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Héléna Walkrain - Médecin & alchimiste itinérant

Héléna Walkrain
◈ Missives : 39

◈ Âge du Personnage : 27 ans
◈ Alignement : Neutre Bon
◈ Race : Ordhaleron
◈ Ethnie : Métisse
◈ Origine : Trouvée à la frontière Nord-Ouest de Kaerdum. Lieu de naissance inconnu à ce jour.
◈ Localisation sur Rëa : Académie de Waldrick/ Cour du Roi Harden Dévéra.
◈ Magie : ?
◈ Fiche personnage : La Sorcière Nomade
◈ Crédit Avatar : Sheep by Chelsea Sun

Héros
Héléna Walkrain

◈ Ven 10 Mai 2019 - 18:41


◈ Prénom :  Héléna
◈ Nom : Walkrain
◈ Sexe : Femme
◈ Âge : 27 Ans
◈ Née le : Second Jour du mois de Merä lors de l'an 64 de l'Ere des Rois.
◈ Race : Ordhaleron
◈ Ethnie : Dyjud
◈ Origine : Valdrek près de la frontière d'Heisenk
◈ Alignement : Neutre Bon
◈ Métier : Alchimiste itinérante
◈ Crédit avatar : Sheep by Chelsea Sun [url=https://www.artstation.com/artwork/1bgd3[/url]


Magie



Pouvoir rédigé par Calim
: Effet papillon :

Causalités et conséquences une sensation, celle de l’interconnexion. Il ne s’agit pas d’un pouvoir commun, ni même connu par le sacro-saint des plus puissantes magies de ce monde. Est-il possible que tout le savoir de l’univers puisse être su et permette ainsi à un céleste de connaître l’avenir ? Est-il possible qu’un don de l’Éther prenne sa source non pas dans un seul hôte, mais dans deux dont les destins seraient intimement liés ? Cette essence n’a pas de mots. Elle ressemblerait à s’y méprendre aux songes divinatoires, ceux qui lient passé, présent, et avenir, mais il n’en est rien. Car il s’agit d’une puissance psychique inédite : celle qui permet à l’oeil de devenir Oracle. Celle qui croise les fils observés par les devins. Celle qui soumet à ses savoirs le maillon, le chaînon manquant à toute équation. Helena est capable de savoir précisément de qui et de quels événements découleront d’autres, plus grands. Elle perçoit, seulement aux côtés de la maîtresse du destin, la pomme emplie de vers qui doit être coupée pour préserver l’arbre. Helena possède le don de l’effet papillon et peut tout autant saisir les mystères des causalités et des conséquences qu’agir elle-même, par actes qui sembleraient anodins, sur le microcosme dans lequel elle évolue. Déplacer un livre de quelques centimètres, un choix pouvant sembler sans effet, mais aux effets salvateurs ou ravageurs. D’instinct, Helena sait. Helena voit et tente de corriger les événements les plus tragiques en mêlant les pensées saisies par les nuées, en y observant les plus infimes détails, et en y intégrant le facteur du Probable. Malheureusement, son pouvoir ne peut être réellement utile et d’envergure qu’auprès de la maîtresse de l’espace et du temps. Ses actes et ses gestes, si loin de sa source, ne sont que les fragiles battements d’ailes d’un papillon qui ne deviendront que brise, et pas ouragan.


Forces & faiblesses


Forces

- Malgré le sang, malgré les cris, malgré les corps de ses proches étalés sur le sol se vidant de leur fluide vital, Héléna est toujours là. Elle n’a cédé ni au désespoir ni à la folie qui ont failli l’emporter et en a au contraire retiré de précieux enseignements qu’elle gardera près de son âme pour toujours afin de ne pas voir cette tragédie se reproduire.
- Voir à travers les desseins du destin lui-même permet d’avoir une véritable vue d’ensemble sur l’écoulement du temps, un talent dont Héléna jouit depuis le retour de la magie et son attention à toute chose fait d’elle une créature attentive qui n’agit jamais sans réfléchir aux conséquences de ses actes.
- Cohabiter avec des femmes aussi dures qu’Urd et Verda aura développé chez elle une certaine assurance face au commun des mortels et galvanisée par cette nouvelle confiance en elle, elle ne reculera pas devant des orateurs ou des auditeurs intimidants et n’hésitera jamais à défendre ses idées lors d’une joute verbale. Prendre les trois sorcières comme modèle et vivre selon leurs codes malgré son voyage est une décision qui témoigne du respect qu'Héléna éprouve pour ces dernières.
- Loyauté et Famille : deux mots sacrés pour Héléna. Elle ne trahira jamais un compagnon fidèle ou un ami et cherchera même à l’aider jusqu’à la limite de ses capacités. Cependant elle n’est pas naïve et sait que tout le monde ne respecte pas ces valeurs autant qu’elle.
- Une mémoire eidétique qui lui a toujours permis d'engranger les connaissances bien plus vite que la moyenne et de se souvenir des jours heureux et des gens qu'elle aimait.

Faiblesses

- Une faiblesse physique notable. Seule son apparence lui permet d’intimider car sa musculature n’est pas assez développée pour effrayer qui que ce soit sans parler de faire un effort physique trop prolongé…
- Être une femme en cet âge n’est déjà pas simple. Être un Ordhaleron en Ordanie quand on ne connait pas sa terre natale ou ses géniteurs c’est encore pire. Que se passe-t-il lorsque l’on cumule ces deux statuts ?
- Héléna est sortie avec succès de ce qu’elle appelle « le monde immobile ou intemporel » et pense l’avoir vaincu à jamais mais un événement particulièrement traumatisant pourrait l’y replonger et cette fois, elle pourrait bien y rester jusqu’au crépuscule des temps.
- Si sa mémoire est un plus pour l'apprentissage, il s'agit également d'une lame à double tranchant qui ne lui permet pas de supprimer de sa mémoire les instants de sa vie qu'elle aurait voulu faire disparaître dans les limbes de l'oubli.



Physique


Leïla Al-Masheudh à une conquête d’un soir, Siltamyr An 89 de l’Ère des Rois. a écrit: Héléna a toujours été la plus belle de nous deux. Déjà toute petite elle avait un visage d’ange un sourire qu’il était rare d’apercevoir mais si radieux, si vrai, qu’elle en devenait instantanément irrésistible… En grandissant ses cheveux sont vite devenus un bel assemblage de fils argentés reflétant davantage la lumière du soleil que n’importe quelle crinière d’or. Être une Ordhaleron n’aurait pourtant pas dû l’aider mais je te jure que ses longues oreilles à fourrure, ses cornes et ses pattes d’animal lui donnaient un charme particulier.
Je me souviens de ses petits yeux en amande qui se posaient sur tout et n’importe quoi lorsqu’elle était bébé, quand elle découvrait encore à peine le monde. Je me souviens de son air satisfait lorsque je tombais d’épuisement après mes gamineries et qu’elle pouvait venir poser la tête sur mon ventre et s’endormir sans risque d’être réveillée avant une bonne demi-heure. Je me souviens de sa peau blanche que je trouvais alors trop pâle, trop neige pour un peuple du sud. Je me souviens de tout cela tu vois ? Mais j’ai oublié tant de choses, tant de moments que je voudrais retrouver aujourd’hui… Ah ! Comme j’aurais aimé avoir sa mémoire ! 

Arion Van-Dorne à un client Raiendal An 86 de l’Ère des Rois. a écrit: Rencontrez-la et vous comprendrez, comment d’un simple regard, une créature mi-femme mi-animale a redonné vie à mon vieux cœur refroidi depuis pourtant tant d’années 

Héléna Walkrain, Pensées, An 79 de l’Ère des Rois. a écrit: Trop grande pour les Vreëns, trop petite pour les Ordhalerons. Trop de fourrure pour les Vreëns, trop peu de muscles pour les Ordhalerons. Il n’y a jamais eu de place pour mon histoire. Si j’étais née à Neya, je serais sûrement morte avant l’âge adulte mais ici, mes longues oreilles dérangent, le claquement de mes sabots de pierre noire sur les pavés dérange, mes yeux mauves dérangent, la couleur inhabituelle de mes cheveux dérange. Étrange dualité que voilà, aurais-je donc du mourir ? Ou ai-je fait le bon choix ? Ils ne me détestent pas personnellement, ils détestent ce que je représente et je n’ai plus la force de leur en vouloir… Mais cela ne fait pas disparaitre pour autant la douleur que procure le sentiment de ne pas avoir de place en ce monde. 


Caractère


Arion Van-Dorne à un autre client, Raiendal An 88 de l’Ère des Rois. a écrit:Pour elle, ce monde n’est pas bien différent d’un livre qu’elle peut dévorer pour se nourrir des savoirs qu’il contient. Chacun de nous est une page voyez-vous et il se peut qu’elle nous tourne sans plus y prêter d'attention après avoir enregistré toutes les informations que nous contenions mais nous ne disparaissons pas pour autant de son esprit. Elle nous utilise pour s’élever au-delà de tout ce qui tente de corrompre ce qu’il y a de beau en ce monde et souvent, nous y consentons.

C’est une fille calme, tantôt souriante, tantôt inexpressive, qui n’aime pas être lue par n’importe qui. D'un naturel très posé, elle aime les moments de vide ou elle peut apprécier un bon livre, la chaleur du soleil sur sa peau, le son de la pluie qui tombe sur la terre, la vue des places de marché grouillantes des grandes villes ou les sauts d’humeur de la mer.
La proximité avec la nature lui permet de se rassurer et de s'émerveiller à la vue d'une espèce animale ou végétale inconnue pour enfin passer des semaines à l’étudier afin de connaître ses moindres secrets.
Tant que la situation le permet, son altruisme et son empathie lui feront systématiquement aider ceux qui en auront le besoin mais jamais de manière trop étouffante et elle ne cache pas détester faire le travail à la place des autres. Elle préfère de loin enseigner et partager ses connaissances afin, qu'une fois partis, les gens puissent se débrouiller sans elle.

Le temps a passé depuis mais elle se reproche sûrement toujours ce qui est arrivé à sa famille, c’est pour cette raison qu’elle tente de se racheter en aidant le plus de monde possible, à moins que tout cela ne soit juste sa manière de voir les choses. Il est vrai qu’il s’agit là d’un bien noble but mais… Si elle persiste à toujours vouloir porter le monde sur ses épaules, alors le vieil homme que je suis à du souci à se faire. Car peu importe à quel point elle peut sembler impossible à briser, moi je sais bien que la prochaine horreur qui lui arrivera la détruira pour de bon. Ne vous méprenez pas, cette jeune femme est forte. Mais il existe certaines choses contre lesquelles on ne peut protéger son esprit.


Inventaire


- Une grande robe noire à capuche (fabriquée par Silke et elle-même).
- Une large ceinture de cuir où elle accroche divers objets dont certaines fioles utiles dans l’urgence (soin/poisons)
- Un grand sac d’apothicaire à deux étages (plantes et fioles) avec les équipements nécessaires (mortier etc)
- Une grande couverture en peau.
- Quelques silex, une dague, usée mais acérée parfaite pour le dépeçage et un arc court qu’elle garde caché, enroulé dans la couverture.
- Une gourde d’eau et quelques rations de viande séchée
- Une bourse contenant 45 brias


Histoire



Histoire :


Je me souviens… En cet instant déjà, la toile blanche de ma mémoire commençait à se noircir de souvenir indélébiles. Je vois très clairement cette paire d’yeux bleus se poser sur mon visage de nourrisson puis se détourner pour fouiller d’un regard attentif mais grave, chaque parcelle de mon petit corps tremblant de froid à peine enveloppé dans un fin linge gris. Un léger crachin venait alors orner le beau tableau floral dans lequel toute cette scène prenait place. Le vent violent, annonciateur de tempête, soufflait dans les herbes folles et la cime des rares arbres alentour. L’étranger me prit dans ses bras. Il se racla la gorge et annonça à ses compères : « Nous avons un nouveau membre » avant de me confier à deux femmes assises à l’arrière d’une vieille carriole qui, du fait de leur discussion, avait raté la nouvelle. « Prends soin d’elle Martha ». Celle qui répondit arborait un grand sourire en me voyant tandis que je vis sur le visage de sa voisine se mêler peur et dégoût. Mon apparence devait alors être déjà bien différente de celle des enfants Valduris, et compte tenu de l’histoire de nos peuples, je ne peux pas lui en vouloir d’avoir réagi ainsi.

Si certains avaient des réserves à mon égard, je fûs élevée comme n’importe quelle enfant et je dois dire que je n’eus jamais à me plaindre. Je marchais et parlais très tôt, ce qui ne m’aurait pas aidé si j’avais souhaité masquer ma différence. Par chance, cela m’était bien égal.

Martha Walkrain devint ma mère. Elle s’occupait de moi avec plaisir, sans jamais se plaindre et n’effaçait jamais de sa figure ce sourire chaud, rassurant et criant de sincérité. Cependant si elle était d’une gentillesse sans égal, les autres membres de la troupe n’étaient pas en reste et ceux qui se méfiaient de moi lorsque j’étais arrivée parmi eux, avaient bien vite refoulé ces sentiments. Ils m’apprirent beaucoup de ce que je sais aujourd’hui : lire, écrire, compter et conter, danser, et surtout chanter.  Car en effet, dès que je fus en âge de parler, les cours de chant débutèrent. Nous étions deux à apprendre avec Lisandra la chanteuse de la troupe. Ma camarade était Leïla, une fillette recueillie par le groupe très tôt elle aussi. Cette adorable créature était présente depuis plus de cinq ans déjà lorsque j’arrivais à mon tour et elle avait tout de suite tenu le rôle de grande sœur pour moi. Je remercie ma mémoire qui, encore aujourd’hui, me permet de revoir les nombreuses fois où elle venait s’asseoir sur les genoux de Martha au moment où celle-ci essayait de m’endormir. Sa curiosité et son activité incessante étaient déjà hilarantes à l’époque.
Si j’ai toujours été le calme et la réflexion, Leïla était un puits d’énergie qui me semblait sans fond. De l’aube au crépuscule, elle riait, courait, faisait des farces à tous ceux qui n’avaient pas développé un sixième sens indispensable au sabotage de ses espiègleries, pour finalement engloutir son repas en trois cuillerées et s’écrouler avec le poids d’un bœuf sur son lit. La joie de vivre dans toute sa splendeur et si elle aimait embêter gentiment les gens, elle était également toujours la première à s’inquiéter pour les autres fussent-ils malades, tristes ou simplement fatigués.

Son père Yusef (Al-muharib - le guerrier devenu Al-masheudh - le jongleur) n’étais pas son géniteur  cependant ils étaient ensemble lorsqu’ils intégrèrent la troupe. Un homme d’une bonne quarantaine d’années, grand, fort et charismatique. Il partageait avec la jeune enfant cette teinte de peau cuivrée et ces cheveux noirs corbeau typiques les Sharda du Sud vivant proche de la frontière d’Al Akhab. Il tint à l’éduquer comme leur origine le demandait et l’éleva selon les croyances et coutumes de leur peuple. C’est sûrement grâce à l’influence de Leïla, mais il ne me fallut pas longtemps avant de moi-même plonger dans ses enseignements. Les esprits faisaient partie de nos vies et considérer leur omniprésence permettait de comprendre l’importance de beaucoup chose, même des plus communes.

C’était était un guerrier aguerri. Il avait failli devenir l’un des plus jeunes Maagizo de l’histoire de sa tribu mais avait été banni pour une raison qui ne me fut jamais donnée de connaître. Ses enseignements auraient pu m’être précieux mais je n’avais ni le physique ni l’intérêt suffisant pour l’apprentissage des arts de la guerre. Leïla en revanche, avait été entraînée depuis qu’elle était en âge de porter un bâton. Elle était douée. Sa silhouette fine et son agilité rendaient son style de combat spectaculaire mais était également très trompeuse pour les adversaires car si elle semblait frêle, elle était en réalité assez musclée si bien qu’à ses quinze ans, aucun homme de la troupe à part Yusef lui-même ne pouvait lui opposer de résistance. Surprenamment, ce dernier avait fait fi des traditions et avait entraîné la jeune fille bien avant ses onze ans mais cela avait permis à sa compréhension du combat de drastiquement se développer.

Personnellement, je préférais me tenir à l’écart de ces séances mouvementées pour aller apprendre les arts des sages avec les plus instruits de la caravane, notamment les bases de la médecine et de l’alchimie qui semblait, déjà, se dessiner comme mes deux domaines de prédilection et qui me permirent à plusieurs occasions de participer à la guérison des malades et blessés légers de la caravane. Mes premiers professeurs furent également instantanément surpris de découvrir chez la petite fille que j’étais, un don des plus surprenants. Une mémoire exceptionnelle. Chaque page de livre, chaque lieu visité, chaque souvenir était clair et limpide et les connaissances étaient amassées à toute vitesse. La surprise de cette découverte passée, Vorth le chef de la troupe et son sens des affaires eurent l’idée de me faire retranscrire les histoires, nouvelles et ragots que nous amassions au cours de nos voyages afin de créer une sorte de « bulletin d’informations » que nous vendions une fois en ville. L’idée était, il faut le reconnaître, assez bonne et les résultats ne mirent pas longtemps avant d’apparaître.

En parallèle de cela,  notre duo de chant eut un grand succès sur les places de marchés et dans les domaines qui nous accueillaient.
Je revois Vorth attirer les foules en annonçant le début de notre numéro : « Les chants méridionaux ».Bien sur, j’étais exposée telle une bête de foire mais à l’époque, je pense que Leïla ne s’en rendait pas compte. quant à moi, je m’efforçais à ne pas y prêter attention. Ma vie me convenait et si ma différence permettait à ma famille de vivre convenablement, alors je consentais à faire étalage de cette différence. Malgré tout, il était difficile pour moi de ne pas remarquer le regard des foules qui nous observaient. Les yeux de certains laissaient comprendre que leur joie venait surtout du fait de voir une Ordhaleron domptée et exposée tel un animal rare. Dans ces moments de doute, je me concentrais sur le visage de ma sœur. Lorsqu’elle chantait, elle devenait une autre personne. Toute l’énergie habituellement dépensée dans ses efforts physiques était déployée afin de produire le son le plus pur possible. Il arrivait régulièrement que  je jalouse les spectateurs de se tenir en face de la scène et de n’avoir rien d’autre à faire qu'observer cette sublime enfant donner tout ce qu’elle avait à un morceau de musique.

Les changements physiques vinrent rapidement avec l’âge. Leïla venait de passer son dix-septième printemps. Sa chevelure venait maintenant taquiner le bas de son dos et lorsque le vent venait caresser ce bel assemblage de fils jais, il découvrait du même coup, une multitude de petits objets faits à la main et les plus belles plumes d’oiseaux que nous trouvions au cours de nos voyages. Souvent, ses cheveux s’emmêlaient dedans, les faisant ainsi passer pour un somptueux ornement. Bien évidemment les changements dus à la croissance d’une femme de son âge s’étaient opérés mais ceux-ci semblaient plus la déranger qu’autre chose. Elle se plaignait souvent durant cette période qu’ils avaient perturbé son quotidien et son équilibre et que les regards des hommes de la foule étaient devenus extrêmement déplaisants. Je craignais parfois qu’elle ne descende de scène pour en étrangler un…
Pour ma part, certaines modifications s’étaient déjà opérés. Mes oreilles avaient encore poussé et se voyaient maintenant recouvertes d’une fourrure plus fournie. Des cornes légèrement recourbées avaient pointé et commençaient à atteindre une taille assez importante et mes pattes étaient désormais complètement recouvertes de poils et mes sabots, couleur nuit sans astres, devenaient plus solides que des blocs d'obsidienne.

Mais c’était bien mentalement que les changements étaient les plus apparents : la jeune enfant qui ne parlait pas beaucoup était toujours présente mais un esprit clair toujours à l’affût, prévoyant et calculateur l’avait imprégnée. Je découvrais peu à peu, la réalité de mon monde. Ou plutôt ce que les hommes en avaient fait ces derniers millénaires. Toute la magnificence de la nature était régulièrement balayée devant mes yeux par l’odiosité des races intelligentes belliqueuses. À quoi pouvaient bien ressembler les Dieux, les Esprits ou autres, eux qui nous avaient créés capables du meilleur comme du pire ?

Cependant je ne fus jamais autant déçue de l’Homme que lors de cette journée. La troupe avait pris la route depuis déjà presque deux semaines pour rendre visite à un noble d’Ordanie. Une missive était arrivée nous incitant vivement à rejoindre son domaine où nous étions censés produire un de nos numéros les plus récents. Le temps était bon, un brin humide, pas la moindre trace de guet-apens ou de soldats véreux. Leïla épluchait l’équivalent d’un sac de pommes à l’arrière de la roulotte. Au fur et à mesure que nous nous rapprochions du duché, la tension montait, le pire étant ce moment où nous aperçûmes les sinistres tours noires dressées de toute leur impressionnante hauteur vers de non moins sinistres nuages qui tranchaient totalement avec les contrées dociles que nous avions traversé à peine quelques lieues auparavant.

Mes craintes s’accentuèrent en croisant les premiers domestiques : le dos courbé, le regard fuyant, la tête abaissée par un mélange d’épuisement et de peur laissaient deviner le caractère du maître. Martha chuchota à Vorth : « Il est encore temps de faire demi-tour... ». Il se pencha vers elle et lui répondit : « Je n’en suis pas sur Martha... » tout en lui désignant un homme au cloué pilori dans la partie gauche de la cour.

Leïla me rejoignit et me prit la main. Elle n’était pas sereine non plus, ses yeux, déjà, scrutaient les alentours à la recherche d’une faille dans les défenses du manoir, le nombre de gardes et leurs baraquements.Nous étions attendus. Là devant nous se tenait un homme. Droit, les mains dans le dos, un sourire malsain incrusté sur le visage, entouré de deux soldats en armure complète. Vorth ordonna l’arrêt de la caravane et s’avança vers lui. Il s’arrêta à quelques pas du noble et s’inclina humblement. L’autre répondit de sorte à être entendu de tout le convoi :

- Bienvenue, bienvenue. Je suis le baron Abran Frambourg, le propriétaire de ces terres. Merci à vous chers artistes d’avoir accepté sur ma demande égoïste, de faire un pareil détour par mon domaine. Vous pourrez vous installer dans la partie droite de la cour, prenez votre temps mais vous êtes attendus avant la nuit.

Ses mots pourtant amicaux, résonnèrent tels une menace dans l’air alors qu’il faisait déjà demi-tour pour entrer à nouveau dans son antre. Comme pour répondre à son départ, un coup de vent frustre fit trembler et grincer la roulotte avant de s’évaporer dans les blés.

Yusef fit quelques pas depuis l’arrière de cette dernière et posa sa main sur l’épaule de Vorth qui sursauta comme subitement extirpé à un rêve se transformant à présent en cauchemar. Il fit un sourire nerveux au Sharda et d’un signe de la main, fit avancer le groupe vers l’est de la cour. Leïla les rejoignit, et entama une discussion avec son père. Martha apparut dans mon dos et déposa sur mes épaules un grand châle de laine.

Les tentes furent montées dans un total silence ce soir-là. La fatigue en plus de l’inquiétude que nous inspirait à tous ce lieu pesait sur les corps et les esprits. Le clappement des mains de Vorth nous fit tous sortir de cette grande torpeur collective :

- Reprenez vos esprits nom d’un chien !

Il n’avait pas crié fort mais sa voix grave son air mécontent transmettaient bien le message qu’il souhaitait nous faire passer.

- Je sais ce que vous pensez, reprit-il plus bas et plus calmement, et croyez- moi, je le pense aussi. Mais plus vite nous en aurons fini ici, plus vite nous pourrons partir dans des lieux plus accueillants. Donnez tout ce que vous avez ce soir et ça sera double paye !

Le moral remontait par la force de caractère du leader vocal qu’il était. Je le savais pourtant aussi peu confiant que nous mais il restait droit, fort et d’extérieur serein même si, perdu dans ses pensées, il lui arrivait parfois d’être un homme très transparent.

Des efforts furent fournis par chaque artiste et le baron semblait apprécier le spectacle. Alors que je passais sur scène avec Leïla, je m’efforçais de me transposer en un autre endroit. Un champ de blé un bord de mer, tout était mieux qu’ici. Sous l’emprise de ma propre illusion, mon chant put s’exprimer de tout son talent, résonnant entre les pierres de cette grande battisse sans âme, atteignant les baraquements crasseux des serfs, témoin de ce désir irrépressible de reprendre la route.

Comme le montrait le banquet somptueux qui nous fut offert après le spectacle, notre hôte semblait comblé. Grandes quantités de viandes, de mets dispendieux et de l’alcool à foison ornaient les tables. Jamais nous n’avions été reçus de la sorte par quelconque noble et le groupe tout entier était passé de l’angoisse à l’émerveillement. Abrutis par l’alcool et la richesse du repas, tous baissèrent leur garde afin de profiter pleinement de cette soirée exceptionnelle. Le temps passa quelque peu entre discussions animées, franches rigolades et démonstrations quand la voix de notre chef nous ramena à la raison.Un coup de tonnerre, un rugissement,  une coupe de vin déversant son contenu sur la nappe de lin blanc :

- Elle n’est pas à vendre !

Je me tournais vers l’homme qui m’avait recueillie il y a des années pour découvrir son visage rouge de colère. Il s’était levé précipitamment de son siège et dirigeait toute son animosité vers le baron qui restait impassible, continuant à vider une coupe similaire à celle qui roulait à présent lentement sur le sol de pierre de la salle. Un sourire hautain apparut sur son visage :

- Avec cette somme vous pourriez pourtant cesser de travailler dès maintenant et consacrer vos efforts à une autre occupation qui vous est chère.

Son regard bifurqua vers Martha. Le vieil homme le suivit, compris, ses joues se gonflèrent, Yusef fit quelques pas dans sa direction mais Vorth le stoppa d’un signe de main. Il poussa un soupir et après une dizaine de secondes, son visage repris sa couleur d’origine. Il lança alors calmement :

- Seigneur Frambourg, merci pour cette soirée, cette réception était magnifique. Cependant nous avons une longue route avant notre prochaine destination et nous aimerions ne pas avoir à faire chaque jour une distance trop importante. Avec notre gratitude, nous allons maintenant prendre congé. Je considère que ce magnifique banquet est un paiement suffisant pour notre travail.

Le rictus du conte avait disparu. Il écoutait patiemment le vieil artiste parler sans l’interrompre, bien que l’amusement provoqué par l’énervement de son interlocuteur se soit volatilisé.
En entendant la fin du discours de son invité, ses sourcils se froncèrent. Il appuya son menton sur son poing et dit, cette fois avec autorité :

- Donnez la moi.

Vorth n’avait que faire de ses caprices et se contenta d’énoncer : « Au revoir Monsieur. » avant de tourner les talons, nous faisant signe de le suivre vers la sortie. Cependant de manière inattendue, le baron leva la main et l’abaissa d’un coup sec. Cliquetis d’un mécanisme résonna à travers la pièce silencieuse, où tous se sentaient muselés par cette conversation aussi courte qu’intense.
Leïla réagit la première avec sa grâce et sa vitesse habituelle alors que nous n’avions pour la plupart, pas encore réalisé ce qui se produisait.
Discrète comme une ombre, fluide comme l’eau elle zigzagua entre nos camarades pour rattraper Vorth qui se retournait alerté par ce son qui sonnait, équivalent de danger. La dague sortie elle frappa de justesse le carreau qui dévia, tournoyant dans l’air, loin de sa cible pour se loger entre les pierres du mur d’en face. Le baron lâcha un petit« ooh » d’admiration.
Panique dans la pièce. Tout le monde cherchait une issue avant de se rendre compte que toutes les portes et fenêtres les plus proches avaient été barricadées. Les gens s’entassèrent dans le coin près de l’entrée et Yusef et Leïla sortir les armes tout en se plaçant devant eux.

Le baron se leva et commença à applaudir, félicitant Leïla de son sauvetage inespéré. La double porte d’en face s’ouvrit telle la mâchoire du monstre prête à se refermer à tout moment sur une proie acculée et une dizaine d'hommes armés apparurent. Yusef s’avançait vers eux lorsque, par la porte opposée, cinq arbalétriers firent irruption. Son regard se retourna vers nous, il se mordit la lèvre inférieure et tenta de revenir. J’étais perdue à l’arrière. Vorth serrait Martha contre lui, versant sans retenue des larmes de dégoût. Malgré les cris de panique, j’entendis les mécanismes des armes de jet se mettre en route une fois de plus. La rangée devant moi tomba au sol, et je vis pour la dernière fois la vie dans les yeux de Lisandra. Leïla était agenouillée à ses côtés, deux carreaux s’étaient plantés dans son flanc droit et un autre dans son avant-bras gauche. Les gens s’éparpillèrent dans la salle afin de fuir, trouver une sortie, enfoncer les portes où les fenêtres mais les épéistes tuaient sans sommation. Un a un, les gens qui m’avaient élevé, aimés et appris tant de choses, tombaient avec tout le poids de leur corps relâché sur le sol glacé de cette salle de réception aux faux airs cimetière.

Tout était ralenti. Des litres de fluide vital s’épanchaient sur la roche, les cris sonnaient comme un nid d’abeilles en alerte dans mes oreilles. L’un des hommes pris Leïla par les cheveux avant de se faire trancher la main par Yusef. Son sang m’aveugla en m’éclaboussant le visage. Les arbalétriers avaient rechargé et tiraient une seconde salve. Je fus planquée au sol. Tâtant la pierre, je finis par trouver un chiffon avec lequel je m’essayais les yeux pour découvrir Vorth et Martha morts juste devant moi. Lui avait trois carreaux figés dans les omoplates. Il devait avoir voulu la protéger mais un carreau était passé par-dessus son épaule pour se figer dans la gorge de ma mère adoptive qui finissait de s’étouffer dans son sang. Elle tendit une main tremblante, maculée de cruor vers moi. Je n’eus guère le temps de la saisir avant qu’elle ne retombe lourdement et définitivement sur le sol.

Yusef et Leïla étaient à terre mais vivants, tous les autres restaient figés. Le baron se leva et fit signe de baisser les armes en déclarant :

- Il suffit ! Je veux ces trois-là. Attachez les.

Les sous-fifres s’exécutèrent, dépouillèrent les deux combattants de leurs armes et lièrent leurs mains. Celui qui semblait être leur chef s’approcha de Leïla, lui releva le visage et se lécha les lèvres avec un sourire tordu ce à quoi elle répondit par le coup de pied le mieux placé possible.Le maître des lieux poussa un petit soupir d’amusement et déclara :

- Les deux bêtes sauvages vont aux fers, amenez la petite dans mes appartements.

À cette annonce, je me ruais vers Leïla, tentant de l’agripper sans succès avec mes mains attachées. Le plus grand des soldats me souleva d’un bras et me posa sur son épaule tandis que je faisais voler et pleuvoir sur lui le plus de coups de pied possible, essayant par tous les moyens de me libérer de son étreinte. Plus agacé, que blessé par mes gesticulements, il marqua une pause et me jeta violemment au sol. J’eus le souffle coupé par l’impact avec la roche et je ne pus qu’entendre le baron hurler, jurer et pester contre le colosse avant de sombrer dans les contrées ténébreuses de l’inconscience.

Le concept même de « temps » disparaissait peu à peu de mon esprit. Pour la première période de ma captivité j’étais sous le choc. Le Baron venait régulièrement m’adresser la parole mais je ne l’entendais ni ne notifiais sa présence à mes côtés.
Cette situation l’énervait profondément mais il n’était pas stupide et se disait que seul le temps me sortirait de cet état.
Le jour je fixais les lézardes des murs de ma geôle, observant les gouttes d’eau glisser lentement le long des parois rocheuses puis s’éclater et un million de fragments d’eau plus petits encore qui eux-mêmes devaient probablement se briser pour devenir autre chose, le cycle se répétant jusqu’à ce que la taille permette l’indestructibilité de la matière. Les allées et venues des servantes, qui venaient me laver ou m’apporter à manger étaient la seule source d’activité notable en ces lieux. La nuit, je luttais pour rester éveillée trop effrayée de revivre cette scène atroce qui recommençait à chaque fois que mes paupières se rabattaient sur mes iris et que mon corps et mon esprit pensaient naïvement pouvoir se ressourcer dans l’atmosphère calme et paisible des nuits, sous le regard bienveillant de la Lune. Tremblements, spasmes. Les mains sur les oreilles pour éviter d’entendre les voix des morts, les yeux fixés sur un point défini du mur d’en face pour les garder grands ouverts et éviter faire ressurgir de douloureux souvenirs mais, au bout de la deuxième ou la troisième nuit sans sommeil, la fatigue prenait le dessus et je tombais dans les doux bras de Morphée bien que le réveil soit toujours le même. Haletante, les yeux exorbités regardant par-delà les frontières du tangible, de grosses gouttes de sueur coulant le long d’un visage ridé par la fatigue, creusé par la peur, que je dissimulais rapidement dans mes paumes moites.
Les gémissements d’une créature voulant hurler tout le malheur de son existence mais n’en trouvant pas la force résonnaient peu de temps après dans les geôles. Toujours le même rêve… Je revivais l’intégralité de cette fameuse journée tout en ressentant un malaise que je ne parvenais pas à identifier. Quand soudain à quelques secondes de l’instant fatidique, je me tournais vers Vorth pour le prévenir, ma bouche avait disparu, mon corps était agrippé par le mur derrière moi et je revoyais une fois de plus la mort s’abattre sur ma famille.

Observer les minuscules éventements de mon risible quotidien me donnait la possibilité d’échapper momentanément à ma réalité. Les questions qui découlaient de ces observations n’avaient rien à voir avec moi, et me faisait plonger dans un océan d’interrogations sur l’univers. Je serai sûrement restée dans cet état toute ma vie si le baron, fatigué de la situation, ne m’avait pas fait revoir Leïla.
Ses yeux  étaient écarquillés, son visage était déformé pour l’horreur. Elle se précipita vers moi et me serra dans ses bras avant d’éclater en sanglots. Ses pleurs m’extirpaient de force d’un mode immobile sans temps, sans sentiment autre que la douleur. La chaleur de son corps réveillait chaque cellule assoupie du mien.

- Est ce que… tu vas bien… depuis hier ? Bredouillais-je

Elle desserra son étreinte et me fixa avec effroi.

- Hier ? Héléna, qu’est ce que tu raconte !

- Je ne t’ai pas vu… après le banquet d’hier soir… je m’inquiétais.

Elle marqua une pause puis repris :

- Héléna, écoute-moi bien. Le banquet… (elle déglutit avec difficulté) c’était il y a bientôt un an.

L’impact fut immédiat. J’allais lui demander ce qu’elle racontait lorsque, en passant une main dans mes cheveux, je compris. Les longs fils de blonds qui composaient ma chevelure, étaient à présent de nombreux paquets, des nœuds de cheveux qui pendaient jusqu’au bas de mon dos semblable à certaines coiffures Sharda.
Soudainement prise de panique, manquant d’air, je tentais de me lever avant de rapidement me rendre compte que je n’y parviendrais pas. Je baissais les yeux pour découvrir des pattes encrassées reliées à des mollets que je reconnaissais à peine et des sabots usés.  Après une courte inspection de mon corps, je fondais en larmes. Tous mes membres étaient atrophiés, amaigris par la sous-alimentation et une déshydratation partielle.

Elle fit quelques pas vers moi et me chargea sur son dos. En me soulevant elle se crispa quelques instants surprise par ma légèreté.

J’eus du mal à réaliser que je m’étais laissée mourir à petit feu pendant tant de temps mais Leïla avait trop de choses à me raconter pour une plus courte durée. Elle travaillait depuis maintenant bientôt un an au service de Frambourg et avait été gardée tout comme Yusef pour ses compétences martiales. J’avais servi d’épée de Damoclès pendant tout ce temps permettant ainsi au vilain d’employer les derniers membres de ma famille pour toutes sortes de taches en menaçant de m’ôter la vie.
Leïla avait donc passé les dix derniers mois à combattre. Pour de l’argent, pour des intérêts, pour punir ceux qui s’opposaient à la volonté du maître. Dans les murs du manoir, elle était très surveillée.
Elle me racontait la violence, la cruauté dont cet homme pouvait faire preuve, comme cette fois où il avait fait fouetter à mort un serf devant ses yeux car elle refusait d’en tuer un autre qui n’avait pas fini son travail à temps. Elle me racontait à quel point elle était haïe par les autres serviteurs qui la voyaient comme une responsable de la détérioration de leur situation. Enfin elle me racontait les nombreuses fois où elle m’avait cherché à travers le manoir, risquant sa vie pour la moindre information, bravant les couvre feu, menaçant les servants qui circulaient dans les zones restreintes afin d’apprendre quelque chose. Cela se finissait rarement bien d’ailleurs. Coups de poing, de pieds de fouet, injures et parfois tortures avaient intégré sa vie depuis que je l’avais quitté. J’écoutais son histoire au bord des larmes, me maudissant d’avoir cédé aux désespoirs et d’être restée dans ce monde immobile, intemporel qui me paraissait alors plus beau que celui dont je venais.

On m’assigna une nouvelle chambre, plus grande et confortable mais très isolée du reste du manoir et constamment gardée. Après quelques jours de repos où je tentais de mesurer l’importance des révélations de ma sœur, je reçus une visite inattendue. Un homme, taille moyenne, maigre et à l’air faiblard mais droit sur ses jambes, au pas assuré et à l’air confiant. Il était vêtu d’une longue robe grise d’érudit, des chaussures usées mais de bonne facture et se baladait avec un étrange cadenas autour du cou bien qu’il ne semble en aucun cas être captif. Sa longue barbe grise et ses cheveux courts lui donnaient un air sage, vénérable,  renforcé par son regard qui semblait sonder les tréfonds de mon âme à l’instant où il se posait sur moi. Il referma lentement la porte, se plaça au pied de mon lit et joignit ses mains en s’inclinant légèrement. J’étais étrangement mal à l’aise devant lui. Il me semblait le connaître mais j’avais beau questionner ma mémoire pourtant parfaite, il m’était impossible de me souvenir de notre rencontre. Il sourit, s’amusant de mon désarroi mais, comme lisant dans mes pensées, il entama les explications :

- Bien le bonjour Héléna.

Je répondis, timidement. Sa voix n’était pas du tout telle que son physique le laissait présager. Pour un homme de son âge, elle n’était pas tremblotante pour un sou mais calme et surprenamment puissante à la fois. Un débit de parole rapide et une prononciation impeccable faisaient de lui un brillant orateur.
Il se nommait Arion Van-Dorne plus souvent appelé « Vieux Dorne », « Arion le sage » ou dans mon cas : « Maître ». Je restais fascinée par la fluidité de son discours tout en enregistrant efficacement toutes les informations qu’il me transmettait. Il avait été mon « médecin » pendant mon séjour dans le monde immobile. Il avait été dépêché depuis les monts d’Usha près de Yune où il apprenait le Shaë et l’Yseï tout en satisfaisant sa soif de nouvelles connaissances et de voyages. Il travaillait pour le baron en quelques rares occasions et uniquement sur des espèces étrangères que le capricieux maître des lieux affectionnait particulièrement. Ses yeux me fixaient avec curiosité mais jamais avec animosité et malgré son affiliation avec la personne que je détestais le plus sur cette terre, je ne pouvais m’empêcher de le trouver sympathique.
Spécialiste de l’ethnologie et de la médecine il avait été engagé par le baron pour surveiller ma rééducation. Il m’expliquait être venu me voir chaque jour lors des six mois passés. Mon mal l’avait beaucoup intrigué. Le vieil homme expliquait que le choc était on ne peut plus normal mais que l’état dans lequel il m’avait plongé était quelque chose qui ne lui avait jamais été donné de voir. En l’entendant mentionner les raisons de mon état, une douleur brève mais aiguë me traversa la poitrine mais le vieux Dorne percevait le moindre changement d’état d’esprit et il enchaîna sur un autre sujet.
La lueur du jour baissait et l’astre de la nuit entamait son habituelle montée dans la peinture céleste. Sentant qu’il était temps pour lui de partir, Arion le sage me salua, me prévint qu’il me rendrait bientôt visite et s’éclipsa par la porte par laquelle il était entré.

Il tint parole puisque le lendemain même, je le vis encore pour une bonne partie de la journée. Lorsqu’il apprit mon intérêt pour la médecine et l’alchimie, il décida que cela occuperait nos journées pendant ma rééducation. Rapidement, il se rendit compte de mes connaissances déjà acquises mais surtout de ma mémoire eidétique. La flamme d’intérêt qui brûlait dans ses mires quand il se rendit compte de mon talent m’effraya de prime abord mais son intérêt pour moi était d’une différente nature que celui des autres personnes que j’avais rencontrées. J’étais en face d’un sage qui venait de rencontrer un esprit brillant et qui cherchait à déceler le potentiel dudit esprit. Il prit dès alors mon apprentissage très au sérieux, tentant de me faire progresser à toute vitesse parfois même au risque de brûler les étapes mais je tenais bon. Son empressement n’avait d’égal que la frustration qu’il semblait ressentir de n’avoir que si peu de temps à passer en ma compagnie chaque jour mais éveiller la méfiance du baron semblait être la dernière de ses envies. Pour palier à ce manque de temps, il me fournissait en toute discrétion et de manière régulière, un ouvrage que je me devais de terminer avant sa visite suivante. La soif de connaissances qui animait l’enfant que j’étais lorsqu’elle allait solliciter tous les membres instruits de la caravane quelques années auparavant était revenue. Je voulais savoir tout ce qui était possible et tout me paraissait simple à apprendre avec lui.
Je remarquais également que ma manière d’aborder les études avait totalement changé. Mon séjour dans le monde intemporel avait complètement modifié ma conception de l’univers. Je voyais désormais l’importance de chaque chose, peu importe sa taille et m’efforçais de considérer l’impact qu’elle pouvait avoir sur le monde. Chaque acte, chaque mouvement était plus réfléchi, comme si j’étais effrayée de déclencher un événement mauvais par le simple fait d’agir. Mes choix n’étaient plus centrés uniquement sur ma vie mais sur mon environnement global, ma logique prenait le plus possible en compte les causes et les effets de l’action et cela me permettait de répondre juste à toute question que le Maître me posait même s’il me fallait un long temps de réflexion pour chacune d’entre elles.

Tout cela était si captivant que j’en oubliais presque être prisonnière, heureusement, le vieux Dorne avait obtenu du baron que Leïla me visite de temps à autre prétextant une aide précieuse pour ma rééducation psychologique. Les récits de cette dernière étaient toujours aussi sombres et il suffisait que j’en entende l’introduction pour me rappeler la situation sordide dans laquelle nous nous trouvions. J’en vins à me demander si le vieil homme n’étais pas plus inquiet de la santé de ma sœur que de la mienne car il semblait concerné par son état récent. Lui qui était libre de circuler entre ces murs en toute liberté était témoins des horreurs qui entachaient la vie des serfs du vilain. Cependant, une question me restait en tête : pourquoi l’aidait-il ?

Les mois passèrent et le baron était très satisfait du résultat des méthodes de Dorne. Je marchais à nouveau. J’avais regagné un physique acceptable et un état d’esprit viable. Mais mon maître me mit vite en garde : « Le conte est un être amoureux de la chair jeune fille. Et il voudra te consommer dès que je lui aurais assuré la stabilité de ton état. Ne fais pas trop démonstration de ta bien portance...». Leïla pensait la même chose. Elle avait été témoin des appétits du baron et m’assurait qu’elle ne pouvait pas me laisser découvrir ce qui m’attendait.


Une carriole. L’état pitoyable de la route me tirait malgré moi d’un sommeil agréables comme je n’en avais pas connu depuis longtemps, m’arrachait de l’étreinte des esprits du sommeil pour me faire redescendre sur Reä. Les encouragements effrayés d’un cocher envers ses bêtes me firent finalement émerger totalement. J’étouffais, des livres et des livres de tissus étaient entreposées sur moi. Trouvant finalement une sortie, je reprenais mon souffle avant que mon corps se paralyse de stupéfaction. Je me retournais vers le cocher pour trouver Dorne suant et tremblant, fouettant des chevaux crachant leurs poumons, tirant de toutes leurs forces le lourd chargement. Nous nous éloignions du sinistre manoir dont l’aile Ouest était en flammes. Je voyais au loin les serfs s’activer dans tous les sens, minuscules fourmis en alerte, tentant de toutes leurs forces de contenir l’incendie. J’entendais les cris d’horreur, les hennissements des chevaux qui brûlaient vivant, emprisonnés dans l’étable, laissant échapper pareillement aux malheureux esclaves piégés par les flammes une effroyable odeur de chair carbonisée. Un épais nuage noir s’envolait vers un ciel déjà sombre et devait alerter les villages alentour. Les dernières plaintes des victimes semblaient s’envoler vers le ciel, accompagnant la fumée qui tentait de forcer les portes du royaume céleste. Le vent, violent, déversait sans ménagement sa rage sur la plaine, attisant des flammes qui redoublaient d’intensité comme à présent possédée par une conscience propre.
Au milieu du brouillard cendreux, une bataille mais impossible d’en distinguer les acteurs. Dorne qui s’était retourné, me cria de rester cachée. Mon inquiétude pour Leïla et Yusef grandissait de secondes en secondes mais je l’écoutais, sentant que foncer dans la prison de laquelle je venais de fuir était une idée plus que douteuse. Dans le pire des cas, j’envisageais de revenir les libérer s’ils étaient retenus captifs bien que les deux guerriers avaient objectivement plus de chances que moi de s’en sortir seuls.

Dorne m’expliquait que le Nord assurerait notre protection. Le baron était capable de déployer des ressources impressionnantes et sa rancune était selon lui bien plus tenace que je ne le pensais. Il serait préférable pour lui de nous savoir morts que de nous laisser en liberté.
« Les montagnes à la frontière d’Heisenk sont des lieux craints par les habitants du continent. On dit qu’elles sont maudites et sont le domaine de sorcières, dernières de leur lignée et les ultimes êtres capables d’utiliser la magie à notre époque. Personne ne viendra vous chercher là-bas. »

Un échange de regards, et nous étions d’accord. La forêt des sorcières nous protégerait si nous pouvions la faire nous accepter. Mon vieux maître m’expliqua plus tard que Yusef était l’instigateur du plan de fuite. Dorne avait berné le conte suffisamment longtemps et m’avait droguée le soir de l’échappée afin que je ne cause aucun problème moi qui n’étais au courant de rien. Il est vrai que s’ils m’avaient proposé de fuir au prix de la vie de je ne sais combien de malheureux serfs ainsi que de celle des dernier membres de ma famille, j’aurais catégoriquement refusé… Si elle réussissait à fuir, Leïla connaissait notre lieu de fuite et devait envoyer une lettre à l’un des villages bordant l’immense forêt.

La solitude s’emparait de mon âme, la douleur, lancinante, faisait son grand retour alors que le chariot fonçait sur les routes rocailleuses menant au Nord, à la paix, à la libération.

Héléna Walkrain, An 79 de l’Ère des Rois.


J’observais la vieille femme dans son travail, me demandant d’où lui provenaient ses connaissances et ses techniques. Elle magnait le fil et l’aiguille comme d’autres magnaient l’épée ou la parole et semblait toujours assurée dans ses mouvements. Le cas du jour était pourtant difficile : le bébé semblait s’étouffer avec le cordon. Bien que l’entreprise soit risquée et potentiellement létale pour les deux concernés, il avait fallu ouvrir la mère. Analysant la situation, les sœurs s’étaient écartées et avaient laissé la place à Urd. J’étais là depuis longtemps mais ça n’était que la seconde fois que je la voyais en action.Alors que la plus ancienne des sorcières finissait de refermer le ventre de la nouvelle mère soulagée et que Silke calmait le nouveau-né avec cette fameuse aura éclatante pouvant apaiser même les cœurs les plus endurcis qui était sienne, je comprenais toute la bipolarité du personnage d’Urd. Elle passait de folie à génie - si tant est que les deux ne soient pas intimement liés – mais possédait toujours un esprit clair lorsque ses talents étaient requis. Je ne saurais dire si l’opération l’avait plus épuisée elle ou la jeune femme qui venait de donner vie. En se relevant après une ultime vérification de la bien portance de l’enfant, elle m’adressa un regard étrange, que je ne sus interpréter, puis sortit de la maison.

Je restais tétanisée par la puissance de cette scène toute entière. L’accouchement avait bien duré cinq longues heures. Jamais je n’aurais pensé en arriver là lorsque Dorne m’avait laissé, aux abords de la forêt quelques mois plus tôt avant de partir pour Raiendal.
J’avais supplié les esprits de bien vouloir m’accorder ne serait-ce qu’une entrevue avec l’une des sorcières, offrant à l’un de leurs autels le dernier souvenir qui me restait ma mère adoptive : une babiole sans la moindre valeur en dehors de ce qu’elle représentait pour moi.Lorsqu’une immense femme aux allures de chêne était finalement arrivée à l’autel le lendemain, je m’étais jeté à ses pieds, quémandant asile et connaissance. Les larmes coulaient toutes seules comme si la barrière qui les avaient retenues pendant des mois venait de céder. La sorcière restait debout devant moi, imperturbable, attendant patiemment la fin de mon récit puis, lorsque j’eus fini, elle s’avança vers moi, s’abaissa à ma hauteur et me releva délicatement la tête avant de tourner les talons vers l’intérieur de la forêt.

En arrivant jusqu’à leur demeure, Verda (c’était son nom) me présenta à Urd, une vieille femme au corps ravagé par le temps et une histoire que je devinais dure au-delà du possible. Il fut décidé que je resterais en ces lieux le temps que ma situation s’améliore et que j’aurais la possibilité d’apprendre parmi elles. Je partageais dorénavant les taches de Silke, la plus jeune des trois sorcières. Cette jeune fille à la chevelure dorée était aussi belle d’âme que de corps. Véritable rayon de soleil, elle me rappelait régulièrement Leïla dans son enfance, la turbulence en moins. Elle accomplissait ses tâches quotidiennes avec justesse et dévouement, s’occupant des basses besognes de la maison, nourrissant les bêtes et s’occupant de la cueillette. Elle était également celle qui s’occupait d’Urd et les esprits m’en soient témoins, cette vieille femme avait besoin d’assistance. Les crises qui ravageaient son pauvre esprit étaient fréquentes. Silke me l’expliquait lors de nos travaux : hallucinations, absences, douleurs soudaines, délires, tout cela et bien plus encore, composait la folie d’Urd. Pourtant la jeune femme s’occupait alors (desdites crise) de sa sœur sans flancher, sans verser une larme, sans même froncer les sourcils. Tout cela constituait son quotidien et ce quotidien avait fait dès ses nerfs de l’acier, de son cœur une armure et de son regard une épée. Sa folie mise à part, l’aînée des trois sorcières était une guérisseuse absolument incroyable, une herboriste au savoir large et une alchimiste aux connaissances infinies. Lorsque j’avais l’occasion de recevoir ses enseignements, chaque expérience m’apportait plus que je n’osais demander. Elle fut la première et la dernière personne à me proposer davantage de savoir que je ne voulais en obtenir.

Les mois passaient et je m’intégrait de plus en plus dans cet écosystème si particulier. Les jours se ressemblaient tout en étant totalement différents les uns des autres. Chaque matin nous nous levions aux aurores, je préparais avec Silke de quoi toutes nous rassasier, puis les trois sœurs partaient pour les autels.
Ces derniers étaient utilisés par les habitants des villages alentour, des nobles – souvent des femmes – en quête de savoirs médicaux ou alchimiques indisponibles à la coure et même par les bandits rodant dans les montagnes. A chaque offrande correspondait un mal que les sœurs traitaient selon l’urgence. Leur savoir était tel que personne n’osait s’en prendre à elles et la plupart des habitants du continent les pensaient être les seules créatures vivantes à pouvoir faire usage de la magie.
Pendant leur tournée habituelle, je m’occupais des quelques bêtes que nous élevions, partais cueillir quelques plantes communes et nettoyait la maison. J’assistais ensuite à la présentation des cas à traiter s’il y en avait et de la répartition des tâches. Je restais avec celle ou celles qui n’avait pas à se déplacer et apprenait à leurs côtés.

Je recevais parfois une lettre de Leïla, qui elle poursuivait sa fuite. Elle se dirigeait vers Dehernatbi en Saan Met pour découvrir ses origines. Nos correspondances restaient à sens unique la plupart du temps mais nous définissions au fil de ses pérégrinations des relais où je pouvais envoyer mes réponses.

Les saisons étaient à présent mon seul point de repère temporel au milieu de cette immense nature et elles passaient vite. Tout en apprenant la chasse avec Verda, la cueillette et les habitats des végétaux avec Silke et la médecine et l’alchimie avec Urd, je m’interrogeais sur cette dernière. Il me semblait de plus en plus évident que le monde intemporel où j’avais vécu pendant toute une année et le lieu où son esprit partait se réfugier lors de ses crises étaient liés mais malgré mes spéculations, il demeurait impossible de savoir où la sorcière partait et il était de plus en plus compliqué de justifier mon sentiment. Peut-être n’étais-je pas destinée à le découvrir. Peut-être était-ce là un secret gardé par Urd uniquement dont aucun être vivant n’était censé découvrir la source. Je continuais à réfléchir tout en me résignant à ne jamais connaître la vérité.

Vers le milieu de la huitième décennie de l’ère des Rois, Verda mit au monde deux enfants. Cela n’avait à première vue rien d’exceptionnel : les deux aînées avaient plus d’une fois donné naissance depuis mon arrivée parmi elles. Mais la particularité cette fois-ci, était que le duo de nourrissons n’était composé que d’individu féminin et pour une raison qui m’était toujours relativement floue, les mâles étaient systématiquement remis aux hameaux voisins et destinés à rester pour la durée de leur existence dans l’ignorance totale de leurs origines. J’étais par ailleurs toujours curieuse de savoir comment ces femmes, si intimidantes et surtout tant respectées que redoutées dans les villages alentour avaient bien pu trouver des partenaires. Lorsque les deux sorcières aînées me demandèrent de ne jamais révéler aux petites l’identité de leur mère, beaucoup de questions me traversèrent l’esprit. En avait-il été de même pour Silke ? Pour Verda ? Pour Urd ? Depuis combien de temps cette lignée et cette tradition duraient elles ? Autant de questions sans réponses et qui devaient rester ainsi.
Ma vie à leurs côtés fut comme une nouvelle page noircie dans le grimoire de mon existence. Une page où se résumaient le gros de mes connaissances, où le sens de mon existence était sujet à débat, où l’équilibre du monde était une préoccupation de taille, où l’envie d’apporter la paix à tous les rejetés de Reä se faisait ressentir. Une belle page, où j’offrais mon existence au destin afin qu’il fasse de moi un être capable de tenir ses promesses.

La première puis la seconde vague nous frappèrent lors de leurs passages. Ma mémoire me laisse revivre cet instant avec une précision des plus appréciables. Je m’étais sentie secouée par un changement aussi doux que brutal, aussi sombre que lumineux, aussi lourd qu’imperceptible. Un changement remettant en cause les fondements de notre monde détruisant sur son passage les idées préconçues de la vérité universelle, de la science, de la connaissance même. Le savoir accumulé par les races intelligentes de Reä ces cinq mille dernières années venaient de s’écrouler.
Soudainement, le monde intemporel repassait devant mes mires, me narguant en agitant devant moi tous les secrets qu’il contenait et que je n’avais pu résoudre puis je revis une de ces gouttelettes qui coulait le long des murs de ma geôle. Je la voyais se briser à nouveau sur la roche froide et éclater pour devenir ces milliers de petits fragments qui m’avaient fait réfléchir pour la première fois à l’importance de « l’insignifiant ».

Les trois sœurs avaient également été touchée par cette énergie à la fois nouvelle et ancienne et nous avons toutes tenté de percevoir les limites de cette puissance. La magie me fit alors comprendre l’importance et la toute-puissance de l’équilibre du monde et ses gardiens.
Un soir du début de l’année, alors que j’étais paisiblement allongée dans mon lit de fortune, mon esprit quitta soudainement mon corps, passant d’une personne à l’autre pour finalement arriver près de Raiendal, au Lac-Mère où Elle venait d’apparaître.
Elle était devant moi. La magie personnifiée, pure, celle pour qui la morale ou la justice des humains et des autres races intelligentes n’a aucun sens. Le condensé de puissance qui n’est ni arrogant ni prétentieux, pour qui sa propre existence relève simplement de l’ordre naturel des choses alors que nous, nous l’affilions au divin. La gueule dans les nuages, la créature poussa un hurlement puissant qui respirait la liberté. Puis son regard se perdit au-delà des frontières de l’espace et du temps et me fixa quelques secondes avant que je ne me relève de ma couchette, couverte de sueur, les visages inquiets de Silke et Verda braqué sur moi.

Abordant la compréhension de la magie avec un respect nouveau, je compris la nature de la mienne
Dès alors, je ressentis une présence. J’étais inexorablement attirée par un autre être à la magie similaire à la mienne et je devais le retrouver. Cette pensée m’obsédait tant et tant que je finis par annoncer mon départ aux trois sœurs. Urd qui sortait alors d’une violente crise me souris comme jamais elle ne l’avait fait auparavant et me fit signe de la main de m’éloigner avant de retourner à l’intérieur de la maison. Verda la suivi, sans dire un mot. Je serrais alors une dernière fois Silke et les petites dans mes bras avant de tourner le dos à mon refuge.

Je traversais l’un des villages aux abords de la forêt où nous venions régulièrement soigner des malades. En échangeant quelques remèdes de ma confection, je pus obtenir le matériel basique nécessaire à mon voyage. Alors que je quittais le village un enfant me bousculait et tomba au sol. En me voyant il prit peur en se confondit en excuses.

- Dis-moi, mon enfant, lançais-je chaleureusement, en quelle année sommes-nous ?

- N-nous sommes le douzième jour du mois d’Ansbar, an quatre vingt dix de l’ère des rois madame, répondit il en bredouillant et en claquant des dents.

Je le remerciais d’un sourire et repris ma route. J’avais donc passé douze ans ici… Les larmes me montaient aux yeux pour la dernière fois avant bien longtemps en pensant à mes deux familles : celle que l’on m’avait volé et celle qui m’avait recueilli, faisant défiler les visages de chaque personne dans mon esprit comme pour m’assurer que je n’en avais oublié aucun.
Et même si à cet instant beaucoup de choses restaient floues dans mon cœur.






Calim Al'Azran
◈ Missives : 2342

◈ Âge du Personnage : 82 ans
◈ Alignement : Loyal Bon
◈ Race : Valduris
◈ Ethnie : Sharda du Nord
◈ Origine : Al'Akhab - Siltamyr
◈ Magie : Aucune
◈ Fiche personnage : Calim
◈ Crédit Avatar : Old man with a cane By Igor Babailov

Conteur
Calim Al'Azran

◈ Mer 7 Aoû 2019 - 12:35

ET C’EST VALIDÉ !

Bon sang, quelle fiche !

Bienvenue ici ! Very Happy

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Compétences du personnage :

> Arts du spectacle

Danse (Multiculturelle) : Expert
= « Ils m’apprirent beaucoup de ce que je sais aujourd’hui : lire, écrire, compter et conter, danser, et surtout chanter. »

Représentation (Conter) : Avancé
= « Ils m’apprirent beaucoup de ce que je sais aujourd’hui : lire, écrire, compter et conter, danser, et surtout chanter. »

Chant : Expert.
= « dès que je fus en âge de parler, les cours de chant débutèrent »

> Arts des Sages

Médecine : Maître
= « apprendre les arts des sages avec les plus instruits de la caravane, notamment les bases de la médecine et de l’alchimie », « Il prit dès alors mon apprentissage très au sérieux, tentant de me faire progresser à toute vitesse parfois même au risque de brûler les étapes mais je tenais bon. »

Alchimie : Maître
= « apprendre les arts des sages avec les plus instruits de la caravane, notamment les bases de la médecine et de l’alchimie », « Il prit dès alors mon apprentissage très au sérieux, tentant de me faire progresser à toute vitesse parfois même au risque de brûler les étapes mais je tenais bon. »

> Compétences libres

Lecture & écriture : Avancé.
= « Ils m’apprirent beaucoup de ce que je sais aujourd’hui : lire, écrire, compter et conter, danser, et surtout chanter. » et toutes ses années d'apprentissages ainsi que son goût pour la lecture.

Mathématique (Basique / commerce) : Avancé.
= « Ils m’apprirent beaucoup de ce que je sais aujourd’hui : lire, écrire, compter et conter, danser, et surtout chanter. »

Survie en milieu sauvage : Avancé.
= Pour sa vie auprès des trois sorcières.

Pistage de la faune : Intermédiaire.
= « Tout en apprenant la chasse avec Verda. »

Maniement d'armes communes (arc, dague) : Intermédiaire.
= « Tout en apprenant la chasse avec Verda. »

Connaissance de la flore & de la faune : Avancé
= « Je partageais dorénavant les taches de Silke, la plus jeune des trois sorcières. [...] Elle accomplissait ses tâches quotidiennes avec justesse et dévouement, s’occupant des basses besognes de la maison, nourrissant les bêtes et s’occupant de la cueillette. »

Herboristerie : Expert
= « l’aînée des trois sorcières était une guérisseuse absolument incroyable, une herboriste au savoir large et une alchimiste aux connaissances infinies. Lorsque j’avais l’occasion de recevoir ses enseignements, chaque expérience m’apportait plus que je n’osais demander. »