes d’activités. Un épéiste, à en juger par sa tenue. Mais lui aussi finit par disparaître. Comme les autres, beaucoup d’autres. Des cycles qui se répètent, des dessins précis, à la plume joyeuse, panorama détaillé de leur vie, de leur existence ; y succèdent des images tristes, des corps brisés, des cendres, des tombeaux et des urnes. Dix, vingt, trente existences se succèdent ainsi. Des guerriers, pour la plupart : épéistes, lanciers, cavaliers et archers. Un forgeron, dont les croquis témoignent de l’humeur tantôt amusée, tantôt furieuse, de la main qui traça les lignes. Lui ne disparaît pas, mais ses apparitions s’espacent,  se diluent. Aucun de ces deuils ne suffit à briser la joie de l’artiste : à chaque nouvelle rencontre, la ronde recommence.

Les scènes de liesse sont courantes, mais dispersées. Véritable pendant des massacres et des batailles, elles en sont le troublant reflet. Identiques dans le souci du détail, elles renient pourtant l’existence de leurs infernales jumelles par la douce chaleur qu’elles exhalent, havre de repos pour l’esprit fragilisé par les carnages. Des beuveries y côtoient de simples promenades, des discussions animées s’associent à des siestes bucoliques et des couples enlacés. Les personnages y sont croqués avec affection et tendresse. Mais l’alcool coule de plus en plus, alors que le décor s’altère : fini l’île verdoyante et idyllique, débute une ville encadrée de montagnes, souvent enneigée, aux bâtiments cosmopolites, à la frontière de l’anarchie. L’attachement est tout aussi fort, à cette nouvelle terre ; mais les figures amicales se font plus rares, moins variées. Seuls quelques visages reviennent, désormais, et les beuveries en petit comité se multiplient. Mais si la joie s’altère, change de nature, elle reste présente.

Un couple, enfin, qui s’installe, qui s’impose, lui précis au plus haut point, elle le visage flou, la silhouette incertaine. Son ventre qui s’arrondit n’en est pas moins perceptible. Deux enfants, qui naissent et grandissent, sous le regard attendri de leurs parents. Et puis tout s’arrête, soudainement, alors que le plus âgé atteint l’âge adulte. Le lecteur pousse un grognement de frustration, mais referme l’ouvrage, doucement. Alors, une note s’en échappe.

"Dame Amra, alias Tête-de-Vreën , peau-de-yak, ou encore la Naine. L’une des Eleär de l’Aube les plus teigneuses qu’il m’ait été donné de croiser au cours de mes séjours à Azzura. Une véritable tête de lard, plus têtue et obstinée qu’un bataillon de vieilles commères naines acariâtres, d’une élégance digne d'un Auroch en rut … mais au moins, elle savait se tenir. Pas du genre à contester les ordres, ni à insulter ses supérieurs. Une gueularde, à l’entraînement, exigeante et infernale ; mais agressive comme un mouton, énergique comme un ours hibernant, en dehors. Ah, si, une chose pouvait la faire sortir de ses gonds … ceux qui dégainaient leurs armes pour un oui ou pour un non, les duels d’honneur, sur un accès de colère. Deux recrues qui l’avaient oublié on pris une de ces raclées … L’alcool, aussi, hélas. Elle picolait pas mal, une sacrée descente ! Bon, pas en service ou en public, hein … mais si vous lui voliez dans les plumes dans ces moments-là, ça pouvait mal tourner …"

 


 
Inventaire

 

 
Fière propriétaire d'un véritable capharnaüm d'armes et d'armures provenant du monde entier, elle n'en privilégie pas moins sa vieille compagne, une épée bâtarde affublée du doux nom de Narcha (déchirer), un chef d’œuvre d'artisanat finement orné. Une dague courbe (Gamp) la complète à merveille.
Si sa bonne vieille armure, une tenue de cuir combinée à une chemise de mailles et de rares éléments de plate (épaulières, gants, jambières) reste la tenue indispensable pour tout affrontement de grande ampleur, l'équipement qu'elle prise le plus et qu'elle s'oblige encore à porter régulièrement pour en conserver l'habitude, elle est trop encombrante au quotidien ou pire encore, lors des voyages. De simples tuniques de lin ou de coton, auxquelles s'ajoute un gambison de lin et de robustes gants de cuir, suffisent à son bonheur. Sa garde-robe recèle aussi quelques robes, qu'elle ne rechigne pas à mettre lors des fêtes et cérémonies.
Détail étrange, la dame manifeste une certaine tendance à compenser l'absence d'armure, durant ses pérégrinations hors d'Azzura, par l'emport d'un armement supplémentaire. S'ajoutent alors à son attirail habituel une paire de hachettes de jet et une lance servant aussi de bâton de marche.



 


 
Histoire

 

  - Messire, je … vous ne devez pas ! Dame Amra a clairement ordonné qu’on ne la dérange pas et que …

- Il suffit. Je n’attendrai pas dans l’antichambre comme un vulgaire messager !

- Elle n’est pas dans son état normal depuis le Réveil, messire. Laissez donc votre message, je le lui apporterai quand elle viendra se restaur…

- Suffit ! C’est le Conseil qui m’envoie, et je ne lui remettrai ce message qu’en mains propres.

La servante abandonne l’affaire et se contente de désigner un escalier avant de battre en retraite. Le mage Eleär secoue la tête, visiblement offusqué par l’insistance de la domestique Villileär, et se dirige vers la direction annoncée. Une trentaine de marches, une porte qu’il ouvre, et le voilà dans l’antre.

La chaleur est torride, infernale, étouffante. Au premier pas dans la pièce, l’Eleär se retrouve couvert de sueur. Au deuxième, il sent ses membres s’alourdir. Au troisième, sa gorge est aussi sèche que les vieux parchemins millénaires auxquels on vient de l’arracher. Un véritable enfer pour un érudit à la peau délicate, habitué au doux climat de la cité. Il ouvre son col en vain, à la recherche d’un peu de fraîcheur. Les parois qui ne sont que grossièrement excavés dans la roche renforcent cette sensation d’étouffement. L’ombre y règne en maîtresse presque absolue, sa domination n’étant contestée que par la lueur rougeâtre d’un foyer dans le fond. Une silhouette s’agite à son contact, projetant des ombres démesurées à travers la salle entière, dans un grand vacarme de métal. Prenant une profonde inspiration, l’intrus s’avance avec précaution dans sa direction. Insensible à la collection d’armes, d’armures et d’écus qui reposent sur des étagères et des présentoirs, aux croquis et dessins qui s’étalent de manière complètement anarchique. Il est bien plus préoccupé par sa progression rendue quelque peu délicate par le véritable capharnaüm qui encombre le sol, au point que la roche n’est presque plus perceptible. Il manque de trébucher sur un plastron vreën de plus de six mille années, s’emmêle les pieds dans les plis d’une robe de soie émeraude, et s’entaille la plante sur une dague courbe alhakabiroise mal rengainée. Un juron s’échappe de ses lèvres ; à l’énoncé de cette grossièreté, ô combien inhabituelle entre ses lèvres, son teint vire de rougeaud à rubicond. Mais l’objet de sa visite, quand bien même son arrivée n’a pu rester inaudible, ne daigne pas se retourner. Le martelage ne s’interrompt pas. Passablement agacé par la situation, le mage se racle bruyamment la gorge. Aucune réaction. Les sangs échauffés, il se concentre et lève les bras, provoquant une brutale chute de la température. Avant même d’avoir eu le temps de baisser les mains, il se voit contraint de s’immobiliser, une lame de fer écarlate à quelques doigts de son œil. Il s’efforce de garder son calme, sa dignité et le contrôle de ses nerfs, alors que sa congénère, qu’il dépasse pourtant d’une bonne tête, le toise en silence. Un long moment s’écoule ainsi, avant qu’il ne prenne son courage à deux mains et ne proclame, d’une voix légèrement trop haut perchée :

-  Dame Amra, vous êtes mandée par le Conseil. Vous vous présenterez au palais demain, à l’aube.

Elle le fixe pendant plusieurs secondes, hoche la tête et détourne enfin la lame. Sans mot dire, elle tend la main vers une jarre posée dans un équilibre précaire sur le rebord de la forge. Elle s’y abreuve à grandes gorgées, la repose. Le martèlement reprend, harcelant les nerfs de l’émissaire. Sa mission accomplie, celui-ci bat rapidement en retraite. En dépit de multiples chausse-trappes disposées sur le chemin, il y parvient sans nouvelle péripétie. La dénommée Amra ne lui accorde pas le moindre regard, concentrée sur son ouvrage. Des minutes s’écoulent, des heures. Soudainement, une larme se met à perler le long de son œil gauche. Puis une deuxième, sur l’autre versant. Rapidement, c’est un véritable déluge qui inonde son visage, dégageant de fines volutes de vapeur au contact du feu. Alors, avec un cri de rage étouffé par des sanglots, elle assène un coup de toutes ses forces, déformant le fer et réduisant des heures de travail à néant.

- Pauvre lame.

Elle prend une profonde inspiration et se retourne, toisant d’un regard las la Vreën qui s’avance tranquillement, l’air moqueur. Ses larmes se sont déjà évaporées.

- Pas maintenant, gamine.  Pas ce soir. Pas d’humeur.

Sa cadette de deux siècles lève les mains en signe d’apaisement, dévoilant ainsi ce qu’elle dissimulait derrière son dos : une jarre.

- Pourtant, j’ai pris la peine d’amener une offrande. Je ne suis pas venue entamer une joute, juste offrir un peu de réconfort à une amie. Est-ce trop demander de faire une trêve ?

L’armurière abdique, un maigre sourire se dessinant peu à peu sur ses lèvres. Elle dégage de la main un plastron de cuir et une arme d’hast alsdern, ménageant un peu de place sur le sol pour qu’elles puissent s’y asseoir, adossées contre le bois du lit. La jarre circule rapidement, et le bras de la Valdur finit par s’appuyer sur l’épaule de l’Eleär, sans qu’aucune ne s’offusque ou ne rougisse de la situation.

- Je me demande comment vous supportez ça. Vous autres Eleär. T’as quel âge, déjà … deux siècles et des poussières ? Enfin, si on ne compte pas les cinq millénaires supplémentaires …

- Deux cent trente-sept années.

- Et combien de deuils ?

- Trop. Mais l’armée, c’est … enfin, c’était autre chose. L’époque était plus sauvage, plus violente que l’ère actuelle …

- Je ne t’ai jamais demandé … pourquoi l’armée ? Vous êtes des érudits, dans ta famille, non ?

***

"L’on retrouve des traces de la famille Illiaven’char dans les plus anciennes chroniques conservées. Erudits réputés, conseillers proches de la famille régnante de Sunaï, ils semblent avoir abondamment fréquenté les plus hautes sphères du pouvoir. La signification de leur nom signifierait "Porteur de lumière". Le naïf penserait certainement à une interprétation littérale, l’associant à une quelconque influence d’origine magique sur la lumière, ou peut-être même le feu. Mais un esprit rationnel ne saurait souscrire à pareille analyse, tant il est clair que nulle magie n’a jamais été répertoriée par le moindre témoin digne de foi. La magie relève des mythes et des légendes, pas des faits.

Voilà leur symbole. Comme les plus perspicaces d’entre vous l’auront compris, il s’agit là d’une torche stylisée. Ce n’est guère surprenant de la retrouver sur un artéfact ancien … mais une épée ? Voilà qui est quelque peu inhabituel. C’étaient des érudits et des savants, à la rigueur des artistes, nullement des forgerons ou des escrimeurs. Cela pourrait s’expliquer aisément s’il s’agissait là d’une arme d’apparat ; mais le forgeron de la cour m’a assuré qu’elle était parfaitement fonctionnelle, conçue avant tout pour tuer. Elle est certes dotée d’ornements, mais ils restent relativement discrets. Une arme de guerrier, d’épéiste accompli, parfaitement équilibrée. Maintenant, si l’un d’entre vous pouvait être suffisamment aimable pour énoncer à ses condisciples en quoi cette découverte nous est-elle vraiment utile …

- La geste d’Amra, messire ?

- Parfait, sire Elendaël. Pour les quelques cancres, je vous rappelle que cette geste est l’un des rares récits antérieurs à l’Ere des Ténèbres qui nous sont parvenus relativement intact. La transmission étant malheureusement longtemps restée orale, elle a été quelque peu déformée, certains faits ont été amplifiés … et la magie, comme de bien entendu, y a été incorporée. Donc, la geste d’Amra, quoique le nom ne soit guère approprié. Il s’agit plus d’une lamentation, d’un adieu à l’être disparu, mélange confus de hauts faits et d’anecdotes insignifiantes. Si la lecture en est passionnante, envoûtante même, pour le profane, elle est un vrai calvaire pour l’érudit, contraint de s’acharner afin de dénicher les maigres références aux évènements importants de cette période. Son auteur reste inconnu, n’ayant pas pris la peine de le signer, mais l’on peut légitimement penser qu’il était l’amant de la dame, voire même son compagnon.

Il se racle la gorge, puis reprend.

- Je vais vous résumer ici ce que ce récit nous apprend. Le personnage central est souvent appelé Dame Amra, mais il est fait mention à plusieurs reprises de son nom véritable : Amrathiën Illiaven’char, fille aînée d’un couple d’érudits extrêmement proches du monarque de Sunaï. Je vous fais grâce du récit détaillé de son enfance et de son éducation, qui ne diffère guère de celle que nous prodiguerions à nos filles de noble ascendance, de nos jours. L’étiquette, les arts et les savoirs variés … il apparaît qu’elle était un véritable prodige du dessin, dotée d’un talent inné et d’une grande habilité aux travaux manuels.


***

- C’est stupide. Très stupide, même. Un gars ? Vraiment ?

- Non. Enfin, si, mais pas seulement. Avoir perdu mon frère n’a pas aidé. J’avais un vide … alors je suis allé le combler où je pouvais. Et puis … il y avait quelque chose de vraiment fascinant parmi les armes de notre peuple. La plupart étaient de véritables chefs-d’œuvre d’artisanat, ce qui fascinait la férue d’art que j’étais. Oh, mes parents ont bien essayé de me détourner de cette voie. Mais j’étais stupide, une vraie gamine, ignorante de la réalité d’un champ de bataille. Et j’avais le béguin pour lui.

- Une gamine … attends, t’avais quel âge ?

- Trente ans.

Le silence s’abat quelques instants, troublé seulement par la toux de la puînée. L’indignation lui a fait avaler sa gorgée de travers.

- Je te hais.

***

Mais elle délaisse la voie de l’érudition que ses parents voudraient lui faire emprunter pour une plus … et bien disons, inhabituelle : l’armée. L’auteur fait à plusieurs reprises mention de sa fascination, moins pour la guerre et la violence que pour l’attirail lui-même : les armures, certes, mais surtout les armes. Il s’agit là d’un attrait quelque peu inhabituel pour une Eleär de l’Aube, mais soit. C’est là-bas que l’auteur, un stratège, fera sa connaissance, lorsqu’à l’issue des trente années d’entraînement, elle intègre les rangs de ce que nous appellerions l’infanterie moyenne.

***

- Et l’armée, alors ? Une promenade de santé, j’imagine, vu ton talent ?

L’Eleär éclate de rire.

- Oh que non. Imagine un petit peu : j’étais une gamine de la haute, moi, habituée à un certain confort. Aussi solide qu’une brindille, aussi adroite à l’épée qu’une loutre manchote, une assise digne d’un parpaing sur une selle … j’ai failli rendre fou l’instructeur. Et l’arc … si je ne m’en sers pas, ce n’est pas une question d’honneur …

Un regard incrédule lui répond.

- Non ?

- Si.

- T’es vraiment une Eleär ?

- Justement, c’est là-bas que je l’ai obtenu, ce maudit surnom … Tête-de-Vreën. Trop fière et trop stupide pour abandonner face à l’impossible, qu’ils disaient. Sans parler de la silhouette que je me suis forgée … Ah ça, j’en ai pris, des baffes, des raclées, des bottes aux fesses, des rations de corvées et d’entraînements supplémentaires … bref, au bout de trois décennies, j’étais toujours là, défiant tous les paris, et j’avais mon entrée dans l’infanterie moyenne.

***

Ses efforts lui valent d’être cantonnée sur la côte Sud-Est de Sunaï, en proie à de fréquents affrontements avec les peuplades qui occupaient l’actuelle île d’Yra et le pays de Lorh. Là encore, je vous ferais grâce des multiples récits d’escarmouches, de raids et d’embuscades.

- Mais vous oubliez de mentionner que la geste précise aussi son apprentissage de la mag…

- Suffit ! J’ai déjà énoncé ce que je pensais de ces fables grotesques ! Mais ceci dit, vous n’avez pas entièrement tort : le récit est clair sur ce point : elle ne rompt point le contact avec sa famille, en dépit de leurs désaccords. La plupart de ses permissions sont d’ailleurs consacrées à des visites au domaine parental, où elle ne manque pas de s’instruire sur … et bien, si j’étais un rêveur, je parlerais de magie. Mais le récit n’emploie pas lui-même ce terme, vous le noterez : le terme exact est « L’art de porter la lumière, y compris dans les lieux les plus obscurs ». Quant à ce que cela peut bien signifier … une interprétation couramment acceptée le définit comme l’art du conseil, de l’éducation.


***

- Et la magie ? Ca aussi, un héritage de l’armée ?

- Pas vraiment. Tradition familiale axée sur la magie ardente. Une histoire de coutume ancestrale, de l’époque où nous étions encore primitifs et sauvages … tu demanderas à mes parents, si la question t’intéresse. Enfin bref, j’avais déjà débuté l’enseignement avec eux, gamine, j’ai poursuivi à l’armée, et j’ai encore accru ma maîtrise à chaque retour au domaine, à l’occasion de mes perms’. Ils ont râlé, fort, mais ils ont vite réalisé que ça me garantissais plus de chances de revenir en vie. Les combats …

- J’ai vu tes dessins. C’est …

- C’est rien, ça. De pâles souvenirs. La réalité est pire, bien pire. Un dessin, ça ne transmet pas les odeurs, les sons. Ca ne dit pas ce que tu ressens quand ta lame déchire un abdomen et déverse des entrailles pour la première fois. Ca ne raconte pas le dégoût, la bile qui monte. Les mourants et blessés achevés par les rangs qui avancent, piétinés à mort. Les sortilèges qui s’abattent, les corps qui volent, le sang, les …

- C’est bon. J’ai compris.

- Mon innocence n’a pas duré. Au premier combat, il était mort. Une décharge d’arcanique l’avait presque coupé en deux. Alors j’ai ressenti la haine, la rage et la colère.  A la fin du jour, j’étais couverte de sang, des pieds à la tête. L’odeur de chair brûlée était répugnante. Je me suis enivrée, à mort, j’ai essayé d’oublier tout ça. Et puis le lendemain est venu, et j’ai continué à vivre, malgré tout. La haine était toujours là, à l’affut. Contre l’adversaire, l’envahisseur, l’agresseur, quel qu’il soit. Démons, Alsderns ; des Vreën, aussi …

***

A la même époque, c’est par le biais de l’auteur qu’elle fait la connaissance de Nildor … oui, le forgeron attitré de la famille royale de Sunaï, celui-là même qui a forgé la légendaire Ivoirine. Les deux deviennent amants, semblerait-il … il est d’ailleurs amusant de noter que même à l’époque de l’écriture de la geste, l’on détecte encore de la jalousie entre les lignes …

Il tousse, visiblement gêné de s’être laissé aller à digresser, et reprend le fil.

- La liaison durera un certain temps, qu’il est difficile d’évaluer … peut-être trois ou quatre décennies. Orageuse, de toute évidence, d’après le récit, mais là n’est pas l’important : elle apprend les arts de la forge à son contact, auprès de l’un des meilleurs artisans de Sunaï. Des décennies après, lorsqu’elle se mariera avec l’auteur, elle forgera non pas un, mais deux chefs d’œuvre d’artisanat : deux épées, l’une à une main, l’autre bâtarde, différentes et extrêmement similaires à la fois dans leur apparence. Leur description est extrêmement fouillée et détaillée, technique même. La première des deux lames sera offerte à son compagnon, l’autre restera son arme de prédilection. Hors, l’arme qui se trouve sur cette table correspond en tout point à la description qui est faite de l’épée longue dans la geste …


***


- Et lui, alors …

- Un vieil ami, stratège. Il devait avoir, quoi … dix, vingt ans d’ancienneté quand j’ai bouclé l’entraînement. On avait déjà commis quelques écarts, l’un et l’autre, généralement après une célébration un peu trop arrosée, mais rien de sérieux. Après ma rupture avec l’autre crétin de forgeron, on s’est fréquenté un peu plus. Toujours rien d’officiel, ni même de régulier ou de contraignant. Ca nous convenait à merveille. Sauf qu’un jour … bam, la tuile, quoi. Et la paire, en plus.

- C’était pour ça, le mariage ? Rien que pour ça ?

- Hors de question de leur léguer la bâtardise. La haute noblesse Eleär n’est pas vraiment plus tolérante que vous autres Vreën, là-dessus … Et puis, on s'aimait, tous les deux. Vraiment.

***

Bien que mariée, et mère de deux enfants, elle ne quitte pas la vie de garnison, pas plus que l’auteur. Au contraire, elle obtient quelques années plus tard le grade d’Officier, à la suite de la bataille de l’Estuaire Vermillon. De nouveaux faits d’armes s’ensuivent, lui garantissant une excellente réputation, malgré son grade peu élevé. Elle refusera les promotions ultérieures, pour des raisons méconnues, mais que l'auteur attribue à une certaine lucidité concernant son manque de compétence stratégique. Sa célébrité ne fait qu’aller de l’avant … jusqu’à ce que, soudainement, tout s’arrête. Le récit reste flou sur les raisons, évoquant de graves blessures, un traumatisme sévère, et guère plus … Quoi qu’il en soit, elle disparaît vers le nord, au cours d'un voyage dont la direction reste inconnue.

***

- Les Falaises Creuses … une boucherie. Une erreur du stratège en charge, une simple faute d’appréciation, née de l’orgueil et de la déconsidération des soit-disant monstres écervelés … et tout a dérapé. Des heures à tenir ce maudit défilé, vague après vague, toujours moins nombreux. Les renforts sont arrivés au dernier moment. Je m’en suis tirée avec la simple perte de deux orteils … beaucoup n’ont pas eu cette chance. Alors quand j’ai croisé cette raclure qui se pavanait … je lui ai fracassé la mâchoire et deux-trois côtes. J’étais ivre, hélas … j’ai failli le tuer, ce pauvre bougre. J’ai fuit la justice de Sunaï, mais pas seulement. Je perdais pied, j’en devenais folle, de ce sang, de ces massacres, de ces carnages, justifiés ou pas. J'avais quelques relations dans l'armée, qui m'ont évité le cachot. Mais il y avait une contrepartie : je devais partir, et ne jamais revenir. Mes parents s’étaient installés à Azzura depuis plusieurs décennies … c’est grâce à eux que j’ai pu m’installer ici. Ma fille m’a emboîté le pas. Et voilà.

- Et voilà, qu’elle dit. Un siècle de vécu à Azzura, et tu le résumes comme ça. « Voilà ». Tu aurais fait une conteuse exécrable, l’ancêtre.

- Tu veux que j’en dise quoi ? Je suis devenue l’un des maîtres d’armes et armurière à mes heures perdues, mais ça, tu le sais déjà. J’ai coulé des jours tranquilles,  et ça tu le sais aussi. J’ai veillé sur ma fille, autant que j’ai pu. Je l’ai entraînée pour qu’elle sache se défendre, à la dure. Je me suis débrouillée pour visiter ma famille à Sunaï, discrètement, et chaque fois que je trouvais une opportunité. A chaque visite, j’ai échoué à les convaincre de me suivre. Mon fils voulait vivre sa propre vie, ma moitié restait farouchement attachée à notre partie, et je n’y pouvais plus rien. Alors je me suis habitué à cette vie, et j’ai pris mes aises. J’ai accepté ce que j’avais perdu par l’exil, et réalisé ce que j’y avais gagné. J’ai couché mes souvenirs sur le papier, pour que leur mémoire subsiste, qu’ils me laissent tranquilles. La paix, la sérénité, j’avais payé le prix pour les obtenir, enfin, pour de bon.  Enfin, ça, c’est ce que je croyais …

Seul le silence lui répond. Elle tourne la tête et croise le regard quelque peu préoccupé de la Vreën. Alors elle rit, doucement. Bien sûr qu’elle n’a pas tout perdu. Il lui reste une patrie, de la famille, une fille, des amis. Elle fera son deuil, et elle continuera à vivre. Comme toujours.

- Faut pas t’inquiéter,  gamine. Juste un accès d’humeur. Ca ira un peu mieux demain, encore mieux le surlendemain, et ainsi de suite. Il nous faut continuer à vivre, nous, les vivants. Au moins, ils ont vécu. Même loin de moi, même loin de mes yeux. Ils ont vécu.

Cette brève oraison funèbre prononcée, le silence s’installe pour de bon, à peine troublé par la jarre qui circule et les gorgées qui la vident.  La lueur du foyer finit par diminuer, puis s’éteindre, sans qu’aucune ne daigne bouger.

 


 
Ambitions & Desseins

 


 - Satanée cachotière !

Face à la maître d'armes vitupérant et furibonde, la mage Vreën lui retourne un regard faussement innocent. La furie d'Amra n'est qu'apparente, et toutes deux le savent.

- L'idée de m'escorter ne t'est pas si insupportable que ça, tout de même ?

- Les ordres du Conseil sont inviolables, mon avis n'importe pas.

- A d'autres ! Allons, ce nouveau monde t'intrigue aussi bien que moi ... et tu n'auras pas à dénicher les nouveau mages, c'est mon domaine. Toi, tu devras juste veiller sur ma précieuse personne, et observer les forces armées des différents pays. Pense à toutes ces armes et armures que tu pourras croquer, à tout ce merveilleux armement qui a dû bien évoluer en cinq millénaires d'absence ...

- Évidemment, si tu me prends par les sentiments ...

L'Eleär s'interrompt, prend une profonde inspiration.

- Notre mission nous mènera bien tôt ou tard à Seregon et Satvar, pas vrai ?

- J'imagine, oui. Tu penses qu'il a eu une descendance, ton fils ?

- Qui sait ? Mais ça ne coûtera rien de chercher, si l'idée ne te rebute pas. Et Sunaï ...

Un bruit de langue réprobateur résonne.

- Hors de question. Les démons ne sont pas des tendres. Et ils sont unis, désormais.

- Les Ordhalerons, c'est leur nouveau nom. Eux, réunis, Neya et Sunaï tombés ... je n'arrive toujours pas à l'admettre. C'est tellement ...

- Tu as entendu les récits de nos visiteurs, non ? Tu les as affrontés, désunis, la magie de ton côté. Imagine ce que ce serait, maintenant !

Un léger rire s'élève alors.

- Et pourtant, j'y irais, un jour. Il le faudra, tôt ou tard. La vengeance ne m'attire pas. Mais me recueillir, ne serait-ce qu'un instant, accomplir les rites d'adieux aux défunts, oui. Comment pourrais-je faire mon deuil, reprendre le cours de mon existence, sans cela ?

 



 
Divers

 

  Reconnaissez-vous être âgé de 18 ans ? : Hélas.
  Moultipass : Validé par Sigvald

  Et de trois. Que dire de plus, si ce n'est que quand ce forum vous met le grappin dessus, il ne vous laissera jamais l'occasion de desserrer son emprise ?
 


 
Calim Al'Azran
◈ Missives : 2342

◈ Âge du Personnage : 82 ans
◈ Alignement : Loyal Bon
◈ Race : Valduris
◈ Ethnie : Sharda du Nord
◈ Origine : Al'Akhab - Siltamyr
◈ Magie : Aucune
◈ Fiche personnage : Calim
◈ Crédit Avatar : Old man with a cane By Igor Babailov

Conteur
Calim Al'Azran

◈ Mer 9 Déc 2015 - 17:29

C'est une validation avec un immense bravo de toute la part du staff. Une fiche sublime par son fond comme par sa forme.

Il nous tarde de rencontrer cette tête-de-vreën au caractère imbuvable !

Bienvenue à toi, Amra !