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Idriss El Thali - Héritier en exil

Idriss El Thali
◈ Missives : 24

◈ Âge du Personnage : 28 ans
◈ Alignement : Neutre bon
◈ Race : Sang mêlé
◈ Ethnie : Sharda du Nord - Eressåe des Abysses
◈ Origine : Al'Akhab - Siltamyr
◈ Localisation sur Rëa : en route vers Kaerdum
◈ Magie : Magie astrale
◈ Fiche personnage : Idriss El Thali
◈ Crédit Avatar : Portrait of B. V. By VirginieCarquin

Héros
Idriss El Thali

◈ Lun 24 Oct 2016 - 15:36

◈ Prénom :  Idriss
◈ Nom : El Thali
◈ Sexe : Homme
◈ Âge : 28 ans
◈ Date de naissance : 13ème jour d’Eldra, an 62
◈ Race : Sang mêlé
◈ Ethnie : Sharda du Nord - Eressåe des Abysses
◈ Origine : Al'Akhab - Siltamyr
◈ Alignement : Neutre bon
◈ Métier : Prince Héritier, fils du Sultan d'Al'Akhab
◈ Crédit avatar : Portrait of B. V. By VirginieCarquin


Magie


◈ Magie astrale

Idriss n’a eu connaissance de l’existence de la magie que par les récits des voyageurs. Les marques de son ascendance atlante l’ont obligé à reconnaître la part de vérité dans le retour des anciens mythes.

Il n’a pris conscience que très tard de l’existence de ses pouvoirs naissants, et il en ignore encore l’exacte nature.


Compétences, forces & faiblesses


> Arts de la noblesse & de la bourgeoisie
(Métier engagé : Héritier légitime du trône d'Al'Akhab)
- Lecture & écriture (Kaerd & Alkhabirois : maître)
- Étiquette (maître)
- Politique (expert)
= Idriss a reçu les enseignements de son peuple et de son lignage dans les domaines de la politique, du Noble Jeu.
- Escrime (enseignement par une école d’arme, connaissance de l’éthique des duels : expert)
= Si Idriss ne saurait faire face à un militaire éprouvé, il n'en demeure pas moins un très bon duelliste.
- Diplomatie (expert)
= De son essence singulière, Idriss sait user de diplomatie avec ses pairs, gérer des conflits et calmer les véhémences.


> Arts des Sages
- Mathématique (géométrie, arithmétique supérieure : génie)
- Sciences diverses (maître)
= De l'essence du surdon accordé par son ascendance, bien peu de choses savent échapper à ses yeux en la matière. Si ses dons ne sont pas aussi poussés que celui de sa sœur qui a été formée en la matière, il pourrait évidemment l'égaler avec quelques apprentissages.

> Compétences générales
- Histoire (expert)
- Géographie (avancé)
= D'Al'Akhab, Idriss a maintes connaissances de par son lignage. S'il ne les exprime que peu, elles font partie de son lignage.
- Linguistique (Kaerd & Alkhabirois : maître)
- Éloquence (expert)
= Idriss sait convaincre, mais surtout, il est têtu et sait forcer les défenses des esprits les plus faibles
- Équitation (avancé)
= D'apprentissage noble, l'équitation fait partie de ses enseignements par défaut.

◈ Forces

Idriss est animé d’un esprit brillant et passionné. Curieux de nature, il a su mettre à profit l'instruction reçue au palais et il se plaît à penser qu’il posera les premières pierres d’un royaume visionnaire dont l’aura portera la culture, la science et la puissance économique de son peuple loin au delà de ses frontières.

Bretteur habile sans en tirer la moindre fierté, il rechigne à prendre les armes, mais ne fera honte ni à son père, ni à son maître d'armes, si la nécessité s'en fait sentir. Il demeure probablement meilleur diplomate que stratège.

Idriss est un homme courageux, il n’a pas peur de se battre pour ses idéaux, considérant souvent que le coup le plus sournois qu’on pouvait lui infliger l’a été par la perte d’Azshara. S’étant relevé de celui-ci, il reste convaincu qu’aucun autre ne saura lui être fatal.

Enfin, même s'il en tire plus de fierté que de mérite, Idriss possède une ascendance des plus singulières, et s'il n'avait pas à rougir des circonstances de sa conception, le nom de son géniteur véritable ne dépareillerait pas dans l'énumération de ses titres.

◈ Faiblesses

Idriss a grandi dans un environnement douillet, pétri de principes et d’estime. Il a parfois du mal à redescendre sur terre et reconnaître que, même sans franchir les murs de Siltamyr, misère et maladie peuvent frapper aux portes. Il tarde aussi souvent à se souvenir que tous ne partagent pas ses valeurs et qu’il est vain d’espérer que ses ennemis se battent à la loyale.

Il se plaît à toujours accorder le bénéfice du doute à ses interlocuteurs, refusant de voir la vilenie dans le cœur de chacun, ce qui reviendrait à entériner des valeurs qui ne sont pas les siennes. Car Idriss est un esprit entêté, que l'on amène difficilement à la concession. Si certains se réjouissent de la force morale du prince, d'autres le blâment pour cela, notamment pour son acharnement manifeste à ne pas prendre épouse dans une société où les alliances se nouent volontiers par le mariage.

A trop vouloir faire cavalier seul, Idriss se préserve autant qu'il se met en danger.


Physique


Idriss a su acquérir la carrure d’un homme, l’acharnement de ses divers précepteurs et mentors à vouloir lui inculquer le maniement des armes ayant finalement payé. Du rang de son père et des manières trop soignées de sa mère, il a acquis un certain maintien, une autorité naturelle qu’il est malvenu de bafouer sans craindre le mordant de sa lame ou de ses mots.

Des yeux de rapaces, d’un or indécent, signant son origine sharda, ornent un visage bien fait, égarant le regard d’une cicatrice ancienne traversant son front. La balafre ayant son charme, à en croire les murmures de ses compagnes d’une nuit, à moins que ce ne soit là que des ruses de courtisane avide de dérober un héritier à l’un des futurs prétendants au trône…

Idriss se soumet sans se plaindre aux us de Siltamyr. S’il apprécie les longues chevelures disparaissant sous les soieries des dames, ses cheveux bruns restent courts, ainsi que sa barbe régulièrement entretenue, héritage d’un âge où cet artifice lui semblait le seul moyen de se détacher durablement du cocon protecteur de l’enfance.

A l’inverse, le prince héritier assume bien moins la liberté que la magie d’Eressa a prise sur son corps. Sous le regard de la lune, après l’annonce du retour de la magie, sa peau s’est nimbée d’un curieux reflet bleuté, par chance éphémère, dessinant une effroyable arabesque, courant de son torse jusqu’au bas des reins, en passant par son flanc gauche.  

Des combats de Siltamyr lui vient une autre marque, moins élégante, le souvenir du baiser d’une lame en travers du front.



Caractère


La disparition d’Azshara a anéanti Idriss autant qu’elle l’a sauvé. Privé de cet être irremplaçable, il en a conclu que les dieux (qui et quels qu’ils soient) lui avaient porté le coup le plus effroyable qu’ils pussent concevoir.

Loin d’être défaitiste, Idriss en est devenu pragmatique et téméraire, dès lors qu’il est poussé dans ses derniers retranchements. Il a à coeur de se comporter avec noblesse, de devenir un bon sultan à l’image de son père. Loin de désavouer les ruses de sa mère, il y voit des armes de femme, et s’il en use à son compte, il prendra garde à ne pas être surpris. De sa haute naissance, il a aussi acquis les vices communs que sont l’arrogance et l’impatience.

Idriss ne croit ni au destin, ni au karma. Il est convaincu que le monde est injuste et qu’il revient à chacun de le rendre meilleur. Il a une haute estime de sa personne, de ses capacités et de son ascendance. De fait, il accepte mal d’être, de par sa naissance même, prisonnier des mensonges de sa mère.

Il méprise l’ignorance et la couardise. s’il conçoit la félonie et le mensonge, il apprécie l'honnêteté et ne peut concevoir de manquer à ses engagements.



Inventaire


Dans la quiétude de ses appartements, Idriss est le plus souvent vêtu d’une chemise de soie et d’un pantalon de lin, dont l’apparence simplicité est bien souvent démenti par quelques bijoux, sobres mais non moins ostentatoires.

Il possède deux cimeterres, l’un d’apparat, orné de dorures et serti de pierres précieuses, l’autre non moins ouvragé, mais à la garde d’un noir profond aux ornements ciselés d’argent. La lame est gravée d’une malédiction.


Histoire


Il est courant d'avoir la nostalgie de l'enfance, d'en référer à une vie d'insouciance loin des exigences du monde des adultes. Pour autant, ce n'est pas la facilité qui me manque, mais l'évidence.

En tout acte, en toutes choses, nous étions deux, et aussi loin que remonte ma mémoire je me souviens d'en avoir joué, d'avoir doublé de ma voix les mots d'Azshara, de telle sorte que nous soyons d'accord sur tout ou presque, et qu'il n'ait de moyen pour aucun, pas même pour mère, de nous prendre en défaut par les mots de l'autre.

Mon enfance ne transpira pas l'insouciance. Il n'y avait aucun lieu qui ne soit exempt de mise en garde. De la noyade dans les bassins des jardins aux menaces tapies dans l'ombre des longues rues, ivres de soleil, il me semblait parfois que nous n'étions nés entre ces murs que pour périr d'une fin risible, et que nous ne vivions que parce que l'esprit malin qui déciderait de nos vies n'aurait pas encore fait ses choix. Azshara disait qu'il n'y avait pas d'esprit malin, et qu'il n'était pas possible que je meure aussi bêtement, car elle ne le permettrait pas.

Alors, nous jouions aux échecs dans la torpeur de l'été, ou récitions d'ennuyeuses leçons dans le calme des jardins. J'ai toujours été avide d'apprendre, je crois, mais cette passion était à l'époque des plus intéressées. Naïvement, je caressais le fol espoir de parvenir à retenir tout ce qu'on désirait m'inculquer au plus vite pour jouir ensuite d'un excès de temps libre des plus déraisonnables, sans me douter qu'un seul des précepteurs délégués par mère avait dans sa besace de quoi m'enchaîner mille ans durant à mes études.

Parfois la guerre étendait son spectre jusqu'aux portes du palais, mais c'était une menace sans âme. Une fatalité d'un autre monde qui ne nous touchait pas, pas plus que la dépouille d'un chien mort au fond d'un caniveau. Lorsque les cris au-dehors rythmaient les parties d'échecs, l'on pouvait croire que nos pièces s'animaient pour s'éventrer et la scène m'amusait, je crois.

~°~

Il y avait une once de vérité dans leurs clameurs, aussi cynique que tranchante. Ils se revendiquaient d’Elaïm mais par leurs actes faisaient le lit des rancoeurs de Nephalar. Dans leur bouche, sans aucun doute possible, et bien que l’on eut fouetté à mort un autre que moi pour ces mots, les deux dieux ne faisaient qu’un.

Quand je creuse en ma mémoire, aussi loin que les souvenirs daignent me mener, je me souviens encore du bavardage des femmes. Je ne captais ni tous les mots ni la véritable teneur des intrigues qui se tramaient, si proches de moi, mais les voix, tout autant que le murmure de l’eau des fontaines et la tiédeur des après-midi d’entre les murs font partie de ce cocon délicieux qui a abrité mon enfance.

Pour autant, jamais je n’ai pu retrouver l’écho de sa voix à elle. Parce qu’elle était mon évidence et une partie de moi, parce que son babillage devait trop sûrement se mêler au mien, mon esprit n’a pas jugé nécessaire de conserver le souvenir d’Azshara. Je me souviens d’elle comme d’un trésor d’enfant, trop précieux pour que j’aie omis de le garder par-devers moi pour ne le contempler qu’en secret. Le fil s'était brisé et m'avait échappé. Parfois je me demande, si je saurai encore la reconnaître, si je ne l'ai pas déjà croisée par le passé, traité par le dédain sans savoir qui elle était.

~°~

«… Le fils d’un sultan mérite meilleur enseignement que des dires de bonne femme. » marmonna le précepteur Ashkan.

« Je n’irai nulle part sans Azshara. » répéta fermement le jeune Idriss en braquant fermement son regard dans celui du précepteur.

« Où donc est Sheïra ? »
s’enquit Ashkan, mais sa question ne récolta que des haussements d’épaules indifférents des eunuques qui l'encadraient.

L’héritier du sultan était un élève appliqué, pour peu qu’il se donnât la peine de se rendre jusqu’à la salle d’étude. Le cours du jour avait bien moins d’importance que sa motivation. Ashkan avait reçu ses instructions d’Ejaz Abd Al'Haqq en personne, et il y avait fort à parier que Sheïra avait eu son mot à dire dans tout cela. Si elle jugeait nécessaire de garder la main sur son fils chéri sans se donner la peine de le faire en personne, c’est que l’agitation hors les murs devenait chose sérieuse, et que le sultan avait quéri la sagesse de ses conseils.

Idriss se défila et Ashkan ne dut qu’à ses réflexes - et à la faible carrure du prince - de parvenir à le rattraper par la manche.
« Assez. » gronda-t-il.
« Votre soeur attendra la fin de votre leçon, leçon à laquelle elle n’est par ailleurs pas conviée. Comportez-vous comme le prince que vous êtes et non comme un garçon des cuisines. »

Le prince serra les poings, des larmes affleurant à ses yeux.
« Je vous suis. » répondit-il, avant de lui emboîter le pas sans enthousiasme.

Ashkan étouffa un soupir et lâcha le prince, sous le regard appuyé d'une odalisque de Siltamyr. S’il ne prenait pas garde à ses gestes, l'on finirait par dire innocemment au sultan - ou pire, à Sheïra - qu’il avait été vu en train de molester le prince.
Idriss n’était pas assez malhonnête pour ne pas nier les faits, mais le prince avait hérité de ses illustres parents un entêtement plus que désarçonnant pour un enfant de son âge. A peine eut-il franchi les portes des jardins qu’Idriss détala en sens inverse, aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient.

~°~

J’avais traversé la foule des courtisanes et coupé par les bassins, cavalant dans l’eau fraîche des fontaines et me faufilant parmi les oiseaux.

« Azshara ! Azshara ! »

L’existence nous séparerait. La vérité avait pris sens dans mon esprit. Ashkan le disait, mais je pensais qu’il mentait, et n’agissait ainsi que dans l’espoir que je n’amène pas Azshara à nos leçons. Les femmes le disaient. Mais père disait sans cesse que les femmes des jardins disaient tout et leur contraire et que je ne devais pas les écouter.

Mère… J’avais fini par le lui demander, alors que personne ne nous écoutait. (Je n’aimais pas entendre les odalisques rire de moi, depuis que j’avais vu que cela déplaisait à père.) Elle m’avait souri. Elle disait qu’un jour, Azshara irait son propre chemin, et moi le mien, mais que je ne devais pas m’inquiéter de telles choses. Cela se produirait dans tant d’années, que nous aurions appris à vivre l’un sans l’autre.

Je m’étais senti trahi. Quoi que l’avenir nous réservât, je n’imaginais aucune situation qui put m’amener à vouloir me séparer d’Azshara. J’avais posé la question à Azshara, elle avait haussé les épaules.

« Chercheriez-vous à vous débarrasser de moi, mon prince ? »
avait-elle rétorqué, avant d’esquisser un pas de danse, mimant à la perfection les attitudes courroucées qu’employait Sheïra avec les gardes. Je m’étais empressé de vérifier que personne ne nous espionnait, et elle avait ri de plus belle.

Cela ne me faisait pas rire. Ashkan se faisait de plus pressant pour nous séparer. Père aussi, même s’il employait de gentilles paroles.

« Azshara ! »


A bout de souffle, je trébuchai et fus rattrapé de justesse par une odalisque à la robe corail, à quelques mètres à peine d'Azshara. Elle avait installé le grand échiquier et disposait les pièces en m'attendant, essayant de prévoir d'avance quel premier coup je jouerai, et comme elle y répondrait. Elle se précipita à ma rencontre.

~°~

Comme souvent en l'absence de Sheïra, j'obtins gain de cause. Je retrouvai la compagnie d'Azshara et nous reçûmes la consigne de regagner notre chambre et de n'en plus sortir, sans trop savoir si c'était une concession ou une punition. Et c'était Azshara qui avait remarqué les flammes la première. Je l'avais laissé grimper sur mes épaules pour commenter le désastre. Mais là encore, c'était un autre monde, une autre Siltamyr que nous n'arpentions qu'à pas feutré et sous bonne escorte.

Père disait que les hommes se battaient pour Elaïm, et que nous, qui l'avions toujours servi avec l'honnêteté de nos cœurs n'avions rien à en risquer. Je n'étais pas si sûr de l'honnêteté de mon cœur, mais si le sultan disait que nous n'avions rien à craindre, alors nous ne pouvions pas mourir.

Et les hommes en noirs avaient fondu sur nous alors que la surprise – et notre piètre acrobatie – nous avait fait choir. J'aurai dû fuir, peut-être, si j'avais pu comprendre plus tôt qu'ils n'étaient pas la sur l'ordre du sultan. J'eus beau crier et ruer des quatre fers, rien n'y  fit. Personne ne vint à notre secours et le néant nous engloutit tout deux.

~°~

Je crois n'avoir jamais eu si froid qu'au réveil de ce jour honni. J'avais les membres endoloris et le contact avec le sol de pierre glacé n'arrangeait rien à l'affaire. Azshara, plus pragmatique, se demandait si nous étions morts. Je ne répondis pas. Les sages disaient que l'on avait très froid lorsqu'on mourait et la tiédeur doucereuse des jardins me manquait.

Notre prison n'était pas des plus sécurisées, et nous nous acharnâmes sur une porte en bois vermoulu. Nos cris s'effilochaient, noyés par les clameurs montantes de la rue. J'avais tant bataillé avec le montant de la porte que j'avais des échardes plein les doigts.

Lorsque, enfin, un visiteur nous vint, je saisis ma chance sans demander mon reste. Azshara sur mes talons, ma main agrippée à son bras, je bondis en direction du rai de lumière qui filait par l'embrasure de la porte. C'est comme échapper à maître Ashkan, me répétais-je pour me donner du courage.

Notre ravisseur ne se laissa pas berner et cueillit sans peine le corps fluet d'Azshara, et ma prise m'échappa. Je l'entendis crier, mon nom, mille imprécations, mon nom encore, et je courrai.

Je n'avais rien répondu. J'avais voulu lui crier que je reviendrais, avec tous les soldats de père s'il le fallait. Mais je ne voulais pas que nos ravisseurs l'entendent et s'enfuient ailleurs. Siltamyr était vaste. Peut-être trop, et je crois que je me perdis moi-même dans ses dédales, dans cette ville trop grande que je croyais sottement
connaître.

L'aube avait déjà point quand je regagnai le palais.

~°~

J’appris que l’armée de mon père passait la ville au crible. Mère se précipita vers moi avec des gestes précipités, terrassée par l’émotion, si différente de la courtisane inflexible qu’elle laissait paraître au grand monde. Et la terrible nouvelle m’anéantit. Malgré les cris des femmes, je courus jusqu’aux portes de la cité, l’un des rares hommes de mon père à ne pas arpenter les rues me stoppa net. Siltamyr n’était pas sûre, pour moi moins encore, et il n’était pas permis de mettre en doute la parole des femmes, quand la cruelle vérité avait motivé les ordres du sultan. Azshara n’était plus, son corps frêle offert aux flammes cruelles, dans un ultime affront à mon père. Une provocation de sang, un symbole anéanti, chacun jurait et se détournait, mais j’avais l’impression d’être le seul à regretter ma chère soeur, et non ce qu’elle représentait dans un univers d’énigmes et de codes.

Les jours qui suivirent me laissèrent grogui, étrangement étourdis, comme si j’avais découvert une ivresse amère avant d’avoir jamais goûté aux flasques que se passaient les hommes au crépuscule. Je me rapprochai d’Elyas à cette époque, malgré le rictus désapprobateur qui ourlait les lèvres de ma mère. J’avais conscience d’avoir choisi un pis aller, la première excuse pour combler le vide laissé par ma jumelle, mais Elyas avait surmonté plus facilement le drame, ne le ressentant pas dans la moindre parcelle de son être, et cette innocente fraîcheur m’arrachait peu à peu à ma torpeur, me rapprenait à vivre dans un monde familier où le moindre pas me semblait vain.

D'Azshara, il ne me resta qu'un monceau de souvenirs et un petit bracelet de métal terni aux pierres calcinées.

~°~

Lorsque mon demi-frère choisit la voie des armes, je me cramponnai encore plus fermement aux livres de mes mentors, de la poésie à la diplomatie, des langues aux registres de commerce. Si j’allais en trainant les pieds au terrain d’entraînement, je me refusais d’être un soldat, comme si je craignais qu’en me définissant du terme de guerrier, on m’arrachât ce qu’il me restait d’humanité, ce qui ne s’était pas consumé avec Azshara aux portes de la ville.

Ma mère s’accommoda grandement du fait que mes pas et ceux d’Elyas se scindassent en deux chemins distincts.

~°~

Et les années filèrent, clémentes, comme si la roue de la fortune regrettait de m’avoir trop affligé par le passé. Je me plaisais à penser que le mérite m’en revenait, et que j’avais déployé plus de talents à esquiver ses avanies.

Et mère - qui se plaisait à captiver l’attention avec un air de n’y pas toucher et des manières de chat - se présenta un matin avec un très jeune enfant. Plus familier des femmes que des bambins que je ne leur avais jamais laissé me donner, je trouvais quand même au bébé des traits familiers, notamment des prunelles d’un or fauve, qui n’étaient pas si courantes dans la région.

Il fallut que mère surprît mon regard et tint à m’entretenir en privé de l’enfant, nommé Driss - douce ironie ! - qu’elle insinua mien. Je me rebiffai et rétorquai la chose impossible, allant jusqu’à prétendre avoir d’autres appétits. Intérieurement, je tremblai. Une fois ou deux, une compagne d’un soir avait bien essayé de m’affliger d’un enfant que je ne pensais pas mien, et chaque fois, je m’en étais sorti allègrement, prétextant qu’un enfant qui n’avait pas mes yeux ne pouvait être de moi.

Par chance, Sheïra n’avait pas eu vent de mes piètres excuses et me conta une tout autre histoire. A l’en croire, cet enfant était né de ma jumelle Azshara, et sa survie dépendait désormais de mon bon vouloir. Si je le reconnaissais comme mien, sa naissance ne serait plus sujet à mystère et il jouirait d’une existence préservée dans les délices de Siltamyr.

Cette nouvelle, lâchée comme par inadvertance avec cette maîtrise trop agaçante que ma mère savait avoir de son auditoire acheva de me clouer sur place, alors que l’enfant qu’elle m’avait collé dans les bras essayait d’attraper un poil bien trop court de ma barbe.

Azshara… J’eus beau presser mère de question elle refusa de m’en dire plus. Elle m’asséna, impitoyable, que mon évidente incapacité à garder ce type de secret ne l’invitait pas à la confidence et, si j’avais des tas d’autres raisons de blâmer son silence je reconnus la justesse de celle-ci. Si j’avais su…

Je reconnus l’enfant comme mien, mais l’entrevue avortée laissa une brèche dans mon coeur, dans laquelle s’engouffraient mille questions sans réponses, comme autant de courants d’air sournois. Azshara… Savait-elle que j’avais porté son deuil une éternité durant ? Savait-elle combien m’avait coûté chaque pas, chaque souffle, auxquels les siens ne faisaient pas écho ? S’était-elle tenu éloignée de moi de son plein gré ou d’autres impératifs l’avaient tenu à l’écart ? Avait-elle sciemment décidé d’éloigner son enfant ou mère le lui avait-elle arraché ?

Je préférais croire qu’on lui avait menti, à elle aussi, qu’elle vivait dans un monde où son frère avait péri massacré aux portes d’une grande cité, car il me semblait que rien, ni les excuses que Sheïra n’aurait jamais, ni le sourire d’Azshara, ne me rendrait jamais l’innocence que j’avais perdue lorsqu’on avait scellé le tombeau d’Azshara.

~°~

J’avais pu vivre avec la mort d’Azshara. Accepter que ma mère m’eût trahi et que ma jumelle vécût quelque part ne pouvait qu’être moins pire. Il m’était plus facile, songeais-je, de faire la paix avec Sheïra qu’avec mon âme meurtrie.

Intérieurement, j’enrageais. En ce monde, un homme avait déshonoré ma soeur. Peut-être, pour d’autres, n’était-ce qu’une femme, mais elle était ma jumelle, et je souffrais qu’on ait bafoué à la fois sa mémoire et sa grâce.

Je m’attachai assez à l’enfant, au regard rieur qu’il posait sur le monde, lui pardonnant ses colères faciles là où ma condition m’interdisait de crier. Une routine sereine s’installa. Je passais chaque matin quelques heures en compagnie de Driss, le surveillant distraitement dans ses jeux. La suivante de ma mère ne tarissait pas d’éloges à son sujet, comme si elle voulait absolument m’assurer que mon rejeton valait la confiance placée en lui. Visiter Driss était un excellent moyen de rencontrer Sheïra tout en détournant habilement la conversation, et aussi pour moi, le seul moyen d’approcher le souvenir d’Azshara, avec son aval.


Dans le même temps, de nombreuses femmes se proposèrent de manière plus ou moins directe pour offrir une mère de substitution à Driss et me donner d’autres enfants. Parfois, je devinais la pression familiale derrière leurs sourires forcés, et toujours, je répondais par la négative.

~°~

La routine paisible se brisa de nouveau, une nuit maudite où je me sentis moins trahi que souillé, où la lune a marqué mon corps de curieuses arabesques. Par chance, c’était une nuit que je passais seul, à déchiffrer un ouvrage ancien sur un balcon tranquille à la lueur vacillante d’une lampe à huile.

Un reflet bleuté sur mon torse avait attiré mon regard et saisi par cette curieuse apparition je m’étais levé d’un bon, envoyant virer le précieux ouvrage et manquant de peu de renverser la lampe. Les récits de magie des terres lointaines étaient déjà parvenus à mes oreilles. J’y avais cru, un peu, car le scepticisme forcené faisait le lit de l’ignorance. J’y avais cru par égard, presque par politesse.

Et la magie s’était imposée à moi, d’une manière sournoise. J’avais suivi les rais bleutés qui louvoyaient à la surface de ma peau, les avaient frotté inutilement, espérant les faire disparaître.

Les rumeurs sur le renouveau de la magie se distillaient au compte-gouttes, mais par chance, Siltamyr était une cité incontournable, et les nombreux marchands en transit étaient du genre bavard. J’avais fini par apprendre d’un Eressae un peu trop loquace que la magie révélait des marques bleutées sur la peau des gens de son peuple, depuis le retour de la magie. Il m’avait assuré que la magie n’agissait que de nuit, lorsque la lune était visible, et que, si le phénomène m’intéressait tant, il avait une fille demi-sang en âge d’être mariée. J’avais bien sûr décliné la proposition.

~°~

Et naïvement, lorsque j’avais eu la certitude que ce troublant phénomène ne touchait que le peuple atlante, j’avais demandé à mère si elle avait quelque explication pour ce mystère, si elle avait, par hasard, quelque ascendance Eressae.

Face à la question  de son fils et héritier la Sultane des Sultanes s'était arrêtée dans ses gestes, suspendue dans les airs, tel un oiseau pris dans un rai de lumière prédatrice. Pour la première fois, la Reine de Siltamyr perdit, un instant, de sa superbe et de son aplomb, avant d'esquisser un sourire, se voulant fugace dans sa liberté d'émotion.

« Que vois-tu mon enfant, chair de ma chair ?  »

La lueur de ses prunelles d'or liquide se troubla, et je répondis par une moue silencieuse. Je n’étais pas venu pour jouer aux devinettes.

Dans son élégance royale, le drapé soyeux de Sheïra dévoilait ses bras, un décolleté avantageux et la naissance d’une de ses hanches. Si elle avait porté la même anomalie que moi, elle n’aurait pu la dissimuler. Et l’évidence avait pris sens dans mon esprit.

« J’aurais préféré n’être pas votre fils. » avais-je lâché dans un murmure.

Des mots cruels, que je ne pensais pas une seconde, mais qui donnait corps à la déchirure incendiaire qui ravageait mon âme. Pourquoi m’avoir menti, toutes ces années, laisser nommer père un homme que j’aimais et que j’estimais, non pour le rang que notre sang commun me promettait, mais parce qu’il était à mes yeux le seul modèle à suivre.

« L'heure n'est pas venue pour les révélations. Ton existence doit être avant tout protégée. » répondit Sheïra, implacable.

Je détalai sans demander mon reste, l’esprit enragé. A quel fichu instant, Sheïra avait-elle décidé que tout cela ne me concernait pas ? Qu’il ne m’importait pas de savoir qui était mon père ?

Et, plus insidieuse que toutes les autres, revenait l’obsédante question. A quel moment m’auriez-vous dit la vérité, mère, si les astres ne s’en étaient pas chargé pour vous ?

~°~

Cette vérité, cet héritage mystérieux me troublait jour et nuit. J’évitais la compagnie du sultan tout autant que celle de ma mère, prétextant être accaparé par des sujets d’étude trop prenants. Les livres ne m’étaient d’aucun réconfort. J’avais essayé de me réconcilier avec mon ascendance, mais ce que j’avais appris des Eressaes m’avait tourné la tête. Je n’avais rien en commun avec ces gens. Et puis j’avais rêvé de couloirs infinis dans une cité où le ciel avait la teinte sombre d’abysses insondables et cela avait été pis que tout. J’avais cessé ces recherches-là, espérant au moins goûter au sommeil de nuits paisibles.

Je m’étais résigné à parler au sultan, pour expier les démons qui me hantaient, mais, avant que ma résolution ne mûrisse suffisamment, Elyas fit basculer Siltamyr tout entière dans un bain de sang sans précédent. Les hordes ordhalerons en marche vers le palais ne me laissaient pas d’autres options que la fuite. Avant même de savoir qu’ils étaient de mèche avec Elyas, j’avais déjà la certitude qu’ils ne me seraient jamais favorables.

Sheïra m’avait fait prévenir : nos alliés étaient en route pour nous porter secours à l’aube, et l’armée d’Heisenk aiderait nos hommes à reprendre Siltamyr. Elle n’avait pas le temps d’en discuter davantage tant que nous n’aurions pas gagné le point de rendez-vous, hors de la ville.

Je lui faisais confiance pour avoir déguerpi, mais le doute me taraudait. Je redoutais qu’elle ne sacrifiât Driss à sa manière, comme elle avait foudroyé Azshara, sacrifiant sa destinée à sa cause, d’une manière qui m’était étrangère. En proie à un doute terrible, je filai à travers le sérail en dépit des interdits. Le sultan, mon père, était mort, à ce que l’on répétait à travers tous les couloirs, et chacun fuyait ou se cloîtrait dans ses appartements.

Les appartements de Sheïra étaient vides, hantés par le reflet de la lune. D’une élégance entretenue, comme si elle avait sciemment préparé sa retraite. Aucune trace de Driss et je filai par les jardins, douloureusement calme en ces cruelles circonstances.

C’est alors que je vis Valkrys, rampant au sol, une écume rougeâtre au bord des lèvres, le dos maculé de sang et barré d’une profonde entaille. Ses yeux n’avaient rien perdu de leur morgue et de leur férocité.

« Finis... » cracha-t-elle difficilement.

Je ne savais pas si elle parlait de sa mort imminente ou me suppliait d’en finir. Déjà, son regard se voilait, acceptait de n’avoir plus d’autre choix que le renoncement. Je tirai mon cimeterre en tremblant. Je n’avais jamais levé une lame contre une femme désarmée. Et si l’innocence n’était certainement pas l’apanage de Valkrys pour qui je n’avais jamais eu la moindre affection, elle ne méritait pas le coup fatal qui lui avait été porté.

Je tirai ma lame, déchirai un pan de ma chemise pour essuyer les lèvres de Valkrys qui gisait désormais sur le flanc, la respiration sifflante. Je ne sus jamais si elle écarquilla les yeux à la vue de ma lame, alors qu’elle m’avait sûrement toujours jugé trop faible pour manier les armes, ou si les marques bleutées d’Eressa captivèrent sa dernière attention.

Le poignard avait perforé les poumons, elle se noierait dans son sang, il n’y avait rien à espérer, me répétais-je. Ma main effleura sa nuque alors que j’ajustai mon coup. Et un curieux frisson me parcourut l’échine, qui n’avait rien à voir avec l’appréhension qui me dévorait. Une curieuse connexion, infime, comme si mon sang avait voulu dicter à celui de Valkrys de cesser de couler, de cesser de se perdre dans cette brèche qui l’anéantirait de l’intérieur.

Une lueur insensée apparut, là où mes doigts l’avaient touchée, et se répandit jusqu’à son dos, distillant une douce tiédeur. Valkrys cligna des yeux, hébétée. Elle n’avait pas la force de parler, mais sa respiration semblait plus légère.

Et une flèche la frappa en plein coeur, d’un tir bien plus ajusté que ne l’avait été le trajet du poignard. Valkrys s’éteignit sur le coup et je sursautai, titubant. Enragé, l’arme au poing, il me fallut toute ma raison pour admettre que je ne pouvais rien contre un archer embusqué, et je quittai le palais sans un regard en arrière, mais récitant tout le long une prière pour Valkrys, car, si je n’avais jamais vraiment cru aux ombres de Nephalar, la seconde épouse du sultan méritait mieux que de périr sans hommage.

Je n’eus pas le temps de me torturer l’esprit davantage. Quitter Siltamyr s’avéra plus périlleux qu’escompté, et je rejoignis l’armée d’Heisenk aux portes de la ville le front en sang barré d’une vilaine estafilade.



Ambitions & Desseins



Idriss aspire à récupérer le trône de son père, botter le derrière de son demi-frère (ou l’envoyer croupir dans un tombeau muré vivant) et mener Siltamyr vers un nouvel âge d’or.



Divers


Reconnaissez-vous être âgé d'au moins 18 ans ? : Oui
Moultipass : Mdp validé par pépé


Azshara Ssyl'Vaithis
◈ Missives : 182

◈ Âge du Personnage : 28 ans
◈ Alignement : Neutre Strict
◈ Race : Valduris - Eressåe
◈ Ethnie : Sharda du Nord - Eressåe des Abysses
◈ Origine : Al'Akhab, Siltamyr
◈ Magie : Magie Céleste. Probabilités et destins.
◈ Lié : Ehara
◈ Fiche personnage : Azshara
◈ Crédit Avatar : Nibiruian Queen-realism pract. (Megan Fox) by LAS-T (modified)

Réceptacle
Azshara Ssyl'Vaithis

◈ Lun 24 Oct 2016 - 18:34

Je te souhaite la bienvenue ici, cher frère...

Tu sais quoi faire Wink