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Thémis Aëhondariel - Adjointe du Roi Silairye Tel'Syar

Thémis Aëhondariel
◈ Missives : 16

◈ Âge du Personnage : 202 Cycles
◈ Alignement : Neutre
◈ Race : Eressäe
◈ Ethnie : Clair De Lune
◈ Origine : Ann'Drah
◈ Localisation sur Rëa : Académie de Syal'Toor
◈ Magie : Magie Psychique : Endoctrinement
◈ Fiche personnage : Une Bougie sur l'Océan
◈ Crédit Avatar : Lady Elluna par Héléna Cnokaert

Héros
Thémis Aëhondariel

◈ Mar 21 Jan 2020 - 1:00

◈ Prénom :  Thémis
◈ Nom : Aëhondariel
◈ Sexe : Femme
◈ Âge : 202 Cycles
◈ Date de naissance : 2nd Astar du mois de Drema, An 889 Ère de la paix
◈ Race : Eressae
◈ Ethnie : Clair de Lune
◈ Origine : Ann’Drah
◈ Alignement : Loyal Neutre
◈ Métier : Professeur de linguistique et sciences politiques à l’académie de Syal'Toor, Second Siège du Haut Conseil d’Ann’Drah, Adjointe et Protectrice du Roi Silairye Tel'Syar
◈ Crédit avatar : Lady Elluna par Héléna Cnokaert


Magie


Endoctrinement (magie psychique)

Les vagues d’Éther n’épargnèrent pas la conseillère dont la magie, faible après la première d'entre-elles, ne tarda pas à se manifester avec véhémence une fois la seconde passée.

La découverte de cette puissance devint vite un tournant majeur dans la vie de l’Eressae car l’essence même de son pouvoir était en totale contradiction avec son rôle de protectrice. Les mages qui, lorsque la cité d’argent fut libérée de son éternel sommeil, vinrent l’étudier à la demande des puissants d’Ann’Drah nommèrent cette capacité : l’Endoctrinement.  
À la fois bénédiction et malédiction de l’éther de par sa puissance, le pouvoir s’échappant de Thémis à un effet sur ceux qui l’entourent, amenant lentement mais sûrement les esprits faibles autour d’elle à adopter sa vision des choses, à accepter tout d’elle pour finalement après un long temps d’exposition, ne rien devenir de plus qu’une coquille vide prête à recevoir n’importe quel ordre.
Les esprits un tant soit peu robustes verront bien sur leur conscience reprendre le dessus avec plus d'aisance et demanderont un bien plus long temps d'exposition à cette magie avant de devenir de vulgaires marionnettes que les âmes torturées cependant, le simple fait d'avoir été sous l'influence du pouvoir de la jeune noble même momentanément les étourdira pendant une poignée de secondes.

L’incapacité à contrôler ses émotion aujourd’hui ressentie par l’Eressae nourrie sa magie qui, pour compenser ce manque dans la recherche frénétique de l’esprit d’un peu de stabilité, prends le contrôle des autres, de ceux qui l’entourent et ce, qu’ils soient êtres aimés ou ennemis.

S’il est utilisé volontairement ou sous l’effet d’une puissante émotion, l’effet gagne en puissance et se manifeste telle une aura inquiétante chaude et lourde pesant avec insistance sur tous ceux à proximité de l’atlante, altérant faiblement leur conception des choses pendant un bref instant. La couleur de cette magie est un bleu somptueux , contraste amusant avec la nature relativement vicieuse de cette capacité.


Compétences, Forces & faiblesses



> Arts de la noblesse & de la bourgeoisie
(Métier engagé : membre de la haute noblesse/conseillère du roi)
- Lecture & écriture : maître
- Mathématique (comptabilité, arithmétique de base) : maître
= héritière de la plus influente et riche famille, du croissant de lune, Thémis a reçu une éducation stricte. Compter lui est donc aussi facile que lire et sa prose se trouve impeccable.  
- Étiquette : expert
du fait de son sang bleu, et de sa position dans la Cour du monarque, elle fut très jeune, initiée au noble jeu.
- Politique : maître
= Cette discipline, ardue pour beaucoup, à cause de sa complexité, s'apparente à un jeu d'enfant pour l'aînée Aëhondariel. Elle sait tout autant se faire entendre qu'écouter
- Diplomatie : expert
= aussi habile dans les mots que dans le maniement de sa rapière, Thémis a l'art de la rhétorique. Sa verve est policée.
-  Subterfuge (mensonge, manipulation) : maître
= pour parvenir à ses fins, l'adjointe du roi, n'a aucun remord à tromper son interlocuteur. Son magisme, couplé à son aptitude à jouer des rôles, ne la rend que plus véridique.
- Escrime (enseignement par une école d’arme, connaissance de l’éthique des duels) : expert
= dès sa prime jeunesse, sa parentèle fit appel à un instructeur. Cet homme, aguerri aux armes, lui enseigna son savoir.
- Équitation : intermédiaire
= Afin de pouvoir être présente, aux déplacements de sa majesté dans l'île du croissant de lune, elle a apprit à monter à cheval.
- Représentation ( harpe : novice, théâtre : intermédiaire, peinture : expert)
= On lui inculqua ses disciplines sous la demande de sa très chère mère. Loin d'égaler les grands maîtres, Thémis pourtant, sait jouer un rôle, peindre ou pincer les cordes de sa harpe.

> Arts de la guerre
(Métier engagé : membre de la haute noblesse/adjointe du roi)

- Maniement d’armes blanches (rapière) : expert
= Dès lors où elle fut en âge, de pouvoir tenir une arme, l'héritière Aëhondariel fut initiée aux lames. Habile dans le maniement de sa rapière, il ne faut surtout pas la sous-estimer.
- Parade (utilisation de son environnement) : avancé
= Thémis sait comment se défendre, en utilisant tout ce qui l'entoure, à son avantage.
- Stratégie de combats : expert
= Afin de compléter sa formation militaire, les plus grands stratèges du Croissant de lune, lui inculquèrent les tactiques qui vont de pair.   
- Galvanisation : avancé
= Savoir encourager les troupes est l'une des bases qu'on lui enseigna. Mais par manque de praticité, Thémis n'en possède pas l'expertise.  
- Commandement : expert
= en tant que conseillère de sa majesté, elle fut affiliée à gouverner les membres de la haute garde.

> Arts de l'ombre
(Métier engagé : adjointe du roi)

- Discrétion : intermédiaire
- Cryptographie : novice
- Anatomie (mutilation) : novice
- Collecte d'informations (utilisation d’un réseau, contacts) : expert.
- Résister à la douleur : intermédiaire
= Thémis est le bras droit du souverain. Cela signifie également qu'elle s'occupe des missions et travaux qu'il est nécessaire d'accomplir mais qui pourrait entacher la réputation du monarque si cela se savait. Elle œuvre donc dans l'ombre pour les meilleures raisons comme pour les plus obscures.

> Compétences générales
- Linguistique (eressae, kaerd saa : maître ; alkhabirois : avancé )
=Du fait de sa promiscuité avec les shardas, et particulièrement ceux du sud, avec sa défunte mère, elle apprit leur dialecte.  
- Natation : expert
=Etant de nature une atlante, nager est comme respirer.
- Éloquence : expert
=Sans avoir le génie, Thémis possède l'art de charmer un oratoire.
- Artisanat (boîte à musique) : novice


Forces :

« Sang Froid » Les émotions ne l'atteignent plus comme avant. Il s'agit à la fois d'un constat tragique et d'une défense psychologique supplémentaire qui permet à son esprit de ne jamais être totalement déstabilisée quelles que soient les situations dût-elle mettre sa vie ou bien celle d’autres personnes en danger.

« Sang-Bleu » L’éducation et la situation politique et familiale de Thémis l’ont clairement habituée au monde de la haute société ainsi qu’à la part d’ombre de cette dernière. Elle connaît plus que bien les jeux de pouvoirs et les sentiments que la puissance fait naître chez les gens et les utilisera d’ailleurs sans aucun scrupule afin des les manipuler le mieux possible.

« Érudite » Un esprit hautement cultivé reconnaissant la valeur de la logique mais capable également de se fier à son instinct lorsqu’il se manifeste. Machine de précision et d’organisation, ce même esprit aiguisé par la pratique et l’héritage est très certainement l’atout principal de l’Eressae.

« Soldat du Roi » Une éducation militaire complète effectuée dans les règles de l’art avec brio. Si les talents stratégiques de Thémis sont surtout ce à quoi l’on pense lorsque l’on évoque cette facette de son personnage, il ne faut pas oublier qu’elle a commencé à manier la rapière à un très jeune âge. S’il s’agit malheureusement de la seule arme qu’elle maîtrise vraiment, il ne faut pour autant pas la sous-estimer dès lors qu’elle en porte une à la ceinture.

« Pédagogue » Au cours de sa vie, Thémis a bien souvent réussi à former les recrues qui lui étaient confiées et ce de façon admirable. C’est sur ce critère-là en plus de sa magie qu’elle a été assignée comme professeure à l’académie magique de Syal’Toor.

« Oratrice » Sûrement l’une de ses plus grandes qualités. L’Eressäe n’a pas la langue dans sa poche et lorsque cette dernière, fine comme une lame elfique, se met en action, elle exige attention et admiration. Qu’il s’agisse de défendre un projet, de rabaisser ses rivaux, de galvaniser ses troupes ou d’entamer des négociations, Thémis saura être entendue et son point de vue semblera souvent à ses auditeurs être le bon, voir le seul envisageable. (Couplée à sa magie nouvellement acquise, cette facette de sa personnalité est en réalité bien plus dangereuse que sa maîtrise des lames).

« Cent Visages » : La manière de fonctionner de la jeune noble. Sa maîtrise des arts de la manipulation et sa connaissance de l’étiquette de la haute société l’ont poussée à développer ce mode de fonctionnement. La conseillère prendra toujours une expression, un caractère, une manière de parler qui correspond aux attentes de son interlocuteur émulant tantôt une jeune princesse fragile, tantôt une femme mûre et assurée, tantôt une guerrière chevronnée et sans pitié. Pour elle, la réussite ou non d’une tentative de manipulation se dessine bien avant la rencontre : pendant la préparation.  

Faiblesses :


«  Corruption éthérique » La magie de l’Eressäe est instable, méconnue et dangereuse. Sa puissance s’accorde avec son état mental ce qui laisse à penser que forcer son pouvoir pourrait avoir un effet plus que néfaste sur son esprit, voir la consumer comme tous les esprits faibles qui ont eux aussi cédé à cette obscure manifestation de l’éther.

« Traumatisme » Si les sombres moments de son existence n’ont pas eu raison de son esprit sur le moment, ils continuèrent inévitablement à la ronger de l’intérieur jusqu’à ce qu’elle devienne qui elle est aujourd’hui. Sa plongée dans les ténèbres est récente mais déjà bien entamée et le monde obscur est un gouffre sans fond. La folie ne frappera pas, du moins pas de façon permanente... pas encore. Mais si Thémis continue sur cette voie, elle n’entreverra aucune autre possibilité d’avenir.

« Imprévisible » Lorsque la folie prend momentanément le dessus, la jeune femme devient alors capable de beaucoup de choses. De nouveaux comportements, de nouvelles façons de parler, ses fantasmes, sa colère, sa souffrance, tout ce que sa conscience a enfermé et mit sous clé peut alors resurgir et elle devient de ce fait capable de blesser les autres (physiquement ou non, intentionnellement ou non) comme elle peut se blesser elle-même et si ces épisodes sont autant rares que de courte durée, il peut malgré tout se passer bien des choses en un court laps de temps.

« Race raffinée » Ce n’est un secret pour personne que les Eressaes sont une race physiquement limitée et la jeune Clair de Lune ne fait pas exception à la règle. Son physique est à peine meilleur que la moyenne pour les femmes de sa race et certainement pas comparable à celui des races guerrières. Si l’entraînement colossal demandé par les instructeurs de l’armée l’a fortifiée, elle ne saurait rivaliser par la force pure avec beaucoup d’ennemis.

« Une bougie sur l’Océan » La véritable Thémis existe toujours et Doran est certainement le seul à savoir cela car il est également le seul à avoir conscience que celle présente la plupart du temps n’est rien de plus qu’une armure, ultime rempart d’un esprit torturé, vulgaire reflet de la réelle Eressae. Il est également pour l’instant le seul à qui elle accepte de se révéler cependant ces resurgissements de sa vraie personnalité sont en réalité un danger qui la privent non seulement de sa magie ténébreuse mais qui exposent également au grand jour la fragilité de son être.  


Physique


Doran frappa à la porte de la chambre et finit par entrer après avoir attendu une invitation, une réponse qui ne vint pas. Il passa tout d’abord simplement la tête par l’entrée et appela d’une voix très faible :

- Madame ?

Son chuchotement se perdit alors dans la grandeur de la pièce. Le vieux soldat s’approcha alors du grand lit en bois massif où sa maîtresse était censée se reposer mais il trouva ce dernier vide. Une douce brise chaude, agréable présent de l’été vint caresser la joue droite de l’abyssal dont le regard se détourna vers la porte menant au balcon qui battait inlassablement de gauche à droite sous les impulsions de la brise.
Quelques pas de ses grandes jambes suffirent à lui faire passer la porte en un seul et fluide mouvement.
La lumière d’une pleine Lune rayonnante aveugla l’ancien l’espace d’un instant  le poussant ainsi à plisser les yeux avant que ces derniers ne lui renvoient une image claire de la scène se déroulant devant lui.
Les muscles de son visage lâchèrent ne lui laissant qu’une face hébétée paralysée par l’incompréhension. La noble était là, en robe de chambre blanche de dentelle presque transparente debout sur la rambarde du balcon les mains tendues vers l’astre nocturne. Ses longs cheveux blancs flottaient dans le vent entraînés - de même que ses vêtements légers - dans une folle danse par les chauds alizés.
Le soldat restait l’observer sans oser contracter un muscle, craignant qu’un son émît de sa personne ne surprenne la noble et que cette dernière ne tombe du rebord. Malgré la panique ses mires qui semblaient être la seule partie de son corps à pleinement exprimer la terreur qu’il ressentait, ne pouvaient s’empêcher de remarquer de petits détails tous plus inutiles et banals les uns que les autres. La blancheur de sa peau accentuée par les rayons lunaires, la largeur de sa silhouette qui semblait avoir quelque peu diminué, l’inclinaison de ses oreilles plus orientées à l’horizontale que d’habitude, la petitesse de ses pieds, les contours généreusement proportionnés de la jeune femme dessinés par le face à face entre l’abyssal et la Lune majestueuse.

Soudain une voix mélodieuse bien que teintée de gel brisa le silence :

- Doran, recommence à respirer veux-tu ? Tu es tellement paniqué que je ressens la tension derrière moi…

Se sentant partiellement libéré de l’étreinte de la peur, le soldat prit une grande inspiration et lança avec sa voix habituellement forte mais néanmoins en cet instant tremblotante :

- Madame, je venais vous donner le rapport concernant les mouvements Ordhaleron en Rajdin, si vous souhaitez m’écouter pouvez-vous … descendre du rebord ?


Sans donner plus de réponse, la conseillère se mit à osciller d’avant en arrière avec de plus en plus d’élan. Doran émit une sorte de hurlement intérieur partiellement étouffé par sa bouche close et se précipita vers sa maîtresse alors que celle-ci commençait à tomber vers l’avant et vers le vide.
Un bruit de table reversée et de verre brisé résonna dans les jardins en contrebas puis le silence revint.
Sur le balcon l’abyssal au visage écarlate comme il ne l’avait jamais eu, retenait par la main la jeune Eressäe dont le corps flottait dans le vide. Les magnifiques iris d’or blanc de la demoiselle plongeaient dans les mires d’ambre de son serviteur quelques secondes avant que cette dernière n’éclate d’un grand rire enfantin.


- Vous êtes sure que c’est le bon moment pour rire ? Hurla à s’en détruire la gorge le vieux soldat plus empreint de colère que de peur.

- C’est que … bredouilla la conseillère entre deux éclats de rire. Doran… Tu devrais voir ta tête…

Le rire cristallin résonna de plus belle à l’extérieur du manoir alors que l’abyssal remontait non sans difficulté le corps de la belle sur le balcon. La tâche insurmontable effectuée, ce dernier lança avec une colère pour la dernière fois contenue :

- Avec tout mon respect madame …

Un violent coup de poing légèrement atténué par le gantelet en cuir de l’abyssal rencontra le somment du crâne de la conseillère qui s’accroupit sous le choc, portant les mains à sa tête, surprise par la douleur.

- De toutes vos farces puériles, celle-ci est sans aucun doute la pire ! Comment est-ce qu’une idée aussi stupide a pu vous traverser l’esprit ? Et si je n’étais pas arrivé à temps pour vous retenir vous savez ce qui se serait passé ? Vous vous seriez écrasée près de trente-cinq pieds plus bas ? Ne vous avisez jamais de refaire ça sinon je vous jure que…

Il hésita avant de prononcer la fin de sa phrase et déglutit avec difficulté tout en regardant le visage ovale soudainement déserté de tout air amusé qui lui faisait face :

- Je … prendrais congé et irais tenter ma chance ailleurs !

Les mots qu’il venaient de prononcer sonnèrent pour lui tels une hache décapitant un condamné. Il baissa les yeux évitant le corps de la jeune fille fort mal dissimulé par la dentelle, se forçant à fixer la pierre blanche du sol en se mordant la lèvre inférieure coincée entre gêne, fureur, peur et l’excitation de l’insubordination.

Thémis se releva précipitamment et l’étreignit de toutes ses forces murmurant nombre d’excuses et de pardons.  
Le vieux soldat, bien que surpris, caressa avec nostalgie le crâne qu’il avait écrasé sous son poing quelques secondes auparavant avant d’enlacer à son tour la créaturelle dont la honte semblait raccourcir les cinq pieds et demi.
Après quelques secondes, il la raccompagna à son lit et la coucha comme il eut l’usage de le faire à une époque puis sortit de la pièce après avoir déposé le parchemin qu’il était venu apporter sur la table de nuit de la demoiselle, ne sachant que ressentir entre inquiétude, colère et contentement.


Caractère


Journal de Doran a écrit:Une âme aurait-elle pu faire quelque chose ? Un ami, une rencontre, un passant ? Eut-il existé quoi que ce soit en ce monde qui aurait permis d’éviter à ce point la détérioration de cet être autrefois si pur et plein de vie ?
Car soyons francs, que reste t-il derrière les façades, derrière cet admirable jeu d’actrice qui semble avoir convaincu tout le monde, que reste-t-il de cette jeune femme une fois que les obligations de la journée sont enfin finies, que les servants s’attellent à éteindre les lampes du manoir et que tous aux quatre coins de l’île sombrent dans le sommeil ?
Il ne reste qu’une ombre, une ombre magnifique certes, mais n’en restant pas moins seulement une ombre. L’ombre d’une Eressae qui jadis existait, vivait réellement ces instants, ressentant sentiments et émotions à profusion, suivant la lumière la guidant peu importe les conséquences sur sa propre sanité, rayonnante et belle alors que l’espoir d’un avenir radieux se reflétait dans ses pupilles d’or blanc.

Mais cette Atlante est morte aujourd’hui et il ne reste en lieu et place de son âme dorée qu’un substitut d’ombre entièrement préoccupé par le respect des dernières volontés de l’être qu’il habitait jadis, tentant de tout son possible de fournir sécurité à Eressa, autorité et respect à son roi et honneur à sa famille.
Nul plaisir n’est dorénavant plus ressenti par cette « apparition » dont la totalité des actions est dirigée par le sens du devoir au mépris de son propre bonheur si tant est que ce dernier puisse encore naître d’un terreau si stérile.
Connaissances et relations ne sont plus qu’outils, vie et sentiments plus que moyens, seul subsiste en ce cœur ravagé le simple plaisir de tourmenter son dernier ami et la vision d’une paire d’orbes violets, dernière lueur d’espérance d’une Eressäe se voyant peu à peu engloutie par un océan de ténèbres, incapable de résister, incapable de réagir, incapable de se rendre compte de la profondeur du néant dans lequel elle s’engouffre ni de la porte de sortie se fondant peu à peu dans le décor grisâtre, supprimant définitivement avec sa disparition toute issue.


Inventaire


Il serait plus aisé de faire la liste de ce que la noble ne possède pas cependant par-delà les atours, les montures, l’immense résidence familiale, les serviteurs, les ouvrages, les ingrédients rares, les bijoux, l’influence, seuls quelques objets sont tenus pour précieux par l’Eressäe :

L’alliance d’or blanc de sa mère que son père lui à confiée, deux rubans de tissus d’un vert pareil à la cime des arbres du nord que lui a offert l’ancien souverain de la cité engloutie lorsqu’elle était enfant, la rapière qui l’accompagne depuis maintenant bien des années dont la lame fine et pure reflète le monde tel un miroir et dont la garde incrustée de minuscules éclats de pierre de Lune fait de cette arme redoutable un précieux objet de collection. Enfin elle garde toujours sur elle une petite boîte à musique, véritable bijoux de la technologie Eressäe qu'elle à elle-même construite durant sa grossesse et qui devait être le premier présent de son enfant. Astraía's Lullaby



Ambitions & Desseins



Thémis Aëhondariel a écrit:Le doute tentera d'avoir raison de vous en de multiples occasions. Vous côtoierez la mort de près et serez la cible des foudres de nombreux personnages belliqueux. Vous aurez la responsabilité des vies de vos congénères et le devoir de prendre des décisions avisées.
Votre charge est bien lourde mon seigneur car votre prédécesseur était un grand Roi. Mais rappelez-vous qu'il a toujours eu confiance en vous, que j'ai confiance en vous, que tout le peuple vivant sur cette île attend de grandes choses de vous mais que nous serons tous prêts à de grands sacrifices pour que votre règne dure et que notre race perdure et si jamais vous deviez vous perdre en chemin, sans vous retourner, tendez la main derrière  vous et je l'attraperai et vous ramènerai sur la route pavée d'or qui est le vôtre car voilà ma tache. Maintenant marchez dans la lumière et allez sous les applaudissements de la foule vous revêtir de cette couronne pour qu'ainsi commence notre voyage.



Divers


Reconnaissez-vous être âgé d'au moins 18 ans ? : Je jure solennellement  que mes intentions sont ...hum hum ... que mon âge est supérieur à celui requis...
Moultipass : Validé par Harden

Pas mal de travail sur cette fiche, j'espère qu'elle plaira autant que la première. Dans tous les cas j'ai pris un max de plaisir à la construire, un gros love à ce forum car j'ai l'impression qu'il fait ressortir beaucoup de bonnes choses dont je ne me savais pas forcément capable et gros patpat au staff qui par ma faute va encore devoir se taper un pavé ! Thémis Aëhondariel - Adjointe du Roi Silairye Tel'Syar 2669093136


Thémis Aëhondariel
◈ Missives : 16

◈ Âge du Personnage : 202 Cycles
◈ Alignement : Neutre
◈ Race : Eressäe
◈ Ethnie : Clair De Lune
◈ Origine : Ann'Drah
◈ Localisation sur Rëa : Académie de Syal'Toor
◈ Magie : Magie Psychique : Endoctrinement
◈ Fiche personnage : Une Bougie sur l'Océan
◈ Crédit Avatar : Lady Elluna par Héléna Cnokaert

Héros
Thémis Aëhondariel

◈ Mer 26 Fév 2020 - 18:38

Histoire



Jardins du domaine Aëhondariel, Cité d’Ann’Drah.

« Les couteaux se faisaient méticuleusement aiguiser et les aiguës, produits des frottements entre les métaux s’envolaient et se répercutaient sur les murs de pierre grise assaillant tous les êtres présents dans la pièce. Froncements de sourcils agacés en opposition aux grimaces de  satisfaction exhibées sans retenue par un être sadique pour qui les proies emplies de peur se serrant les unes contre les autres, la lumière de l’espoir dans leurs iris éteinte, le teint blême et les yeux humides, étaient autant source de satisfaction personnelle que de contentement lié à un travail exemplairement accompli.
Le son des gouttelettes d’eau tombant sur la pierre résonnait dans la salle, sonnant à la façon d’une douce mélodie tentant de tout son possible de m’extirper de l’horreur dans laquelle la totalité de mon être était plongé. Le feu, joueur, donnait vie aux objets inanimés disposés çà et là, projetant des dizaines d’ombres difformes entraînées dans une danse morbide sur les parois des quatre larges murs de roche. Enveloppés dans la fraîche étreinte de la terre, à plusieurs dizaines de pieds de la surface, protégés de la morsure d’un soleil affamé et impitoyable dont la violence et l’avidité rare ne m’avaient été données d’observer que dans ce vaste désert de Rajdin à plusieurs centaines de lieues de mon pays natal, j’étais créée.

Les cris autour de moi sonnaient creux, étouffés et lointains alors que mes fesses et mon dos épousaient la forme du sol et du mur supportant tout le poids de mon malheur. Le temps défilait au ralenti comme si une entité cruelle souhaitait que ce moment ne passe pas, que je sois prise pour l’infini dans ce cauchemar où chaque seconde semblait pire que la précédente. La haine avait définitivement déserté mon âme et avec elle, l’instinct qui aurait pu me pousser à tenter me soustraire moi et ceux que j’aimais à la torture que nous subissions.
Mon sens du toucher s’absentait parfois pour ne revenir que par à-coups que je vivais comme un retour abrupt de la sensation disparue que j’étais en vie avant disparaître à nouveau de manière inexplicable  me laissant ainsi prisonnière d’un cycle infini dans lequel l’arbre ma volonté tombait en miettes sous les coups de hache avant de se redresser pour être mieux abattu la fois suivante. Le rugueux gantelet de maille qui me serrait la gorge égratignait et arrachait ma peau par endroits mais ne me provoquait pas la même douleur que l’imposante dextre poisseuse qui tirait ma crinière blanche, me poussant à  utiliser mes dernières forces pour tendre le cou. La main libre de l’étrangleur vint soudainement heurter le flanc gauche de ma face faisant violemment rencontrer à la droite la surface rocheuse à laquelle j’étais plaquée. Mon regard se posa alors instinctivement vers le fond de la salle où une femme aux yeux exorbités et larmoyants qu’il me semblait connaître, cachait les yeux du jeune garçon qu’elle serrait dans ses bras.
« Aaaah… Ne me regarde pas comme ça mère…  » chuchota une voix dans mon esprit avant que le sang – ou était-ce des larmes ? - ne bloque ma vision, m’obligeant du même coup à poser mes mires sur un autre point de la pièce.

Celles-ci se posèrent par hasard sur le visage de celui qui me surplombait. Mes iris de nacre rencontrèrent deux amandes violettes. Leur propriétaire stoppa alors tout mouvement, desserra l’étreinte sur ma gorge et nous nous fixâmes pendant un couple de secondes seulement mais qui me parurent durer une éternité. L’espace de cet échange, j’eus le sentiment que nous nous posions la même question lui et moi : « Pourquoi sommes-nous là ? »
Mais la créature caprine eut vite fait de renier ce lien qui s’était aussi promptement qu’inattendument créé en assenant un nouveau coup de gant ferreux à mon visage déjà boursouflé. Le goût du sang se répandit dans ma bouche et alors que je commençais à suffoquer sous le manque d’air et que mon corps tentait sans l’aide de ma volonté de dégager cette main puissante afin de libérer ma trachée, mon assaillant se déversa en moi. Sa dextre libéra mon encolure et mes poumons se remplirent à nouveau dans une inspiration violente tandis que je sentais les derniers sursauts de plaisir de la bête qui m’avait abusée.
Le monstre se releva prestement et pendant qu’il remettait en place ses frusques, ses perles violettes plongèrent dans mes iris une dernière fois avant qu’il ne tourne les talons. C’était la première fois que je croisais son espèce et il implanta un millier de questions en moi qu’il me tardait de résoudre alors que mon esprit ne savait que choisir entre fascination et dégoût.

Deux autres geôliers, le visage masqué, leurs formes camouflées par de larges vêtements, me traînèrent par les bras sur le sol froid et rugueux et remirent en cage. Ils emmenèrent alors la femme que j’avais aperçue plus tôt pendant qu’un troisième enferma l’enfant avec moi.
Celui-ci s’agenouilla précipitamment devant moi, secouant mon bras, appelant un nom que je ne pus reconnaître alors que je sombrais dans les abysses et dans les bras chaleureux et sécurisants du sommeil.
Dans ce monde noir, merveilleux, une frontière plus sombre que l’obscurité s’affichait à l’horizon. Cette couleur régalait les yeux et attirait inexorablement toute forme, toute sensation, toute substance tangible ou non vers elle. L’envie de la rejoindre était si forte que j’en oubliais la douleur et l’effroi me levant à toute vitesse, courant de toutes mes forces pour la rejoindre. J’allais l’attraper, la sentir, la goûter lorsqu’une lumière à l’éclat sans pareil me barra la route. Tout ce qui s’en dégageait était d’une splendeur infiniment plus magnifique, d’une chaleur immensément supérieure, d’une réalité tellement plus attirante. La douleur traversa mon corps à nouveau et je tombais au sol sous sa caresse, agrippant dans ma chute la douce lumière, véritable bouée dans la géante bleutée infinie du néant.
Mon œil, le valide, celui qui n’était pas enflé au point de lui-même s’aveugler, s’ouvrit sur le visage  inondé de larmes de mon frère.

- Céos… réussis-je à prononcer avec difficulté.

Un sursaut le parcouru et il s’écria tout en se noyant dans ses larmes :

- Thémis !

Il marqua un temps de pause, reniflant, frottant ses yeux tandis que je revenais peu à peu d’entre les morts.

- J’ai cru que tu ne te réveillerais jamais ! Et … Ils ont pris maman… et sont partis dans l’autre pièce. Je ne savais pas quoi faire, je pensais que tu étais morte …

J’interrompais sa tirade d’une caresse sur son adorable joue habituellement rose maintenant rougeâtre à cause d’une gifle de gantelet probablement. Après quelques secondes passées à inspecter la cellule, je trouvais une grande toile beige suffisamment grande pour cacher mon corps et nous envelopper tous les deux. Je fis signe à mon frère de venir se blottir contre moi et après quelques minutes à trembler, mes chants et mes caresses eurent raison de lui alors que commençaient son ascension vers le royaume des songes pareils aux cris glaçant que poussait mon propre sang dans la pièce voisine.

En me réveillant, la première chose qu’il me fut donné de voir, fut le cadavre de ma mère allongé sur le dos bouche ouvert, les yeux roulés vers l’arrière, le ventre gonflé par mon frère ou ma sœur  qui ne verrait jamais la lumière de la lune. Mon corps entier tressaillit seul un cri silencieux m’échappa alors que je tentais de ne pas réveiller Céos. Je tendis la main pour saisir la sienne mais la reculais violemment dès le premier contact. Elle était glacée. De larges traces de doigts parcourant son cou et ses yeux injectés de sang expliquaient la cause de sa mort.

Soudain le son d’une porte défoncée parvint à mes oreilles ainsi que celui de nombreux pas se hâtant de rejoindre cette pièce. Par réflexe, j’enroulais le corps de mon petit frère qui se réveillait dans la grande toile qui nous couvrait tous deux et le cacha derrière moi. Une dizaine de soldats en armure de la garde d’élite Eressäe s’arrêtèrent devant la cellule et l’un d’entre eux hâla les autres de sa voix rauque : « Je les ai trouvé ! Seigneur Elëren ! ».
Entendre le nom de mon père eut raison de mes dernières forces et je tombais à genoux devant l’entrée, comprenant que le cauchemar était fini, me moquant de la posture impudique dans laquelle tous ces hommes pouvaient à présent voir le génie de la famille Aëhondariel. »


Dans les somptueux jardins du domaine, la jeune femme rendait son sourire à la Lune. Assise sur une chaise de métal noir de jais agrémentée d’un oreiller, elle saisit la magnifique tasse de porcelaine dont la blancheur se comparait à celle de l’astre et la porta à ses lèvres en fermant les yeux. Elle sentit la chaleur de la boisson parcourir son buste avant même que sa délicieuse saveur ne frappe son cerveau. Elle laissa échapper un lourd soupir de contentement avant de reposer le petit récipient sur la nappe de tissu chaîné bleu et que ses délicieux iris d’or blanc ne se posent sur son ami qui n’avait plus prononcé un mot depuis l’ouverture du carnet.
Doran avala sa salive avec difficulté. Il ne savait désormais plus s’il avait eu raison d’interroger sa maîtresse à propos de son passé. Il masquait avec difficulté la gêne immense qu’il éprouvait et maudissait son avidité de connaissance. Ne sachant quoi dire, il referma le journal de sa maîtresse et porta à son tour une tasse de thé à ses lèvres.

- Et puis je suis tombée enceinte…

La Clair de Lune savait parfaitement où son suivant s’était arrêté de lire. Depuis la nuit sombre où aux portes de l’angoisse, caressant le doux rêve de pouvoir s’endormir, de laisser son corps s’enfoncer dans le moelleux du matelas et des oreillers, elle avait choisi ce carnet alors vide pour le voir devenir le réceptacle de ses peurs, les yeux de Thémis n’avaient eu de cesse de parcourir les pages noircies d’encre encore et encore, inlassablement, jusqu’à ce que la structure même des paragraphes ne soit pour elle qu’un basique schéma dont la simplicité le rendait inoubliable.

Cette fois-ci, le second s’étouffa clairement. La demoiselle lui lança un sourire amusé qui tranchait vraiment avec l’ambiance que l’abyssal sentait peser autour de lui. Dans un mouvement de panique il rouvrit alors le carnet et survola les pages suivantes, cherchant une preuve de ce que la jeune Eressäe venait de lui annoncer, refusant de croire cette dernière sur parole. Ses yeux frénétiques se figèrent enfin sur un point précis du journal. Il releva la tête tandis que Thémis reprenait son intense échange de regards avec l’astre de la nuit.

- Vous-vous… Vous avez porté l’enfant de cette bête ?

- Et je l’ai accouchée, acquiesça Thémis.

Le vieil abyssal n’en croyait pas ses oreilles. Il ne lui serait jamais venu à l’esprit que la vie de sa maîtresse puisse être tant tachetée de sang et imprégnée de désespoir et quand bien même la question lui brûlait la langue, par respect pour cette dernière, il ne demanda pas ce qu’il était advenu de l’enfant cependant, il comprenait désormais beaucoup de choses.

- Vraiment… ce mois de Ranh soixante-trois aura changé bien des choses… lança la noble d’un ton nostalgique. Il n’en a pas toujours été ainsi tu sais ? Ma vie était bien différente avant ce jour… bien différente…

Sentant la jeune noble replonger – comme à son habitude à vrai dire – dans ce monde mystérieux dont elle semblait être la seule à posséder la clé, Doran fixa quelques instants le journal à la couverture de riche cuir gravé et bien que submergé par la honte en sentant que son désir de connaissance n’avait pas été altéré par les dernières découvertes, il entreprit de rouvrir l’œuvre de sa maîtresse.

« La maison  Aëhondariel est proche de la royauté d’Ann’Drah depuis des millénaires. La noblesse nous est donc propre comme la mer est au poisson et les cieux aux oiseaux.  
Fort de cette condition favorable, les membres de cette famille ont toujours souhaité préserver ce statut afin d’honorer la mémoire de nos ancêtres et leur sagesse. L’éducation au sein de la famille est donc parmi les plus exigeantes du pays, souvent supérieur à celle de la famille royale car nous nous destinons à les conseiller, à diriger à leurs côtés ou à leur apporter les connaissances qui leur font défaut.
J’étais donc, dans mon enfance, partagée entre la tranquillité et l’amour que m’offraient mes proches et le poids des attentes de l’ensemble du pays. Après tout j’étais l’aînée d’Elëren  Aëhondariel : la tête pensante du Haut Conseil d’Ann’Drah et confident et ami du précédent et de l’actuel Roi de l’île du croissant de Lune.
Mon éducation fut donc parmi les plus rudes et abrutissantes que notre généalogie ait connue car en plus d’être la première enfant d’un tel génie, la condition physique de ma mère inquiétait et beaucoup se demandaient si elle serait capable d’enfanter à nouveau. Pour remédier à ce problème mon père insista pour que j’ai une éducation complète en dépit de mon genre. J’eus donc autant de cours sur les manières dignes d’une jeune reine que de classes dignes des garçons destinés à la Haute Garde.
Fort heureusement pour moi en plus de l’accompagnement exemplaire dont je jouissais, j’avais visiblement hérité du meilleur de mes prédécesseurs. Avide de connaissance, je trouvais succès dans chaque matière au prix d’efforts considérables. J’appris très rapidement à optimiser mon temps, à gérer mon énergie, organiser mes tâches et réussir devint bientôt naturel pour moi.
Après quelques années, mes talents finirent de se confirmer très notamment en linguistique, stratégie militaire ainsi que dans l’étude des arts politiques et malgré un physique à peine meilleur que la moyenne, mon talent à l’épée satisfaisait grandement mon père. Bientôt, les bruits de couloir furent légion et les familles nobles ne parlèrent rapidement plus que du nouveau prodige de la grande lignée Aëhondariel.
À cette époque, rien ne me faisait plus plaisir que de voir la joie de mes parents devant mon succès. Et protéger cet aspect de notre famille était la source de ma motivation me permettant de soutenir le poids des attentes placées sur mes épaules jusqu’à les surpasser.

À l'aube de mes neuf ans, mon père n’emmena pour la première fois avec lui à la cité engloutie. Le concept même d’une ville sous-marine m’émerveillait et chaque fois que j’oubliais puis me souvenais d’où je me trouvais, je ne pouvais m’empêcher de sourire bêtement. La protection de notre gardienne bleutée me rassurait et la cité engloutie me semblait de ce fait, être une forteresse imprenable.
Le palais de la cité était une construction impressionnante qui n’avait pas à souffrir de la comparaison avec son frère de la surface. La découverte de ce nouveau cadre était extrêmement rafraîchissante et mon père avait moult peine à restreindre ma curiosité.

C’est dans cette immense bâtisse que je fis la connaissance de Lorel Syal'Telar, souverain de la cité. Étudiant la politique et la sociologie, j’avais souvent entendu de mes précepteurs les différences les plus notables entre nous et nos cousins de la mer : leur manque d’empathie, leur plus forte proportion à la violence, leur air froid et intransigeant.
Le Souverain lui, tranchait complètement avec tout ce que j’avais imaginé. Lorsque mon père l’interpella dans les jardins royaux, Lorel lui répondit avec un sourire chaud et rassurant. Tandis que les deux hommes échangeaient des politesses, je ne pouvais m’empêcher d’observer, cachée derrière les larges atours de mon père, ce grand Atlante au teint sombre, bleuté qui dégageait une aura argentée. Sa présence imposait le respect et son physique avantageux réclamait l’admiration. Soudain ses prunelles diaprées de bleu se posent sur mon visage.

- Eh bien Elëren ? Quelle est donc cette ravissante créature qui se cache dans tes jambes ?


Il s’abaissa et s’accroupit pour réduire sa dominance. Père me donna un petit coup de hanche qui m’invitait à me présenter. Intimidée, mais fidèle à mon éducation, je m’écartais de la sécurité familiale, plantais mes pieds bien droits dans le sol face au souverain et fit la plus belle révérence dont j’étais capable en énonçant calmement :

- Je suis honorée de pouvoir faire votre connaissance Majesté, je m’appelle Thémis Aëhondariel, je vous remercie de nous permettre de pouvoir visiter votre magnifique cité.


Le Roi des Abysses eut un moment d’hésitation durant lequel mon père éclata de rire. Je regardais mes sandales de cuir, le visage écarlate. Avais-je fait quelque chose de mal ?
Lorel lâcha un petit rire cristallin à son tour :

- Quel sot ! Moi qui pensais rencontrer une enfant ! Mais c’est une véritable demoiselle que tu as invitée chez moi Elëren.

Il se redressa du haut de ses six pieds de haut. Et se présenta avec toute la grâce qui était sienne en se courbant légèrement en avant. Aujourd’hui encore, mon père me raconte les souvenirs qu’il a de cette journée il ne manque jamais de  mentionner mes yeux pétillants d’admiration qui se refusaient à lâcher le monarque.

J’ai par la suite passé nombre de journées en compagnie de Lorel. Avec mes obligations et les siennes et bien qu’ils étaient peu, je lui consacrais chaque moment de temps libre que nous avions en commun.
Toutes nos discussions étaient intéressantes et je ne me lassais jamais de l’entendre raconter des histoires sur les Valdurs ou vanter leurs mérites. Il m’apprit la curiosité, la compréhension. Il m’apprit à m’intéresser aux autres races, à leurs techniques archaïques que notre société semblait avoir oublié malgré leur potentiel, il élargit mon horizon au-delà des parois blanches de notre manoir, au-delà des falaises à pic rocailleuses, abruptes frontières de nos contrées isolées par l’eau, et au-delà de cette dernière qui me semblait être un désert infranchissable nous séparant des nombreux autres continents qui peuplaient le monde.

Les années passèrent et je devins une adulte. Je choisis la voie que mon père souhaitait le plus me voir arpenter et me consacra à mes études afin d’être prête à un jour prendre sa place aux côtés du prochain souverain.
Mon emploi du temps était indécemment rempli et mes visites à Eressa étaient devenues plus que rarissimes. J’enchaînais pourtant sans me plaindre toutes les matières qu’il me fallait explorer. De la linguistique à la politique et la diplomatie en passant par la stratégie militaire et l’histoire des peuples, on peut dire que les trente premières années de ma vie me parurent passer en un éclair.

Mère n’était d’ailleurs pas satisfaite de la façon dont se passaient les choses et je la vis même pour la première fois s’emporter auprès de mon père, clamant que ce dernier allait me détruire s’il n’envisageait pas de lâcher la corde.
Suite à cette fâcheuse entrevue, ce dernier avait allégé ma charge de travail et m’avait, sous les conseils du souverain d’Eressa, fourni une éducation artistique complète qui comprenait principalement le théâtre qui devint rapidement pour moi plus qu’une simple activité amusante, la peinture et la harpe.  
Cette contestation de ma mère fit commencer une douce période où nous devinrent inséparables.

Alors que mes obligations d’héritières et sa faible constitution physique nous avaient tenu éloignées l’une de l’autre pendant tant d’années, nous commençâmes à tout faire ensemble. Je me souviens si clairement de nos discussions, moi au pied de son lit tandis qu’elle peignait les plus somptueuses toiles que j’ai pu jusqu’à aujourd’hui observer.
Elle arborait alors ce sourire qui emplissait mon ventre de papillons au point de me demander comment il m’avait été possible de vivre sans pendant tant d’années. Ëadrin Aëhondariel semblait avoir réponse à toutes mes questions sans exception, toujours avec la même légèreté quel que soit le sujet, comme si elle avait tout vécu, tout vu, tout appris.
Les mois où elle était suffisamment en forme pour le faire, elle m’emmenait toujours avec elle en Rajdin, à Dehernatbi car, à l’image du souverain des abysses, elle aussi entretenait une relation spéciale avec les valdurs et plus particulièrement les Sharda du Sud qu’elle considérait (avec les Villileärs) comme : « Les créatures les plus pures et fascinantes enfantées par Rëa ».

Cette sensation de libération lorsqu’elle m’avait proposé de faire ce voyage pour la première fois. Je n’envisageais pourtant à ce moment même plus la possibilité de sortir au-delà des limites territoriales cependant, du haut de mes trente-deux ans, cette opportunité d’explorer le monde fit instantanément revenir d’outre-tombe mon âme d’enfant.

Lorsque enfin je posais mes sandales sur le sable des côtes, je ne parvenais pas à me contenir. Tout était source d’émerveillement. Le ciel, le sol, la température, l’apparence troublante des nombreux oiseaux dont je n’avais eu une description que dans des livres, les étranges tenues des soldats, des serviteurs et des guides dépêchés par la Cité des Sables pour nous accueillir, l’obscurité de leur peau si belle qui contrastait tant avec la nôtre et restait pourtant si magnifique. Je voulais tout connaître d’eux, de cet endroit de leurs coutumes, de leurs rêves. Je revins à la réalité lorsque, alors que le frisson de plaisir procuré par la découverte et l’inconnu me parcourait toujours, ma mère s’avança de quelques pas et reçut de nos hôtes une série de révérences tant respectueuses que sincères, exprimant une gratitude et une vénération des plus religieuses.
Je restais un instant bouche bée, ne comprenant pas ce qui pouvait justifier un tel respect dans le cœur de ceux qui n’étaient encore pour moi, que des inconnus. Alors que j’allais questionner Mère, un Saa habillé de vêtements magnifiquement tissés et brodés par un artisan au talent évident, s’approcha et tout en s’inclinant s’adressa à ma mère dans un Eressae parfait :

- Dame Ëadrin, enfin ! C’est un plaisir de vous accueillir à nouveau. Votre absence sur nos terres aura été ressentit par la cité de Dehernatbi comme une grande période de disète.

L’Eressäe émit un petit rire cristallin en couvrant sa bouche du bout des doigts et répondit :

- Sahyam, vous êtes devenu un bien beau parleur depuis ma dernière visite.


L’homme, s’inclina de nouveau humblement un petit sourire aux lèvres :

- Grâce à votre enseignement madame.


Mère lui souris tendrement, se retourna vers moi, glissa sa dextre dans mon dos et me rapprocha d’elle d’un geste doux et fluide :

- Ma joie de revenir en ces lieux fait écho à la vôtre soyez en assurez. D’autant qu’aujourd’hui je ne suis pas venu seule. Sahyam, voici Thémis, ma fille.

Elle m’adressa un petit regard malicieux m’invitant à saluer le Valdur. Surprise, je m’inclinais spontanément tandis qu’un murmure parcourrait l’assemblée de Saas. Le dénommé Sahyam y mit fin d’un geste de la main bien que son propre visage soit aussi marqué du sceau de l’étonnement. Pris au dépourvu, il lui fallut quelques instants pour se reprendre :

- De mon vivant, je n’aurais jamais cru avoir l’honneur de faire la rencontre de votre descendance Ëadrin. Ma chère demoiselle, continua-t-il, c’est un véritable honneur de vous accueillir sur nos terres. Venez, dirigeons-nous au palais, votre arrivée sera fêtée par toute la cité.

Je chérirais les moments passés avec ma mère en ces lieux jusqu’à la fin de ma vie mais même au-delà de cette relation exquise que nous partagions alors, les liens que j’ai pu tisser avec le peuple Saa sont aussi précieux si ce n’est plus que ceux tissés avec les membres de ma propre race. Dehernatbi me semblait être une sorte de paradis sur terre, un pays bénit des esprits en lesquels les habitants croyaient tant par sa richesse en tant que lieu que par la richesse de ses habitants. Pas une richesse matérielle non ! Mais une richesse d’âme, une gentillesse, une simplicité, une empathie, une envie d’apprendre, de comprendre et pourtant le savoir nécessaire pour garder en mémoire que la seule chose qui devrait à tous nous importer, est de passer du temps auprès de ceux que l’on aime.

À notre retour de ce premier voyage, je me sentais changée et décidais de modifier la manière dont j’avais pris ma vie en main tout en restant conforme aux attentes de Père. J’avais appris à observer le monde qui m’entourait et obtenu l’envie de l’améliorer. Cette particularité fut d’ailleurs remarquée par un membre du haut conseil d’Ann’Drah qui me prit pour assistante une fois toutes mes études terminées quelques décennies plus tard. Ultimement, j’ai rejoint moi aussile haut conseil lorsque notre Roi, Silairye Tel'Syar monta sur le trône vacant de son père et je devins sa conseillère personnelle et son amie tout comme nos parents l’étaient avant nous et je pensais que les choses resteraient ainsi pendant des siècles, mon parcours dessiné et immuable. »



- Jusqu’à ce fameux jour… laissa échapper l’abyssal au milieu de sa lecture.

Gêné, il relava la tête pour observer la réaction de sa maîtresse mais celle-ci avait toujours les yeux plongés dans la profondeur infinie du ciel. Un sourire plus large apparaissait alors sur son visage, laissant entrevoir ses dents blanches à la lumière du plus proche des rares lampadaires des jardins. Doran nota se léger changement avant de se replonger dans les mémoires de la Clair de Lune.

« Lorel Syal'Telar avait toujours été un abyssal atypique. Sa volonté d’ouvrir les frontières de notre petit monde aux peuples extérieur fut tant incomprise que mal reçue par la majorité de notre espèce bien que les deux souverains soient en grande partie d’accord sur le sujet et soutenus par de grandes familles telles que la nôtre. Les artefacts étaient l’avantage de notre peuple sur l’entièreté de Rëa et abandonner cet avantage sonnait la fin de notre civilisation dans l’esprit du peuple et des élites. »

- L’Usurpateur profita à merveille de cette opinion publique, murmura inconsciemment le suivant.

- Doran ? Tu parles encore tout seul.

Les joues habituellement d’un bleu foncé de l’abyssal se teintèrent de rouge alors qu’il tournait la tête en toute hâte vers la jeune femme.
Thémis lâcha un petit rire. Taquiner son second était l’une des rares choses qui pouvaient encore la faire rire et elle ne s’en privait pas. À force de jouer des rôles, celle-ci avait maintenant égaré sa vraie personnalité depuis longtemps et ces instants reposants dans les jardins fleuris du domaine, à l’ombre des saules baignant dans la lumière immaculée de l’astre nocturne, lui semblaient être les seuls véritables moments de bonheur depuis bien des années.
Une bourrasque, rugissement d’un hiver d’une fraîcheur rare, s’abattit sur les jardins. La conseillère eut un frisson qui la parcouru de bas en haut avant que son vieil ami ne dépose son châle sur ses épaules. Celui-ci affichait comme à son habitude un air bougon, rustre qui tentaient de masquer la gentillesse dont il savait constamment faire preuve, cette même gentillesse qui rappelait à la Clair de Lune son oncle disparu et ramenait à la surface de sa mémoire les souvenirs les plus sucrés.
Ceci fait et cette fois sans la présence d’une gêne éradiquée par la curiosité, Doran se rassit et reprit avec un air à la fois grave mais surtout témoin d’un grand sérieux sa lecture.

« La rébellion contre Lorel mais surtout l’acceptation de sa destitution par le peuple mit toutes les parties ayant soutenu l’ancien monarque dans une position fort dangereuse et nous le savions. Aedran Dyr ne crut pas à la mort de son rival et la cité engloutie rentra dans une période trouble où le nouveau souverain devait conserver une façade afin de garder le pouvoir mais ne pouvait se permettre de rester passif.
Tous ceux qui véhiculaient les idées de Lorel étaient pour lui des ennemis de grande importance, des obstacles à la souveraineté des Eressäe sur le monde et ses actions étaient autant vives que sans pitié. Tous les proches de l’ancien roi furent massacrés. Les femmes, les enfants, les vieux, ceux qui n’avaient qu’un vague lien comme les plus proches de l’abyssal disparurent en peu de temps. À ma connaissance, il ne reste pour se souvenir de Lorel que mon père, moi et son propre cousin, notre roi.
Bien évidemment Aedran Dyr aurait donné cher pour nous voir disparaître également mais nous étions hors d’atteintes de son pouvoir. Silairye Tel'Syar était un monarque et donc évidemment intouchable et ma famille n’était pas sur son territoire et trop proche de la royauté d’Ann’Drah de toutes façons. Du moins je le pensais à l’époque…

Père fut maladroit. Après quatre années passées depuis la disparition de Lorel, il avait sûrement cru pouvoir à nouveau affirmer sa position sur la question de l’échange avec l’extérieur mais ses conversations avec notre souverain ne tombèrent pas dans les bonnes oreilles. Sûrement une taupe au conseil, toujours est-il que ces propos parvinrent aux oreilles d’Aedran Dyr, ce qui résultera plus tard, à notre enlèvement.
Notre erreur fut de nous croire inattaquables. Était-ce la fierté ou l’arrogance de la lignée Aëhondariel qui nous y poussa ? Sûrement. Toujours est-il que l’Usurpateur avait parfaitement placé tous ses pions et tandis que nous vivions une vie dont la sécurité nous avait fait oublier le concept même de danger, le roi de la cité engloutie restait à l’affût du moindre pas de côté que nous faisions et alors que mère et moi-même nous rendions pour une énième fois au pays des sables chaud qu’était Saan Met et pour la première fois avec mon jeune frère, nous ne vîmes cette fois pas les côtes. »



Doran sauta de son fauteuil les yeux rouges de haine. Surprise par sa levée, la conseillère se retourna mais il ne dit mot. Il se contenta de la regarder, cherchant ce qu’il pourrait y avoir de mieux à dire, ce qui pourrait l’apaiser. Lâchant un soupir maudissant son manque d’éloquence, il prit la main de sa maîtresse dans un mouvement lent et fluide que cette dernière vu venir mais n’évita pas et en profita pour poser sans lâcher sa dextre, son front sur le poitrail du guerrier :

-Eh bien soldat ? Je vous trouve bien audacieux ce soir… Je ne suis pas sur de bien interpréter votre compassion.

Dans un sursaut de lucidité, réalisant son insolence il tenta de se retirer, chose qu’elle ne lui permit pas.

- Non reste. Laisse-moi profiter encore un peu de ces seuls instants où mon être accepte d’exhiber la faiblesse qu’il renferme.

Ces quelques mots flattèrent largement l’ego ce celui à qui ils étaient adressés.

- Je suis honoré que vous ayez choisi de me confier ce moment madame.

Ils restèrent ainsi quelques secondes avant que la noble ne se retire et ne s’éloigne quelque peu de lui pour se pencher sur les fleurs du jardin.


- Je sais quelle est la question qui occupe ton esprit, lança-t-elle en caressant les pétales du revers de la main. Les pages suivantes y répondront.

L’abyssal serra les poings. Il n’aimait pas être prévisible, encore moins dans ce genre de situation. Il resta quelques instants debout derrière elle à chercher quelque chose à répondre, cependant après un moment de silence et réalisant que l’attention de sa maîtresse n’était déjà plus sur lui, il ne fit qu’émettre un petit soupir abdicataire et se dirigea vers le banc afin de reprendre son activité.

« Après que père et la haute garde nous ai retrouvé dans cette cellule, dans l’état misérable dans lequel je me trouvais, je suis resté en état de choc pendant plusieurs semaines. De retour en Eressa, mon père convoqua les meilleures médecins du royaume afin de m’examiner. Il ne leur fallut pas longtemps avant de se rendre compte que j’étais enceinte. Ce fut la rage dans laquelle entra mon père ce jour-là qui me réveilla totalement. Il arborait alors un visage que je ne lui connaissais pas, menaçait les médecins pour qu’ils réorganisent une série de tests, proférait moult insultes envers ceux qui avaient pris sa femme, abusé sa fille et battu son fils.
Ma rééducation prit beaucoup de temps pendant lequel Père refusa de me parler. La décision que j’avais prise de garder la vie qui grandissait en moi l’avait fait entrer dans une colère plus grande encore que toutes les précédentes et il n’arrivait pas à comprendre comment ce choix avait-il pu m’apparaître comme le bon. Pendant les neuf mois suivants, il évita mon chemin, passant le plus clair de son temps en dehors du conseil à se recueillir sur le mémorial érigé pour ma mère dans les jardins du palais, à faire vivre l’enfer à Céos qui subit alors soudainement une pression semblable à celle que j’avais eu étant enfant et à noyer sa tristesse dans des vins dispendieux chaque nuit que la Lune éclairait.

Je ne me souviens pas de mon accouchement. Les médecins m’expliquèrent qu’il leur fallait m’ouvrir le ventre car l’enfant ne se présentait pas bien et ils me plongèrent dans un profond sommeil à l’aide d’un anesthésiant particulièrement puissant.
Quand j’eus enfin quitté les bras d’un Morphée trop insistant, la couche à mes côtés était vide. La panique m’envahit et malgré la faiblesse, je m’assis afin de balayer du regard tout endroit de la pièce. Ne trouvant rien, je me levais avec difficulté quand ma main gauche apposée sur mon ventre remarqua du toucher un relief méconnu. Je baissais les yeux pour observer la longue cicatrice qui me séparait le bas du ventre en deux flancs distincts.
La porte s’ouvrit pour faire entrer Elëren Aëhondariel dans toute sa grandeur.

- Où est-il ? Réponds !  Lui criais-je

Lui stoïque, le regard froid encore empreint de résidus de colère répondit à l’injonction sans broncher, sans qu’aucun sursaut de honte ne vienne ternir sa voix souveraine qui violenta mon esprit tel un coup de marteau sur ma tempe :

- Je m’en suis débarrassé. Pour notre bien à tous.

Encore aujourd’hui, je ne pense pas pouvoir expliquer avec les mots de notre vocabulaire le vide que j’ai ressenti à cet instant. Ces quelques simples mots me plongèrent dans un espace gris, infini et dépourvu de l’obscurité séduisante et de la lumière salvatrice que j’avais rencontrées en songe ce jour de Ranh neuf petits mois auparavant.
Mon cœur pesait alors si lourd que j’eus l’impression qu’il allait me traverser sous le poids de la gravité. Je manquais d’air, cherchais mes mots avant de tenter de me ruer vers la sortie de la chambre. Mon père m’en empêcha mais me rappela du même coup, son existence.  

J’ai passé les heures suivantes à le frapper, à l’insulter, à lui demander où était mon enfant sur tous les tons, passant allègrement de la menace aux supplications, du chantage au mensonge, de la culpabilisation à l’excuse. Sa silhouette droite, ne faiblissait pas. Il restait juste là devant la porte à encaisser mes coups et mes mots ne trahissant sa simili-insensibilité que dans les larmes que ses yeux déversaient sur le sol sans son accord.
L’épuisement eut raison de moi avant que je n’ai raison de lui et je sombrais une fois de plus dans un profond sommeil.
À mon réveil, la chambre était déserte de même que la petite couche à taille de nourrisson. Je n’eus honnêtement besoin que de quelques secondes pour me lever briser le miroir au fond de la pièce et caler la plus grande pièce de verre sous ma gorge. Allais-je vraiment le faire ? Je ne saurais dire…
Alertées par le bruit, deux gouvernantes entrèrent dans la chambre. Leurs yeux horrifiés se posèrent sur le débris de glace collé à ma trachée et elle appelèrent à l’aide. Père entra à son tour et posa ses mires argentées contrastant avec le visage d’homme en passe de mourir qu’il arborait avant de me hurler :

- Elle n’est pas morte !

Un instant d’hésitation. Père mentait-il pour sauver ma vie ou disait-il la vérité ? Et puis « Elle » ?
Mon bébé était une fille ?
Cet arrêt momentané permis à mon géniteur de me saisir le bras et de m’enlever des mains le morceau de verre brisé avant de fondre en larmes comme je ne l’avais jamais vu le faire :

- Je t’en supplie Thémis, ne me fait pas ça ! Je ne survivrais pas à la perte d’un autre d’entre vous… Je n’ai pas pu la tuer… Elle avait ton sourire, tes joues roses et les prémices de tes cheveux blancs. Je l’ai éloigné de l’île, confiée à quelqu’un de confiance mais promets-moi Thémis… Promets-moi que tu ne partiras pas à sa recherche. Tu  mettrais à la fois notre famille en danger mais aussi sa propre vie. Ce genre de métissage ne sera jamais accepté par la cour, même  Silairye Tel'Syar ne pourra rien pour toi si cela venait à se savoir ! »



Doran referma définitivement le carnet pour la soirée mais s’il savait qu’il était temps, malgré le manque de sommeil, de s'atteler au première tâches de ce qu'il savait être une triste journée, il aurait tout de même souhaité pouvoir fouiller un peu plus longtemps dans cette mine d’informations, ce sanctuaire privé des pensées de cette dernière. Cependant l’heure n’était plus à la curiosité. L’arrivée imminente du soleil était annoncée par la teinte bleu barbeau dont le ciel c’était  discrètement vêtu. La sœur nocturne de l’astre doré, disparaissait peu à peu à l’horizon au grand désespoir de la noble dont l’expression enjouée et le visage gai étaient à présent troqués contre la façade de glace que le monde la voyait la plupart du temps exhiber.
Le suivant observait en silence les changements tant physiques que psychologiques de la Clair de Lune. Sa posture, sa tête haute regardant fièrement droit devant ne semblant devoir ployer devant rien de connu, l’aura tout entière de cet être qui donnait pourtant l’impression quelques minutes plus tôt d’être plus vulnérable qu’un enfant face à une armée donna des frissons à l’abyssal. Même sa voix lui sembla changée lorsqu’elle prit la parole :

- Ne soyons pas en retard, allons-y.

- Bien madame !

Le second avait répondu fort et en s’inclinant expressément, comme il se devait de le faire devant sa supérieure militaire et avait exécuté cela sans y prêter plus d’attention, il savait qu’il ne s’agissait pas là d’un jeu ou d’un rôle interprété par la jeune femme, il avait en face de lui l’autre Thémis. Celle que la plupart des gens connaissaient, celle dont la force de caractère, le comportement et le charisme forçaient l’admiration. Celle qui se réveillait lorsqu’il était temps de cesser les enfantillages et les rêveries et qu’il fallait prendre des décisions importantes. Pour la conseillère en revanche, une seule chose avait changé : les couleurs de son monde avaient disparu avec la nuit, la laissant seule dans un univers grisâtre que l’étoile du jour ne parvenait pas à colorer de sa pourtant si lumineuse aura et dont seule le temps pourrait éventuellement l’extraire.

Ils sortirent des jardins et commencèrent à gravir les marches de l’escalier extérieur qui entourait le bâtiment principal du manoir, lui sur ses talons. Les domestiques s’agitaient déjà et le duo en rencontra quelques-uns dans les marches dont certains qui ne manquèrent que de peu de chuter, pris par leurs corvées matinales et ne s’attendant pas à devoir saluer leur maîtresse en ces lieux.  Thémis les invitait d’un simple geste de la main à ne pas se préoccuper d’elle et à reprendre leurs tâches. Ils traversèrent ensuite le couloir central. Celui-ci coupait le manoir en deux parties égales et symétriques : celle d’habitation et celle réservée aux travaux, aux réunions et aux réceptions. De part et d’autre de cet immense corridor, étaient accrochés nombres de portraits peints des ancêtres de famille Aëhondariel. Comme à son habitude, à chaque début de journée, l’aînée s’arrêta devant le portrait de la femme qui l’avait mise au monde, joignant les mains et offrant à cette dernière une courte prière en silence avant de reprendre son chemin plus froide qu’auparavant.
Devant la grande double porte de la salle à manger, la conseillère lança un regard par-dessus son épaule dans le but de démettre son suivant de ses fonctions pour quelques-temps. Celui-ci s’inclina de nouveau et attendit que sa maîtresse ait disparu pour se diriger d’un pas lent et fatigué vers les cuisines.

Le cliquetis du mécanisme de la porte fit tourner la tête au patriarche qui observa, déjà attablé, l’entrée de son aînée dans la pièce. Celle-ci arborait un sourire sincère à l’intention de ce dernier et fit quelques pas vers lui avant de déposer un tendre baiser sur sa tempe. Elëren lui rendit son sourire  tout en la regardant s’installer sur le siège en face de lui.
Le silence s’installa sans qu’aucun des deux n’ose lancer de conversation. Ils savaient qu’étant donné le thème de la journée, il serait mal venu de tenter de feindre l’insouciance ou au contraire de  commencer à eux seuls, le débat du jour. Ils en souperaient bien assez tôt.
Entre deux bouchées de petits pains, Thémis sentit les larmes monter :

- Père… Je suis dé…

Les pas de l’autre côté de la porte la coupèrent et elle s’efforça de contenir les perles salines qui menaçaient de couler le long de ses joues. Céos entra alors, la tête haute, dans une démarche fière, salua son père et sa sœur et s’installa à table sans rien remarquer. Gêné de ne pouvoir répondre à sa fille, Elëren préféra pourtant par respect pour elle, détourner la conversation sur le benjamin.

- Mon fils ! Comment te sens-tu ?

- Nerveux père, enchaîna Céos avec une maladresse feinte et une assurance dissimulée. J’espère prouver être à la hauteur du travail de Thémis.

La jeune femme sentait l’aura de fierté planant autour de son jeune frère et elle en connaissait la raison : il avait enfin une chance de la surpasser. Elle lui répondis cependant sans aucune arrière-pensée et avec toute sa gentillesse :

- Je sais que tu en es capable mon frère.

Ce compliment stoppa le jeune homme dans son élan et une grimace d’agacement vint brièvement noircir son visage avant que, finalement, il ne remercie sa sœur et que celle-ci ne finisse sa tasse puis ne quitte ses pairs afin de se préparer à la suite de cette douloureuse journée.





Recroquevillée dans la baignoire, la tête entre les jambes, la conseillère ne peut empêcher son esprit de chercher un sens à tout cela. De multiples voix internes au timbre macabre n’ont de cesse de lui démontrer l’inutilité de ses actions, l’insignifiance de sa résolution et font remonter un ras-de-marée de souvenirs que l’atlante tentait pourtant de garder sous scellés.
Mais elle ne s’apitoie pas sur son sort. Ce n’est d’ailleurs étrangement pas la peur qui l’envahi alors que, observant son propre reflet dans l’eau teintée de lait d’amande, elle sent le peigne de verre offert par sa mère caresser sa crinière d’argent, mais une rage intense.
Elle ne reçoit aucun confort de l‘attention chaleureuse que lui porte Nathalia, la jeune abyssale qui s’occupe avec sérieux du corps de sa maîtresse, cumulant silencieusement les allées et venues entre la baignoire et les étagères, choisissant avec soin les huiles, le savon, préparant déjà une série restreinte de tenues triées sur le volet qui, il lui semble, iront à merveille à la noble. L’assidue se retourne en entendant sa maîtresse sortir du récipient argenté, attrape à la volée une large serviette blanche sur le portant adjacent et, tout en fermant consciencieusement les yeux, elle dépose le linge sur les épaules de la conseillère avant de faire volte-face cependant, elle est retenue par le poignet par cette dernière :

- Nathalia, sèches-moi s’il te plaît.

Sa voix est lasse et lourde. La domestique, malgré son incompréhension, n’ose pas contredire une demande aussi exceptionnelle. Thémis ne  laisse pourtant plus aucune suivante regarder son corps et ce depuis plusieurs années. Elle prend ses bains avec le minimum d’assistance, se pare seule et congédie systématiquement les domestiques au moment de se changer.  Incertaine, l’abyssale hésite un peu avant que subitement, mystérieusement, le doute ne disparaisse de son esprit. Sa vue se trouble et elle se sent soudainement peu à peu basculer dans le néant comme désormais prise dans les griffes d’une ivresse sombre et destructrice aux origines inconnues. D’une démarche raide et décidée, son corps s’approche de la clair de lune comme empreint d’une conscience indépendante et commence à frotter le dos et à sécher les cheveux de la noble qui, dos à sa suivante et perdue dans ses graves pensées, ne remarque pas le changement de comportement de cette dernière. Les yeux regardant au-delà du tangible et de la matière, la conscience coincée entre deux mondes, elle ne pense plus et néglige ce qui était l'objet de sa curiosité il y a encore quelques secondes alors que la serviette passe et repasse sur les marques, les cicatrices et autres témoignages du passé inscrits dans la chair de la jeune Clair de Lune.
Elles restent ainsi pendant de longues minutes avant que, satisfaite, Thémis ne se retourne et ne remarque le visage pâle de son aide.
La pauvre abyssale est debout, droite et raide comme un pieu, la tête légèrement penchée vers l’arrière, la bouche entrouverte, les yeux vides et les veines du crâne saillantes. La stupeur fait disparaître les sombres pensées de l’Eressae entraînant du même coup l’annulation du sortilège. Les invisibles brins d’éther, s’échappent du crâne de la subjuguée par ses oreilles avant que celle-ci ne tombe au sol tel un corps dénué de force plus proche en cet instant du cadavre que de l’être vivant.
La noble appelle les gardes postés de l’autre côté de la porte qui se stoppent momentanément en trouvant leur maîtresse nue au milieu de la pièce mais sont vite ramenés à la gravité de la situation en voyant la jeune abyssale sans vie gisant sur le sol. Alors qu’ils l’emmènent et qu’une autre domestique vient déposer une longue pièce de tissu blanc pour couvrir la conseillère, Thémis la remercie fébrilement avant de lui demander de sortir et de la laisser seule. La porte claque. L’aînée Aëhondariel s’assoie à même la mosaïque, se prend la tête entre les mains et reste là, esseulée pendant de longues minutes.



Le son des jambières de métal frappant le sol de marbre blanc des couloirs du plais royal résonne dans tout le bâtiment. Le groupe avance à bonne allure à travers le corridor menant à la salle du trône avec à sa tête Thémis. Tous s’écartent sur leur passage, inclinant avec un respect certain la tête devant le noble cortège. Quelques murmures de surprise se font entendre et pour cause, l’aînée des enfants Aëhondariel est en tête de marche tandis que le patriarche la suit de près, un sourire aux lèvres et que le benjamin traîne derrière eux, plus proche de l’escorte de soldat que de ses pairs avec une moue légère et peu perceptible collée au visage.
La tenue de la conseillère est aussi source d’étonnement car elle a choisi de se présenter à son souverain en armure chose qu’elle ne fait habituellement que lorsqu’elle escorte ce dernier en dehors des terres.
L’ensemble de mailles, d’acier elfique argenté gravé, de lanières de cuir noires et d’ornements de dentelle bleu marine et de fils d’or amplifie le charisme déjà évident de la jeune femme. La main sur la garde de sa lame, la tête droite, l’air résolu, le regard plus froid que jamais, elle pénètre la grande salle et se présente devant son Roi. Les trois membres de la famille se détachent de leur escorte et s’agenouillent devant le dirigeant du pays et sa compagne. Le souverain les incite à se relever, ils s’exécutent. Le doyen du haut conseil d’Ann’Drah, Eressae unanimement respecté et Mentor de Thémis s’avance et explique la raison de la convocation bien que nul ne l’ignore :

- Bien, nous allons donc ouvrir la séance.

Il se racle la gorge, l’air triste et annonce :

- Tout d’abord je vous remercie tous de votre compréhension car elle aura rendu la tenue de cette séance simple et rapide.

Il s’incline devant le souverain puis devant la conseillère.

- Thémis Aëhondariel, second siège du haut conseil d’Ann’Drah, vous êtes convoquée aujourd’hui suite à la décision unanime dudit conseil de vous déchoir de votre titre et de votre fonction d’adjointe de notre souverain suite à la découverte des effets de la puissance que l’éther vous à confié. Je pense pouvoir vous remercier, au nom de tous, d’avoir accepté sans créer de complications cette triste décision afin de garantir la sécurité des décisionnaires du pays ainsi que de son personnage le plus important faisant ainsi plus qu’honneur à votre rang et à votre rôle de protectrice. Il a également été décidé que votre siège serait désormais occupé par Céos Aëhondariel que vous avez recommandé pour vous succéder. Cette décision prends effet immédiatement.

Le doyen invite d’un geste de main Céos, qui s’exécute sans rechigner, à rejoindre les autres conseillers siégeant sur les côtés de la salle, près des trônes avant de reprendre :

- Cependant…

Il marque un temps d’arrêt.

- Il a également été unanimement admis que perdre un élément central du gouvernement tel que vous serait une immense perte pour notre pays. En conséquence, il a été décidé de vous envoyer en mission à l’académie prochainement construite de Syal’Toor où vous aurez pour devoir, en plus d’apprendre à maîtriser votre don, de jouer le rôle d’ambassadrice, de liaison entre l’académie de notre pays et celle des autres continents. Nous compterons également sur des rapports réguliers où vous exprimerez votre avis concernant le niveau et la qualité de l’enseignement aussi bien chez nous que chez les autres races.

Les mots glissent sur l’armure de la déchue. Elle connaissait parfaitement le contenu de cette séance et n’y vois qu’une formalité administrative sans importance. D’ailleurs, elle n’écoute même pas. Son regard reste plongé dans celui de Silairye, de son roi, de l’enfant qu’elle a vu grandir pour maintenant l’abandonner en pleine période de troubles, là où il a le plus besoin d’elle. Elle s’en veut, elle s’inquiète et même si elle est confiante quant à la capacité de son frère en tant que remplaçant, elle a conscience que sa disparition à ses côtés sera pour le rois de l’île du croissant de lune, un handicap considérable.
Le Doyen se tait, il a fini son discours et lance une série de révérences reprise par toute l’assemblée envers l’ancienne conseillère. Thémis affiche un faux sourire et les remercie d’un geste de la main puis s’avance vers les trônes. Le roi comme son épouse, sont surpris de cette initiative alors que la noble détache le fourreau de son épée de sa ceinture pour ensuite la tendre au souverain en s’agenouillant :

- Garde la pour moi d’accord ? Je reviens vite. Sois sage et évite les ennuis Silairye.

Elle le chuchote. Seuls le Doyen, le Roi et la Reine l’entende. Le premier d’entre eux sourit tristement, le second, surpris se contente d’acquiescer d’un signe de tête et de prendre l’épée de sa dextre tremblante. La dernière elle, indignée par la familiarité dont la déchue ose faire preuve répond d’une voix audible de tous :

- Ne vous en faites pas ma chère, vous ne le laissez pas seul, je saurais combler le vide que vous laissez.

Agacée par cette réponse, l’ancienne conseillère ne peut s’empêcher de lancer un furtif et bref regard dédaigneux qui n’échappera pas à la souveraine, avant de se reprendre et de lancer à voix équivalente :

- Je n’émets aucun doute quant à la capacité de notre souverain à venir vous trouver la prochaine fois qu’un choix majeur décidant de la  sécurité du pays sera à prendre ma Reine.

L’ironie est marquée, l’irrespect est flagrant mais Silairye ne peut s’empêcher de sourire légèrement. La souveraine le remarque, boue de colère et d’indignation face à la réplique sarcastique et néglige de se retenir dans une ultime déclaration.

- J’espère que vous vous remettrez vite Thémis, il serait regrettable que la cour se voie priver d'un autre membre de votre famille.

Le manque de tact est volontaire, la cruauté, réelle. Les paroles de la Reine résonnent dans le crâne de la déchue qui, alors qu’elle entreprenait de s’éloigner de la famille royale, interrompt sa marche. Au fur et à mesure qu’elle pivote vers sa maladroite interlocutrice, un véritable poids se fait soudainement sentir dans l’air de la salle du trône. Un nuage passe devant le soleil dans le dos de l’adjointe, noircissant ses mires exorbitées alors que celles-ci plongent dans les iris de la souveraine. Soudain, le temps semble s’arrêter et tandis qu’à l’instar du reste de son être glacial, la dextre gantelée de Thémis s’approche lentement de la gorge de la Reine, Elëren et Silairye comprennent, trop tard… Incapables de bouger, incapables de respirer, comme tous les autres d’ailleurs devant l’improbabilité de cette scène, leur chair sourde aux appels de leur instinct les suppliant d’engager le mouvement nécessaire au sabotage du malheur qui apparaît désormais de plus en plus inévitable.
Seule la Souveraine semble pleinement consciente de ce qui est en train de se passer mais, tétanisée par les pupilles sombres portant en leur sein un néant aspirant jusqu’à la dernière goutte d’espoir de son âme, elle ne reste que simple spectatrice de la scène dont elle est pourtant le personnage principal tandis que de larges larmes perlent aux coins de ses yeux, menaçant d’envahir son visage raffiné.
Nul ne sait si une seconde où une minute vient de s’écouler alors que le Souverain de l’île du Croissant de Lune parvient enfin à lever la main pour intercepter celle de son adjointe maintenant si proche du cou délicat de sa femme. Capté par les iris glacés de l’aînée Aëhondariel, ce simple geste suffit à lui faire reprendre raison.
La tension dans l’air disparaît, le temps semble reprend son cours. L’ancienne conseillère saisit de sa main de maille, tout en s’agenouillant de nouveau, la paume délicate de la Souveraine avant de lancer d’une voix cristalline et joviale :

- Votre sollicitude me touche ma Reine mais ne vous en faites pas, j’aurais bien vite fait de maîtriser les secrets de l’éther qui m’habite et de revenir aux côtés de votre famille. Mon père et mon frère sauront prendre soin de vous, de votre mari et de vos enfants jusqu’à mon retour.

Ces mots ainsi prononcés et alors qu’elle s’éloigne devant les regards abasourdis de Silairye qui, comme s’il avait été interrompu au milieu de son mouvement, à les fesses décollées de son siège ainsi que celui des gardes dont la main s’est stoppé à quelques centimètres de leurs fourreaux, c’est la salle toute entière qui inspire à nouveau en réalisant soudainement le manque d’air dans leurs poumons.
Ainsi, dans le silence pesant aux allures de monstre invincible qui s’est installé, Céos se laisse tomber, les genoux tremblants et les dents claquantes dans le siège vacant de sa sœur alors que près de Silairye, Aneirin agrippe de ses dernières forces les accoudoirs de son trône sans se préoccuper des perles salines qui se déversent à présent sans retenue le long de ses joues. Près de la porte, les gardes baissent la tête, honteux, effrayés et Elëren, ne sachant où se mettre, serre ses mains dans son dos pour se retenir de suivre don enfant. Le Roi est le premier à briser l’absence de sonorité en mettant fin à la séance du conseil. L’assemblée se dissout alors, non sans garder en mémoire la terreur et la stupéfaction inspirée par haine, la douleur et la soif de sang qu’ils viennent tous de sentir émaner de l’une des plus grandes figures du pays.


Calim Al'Azran
◈ Missives : 2342

◈ Âge du Personnage : 82 ans
◈ Alignement : Loyal Bon
◈ Race : Valduris
◈ Ethnie : Sharda du Nord
◈ Origine : Al'Akhab - Siltamyr
◈ Magie : Aucune
◈ Fiche personnage : Calim
◈ Crédit Avatar : Old man with a cane By Igor Babailov

Conteur
Calim Al'Azran

◈ Lun 9 Mar 2020 - 17:20

Et c’est validéééé <3
Tu sais quoi faire

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