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Zeran Rheff - Empereur de Neya

Zeran Rheff
◈ Missives : 64

◈ Âge du Personnage : 188 ans
◈ Alignement : Chaotique Mauvais
◈ Race : Ordhaleron
◈ Ethnie : /
◈ Origine : Neya - Xyria
◈ Magie : Ombres
◈ Lié : Panaxauch
◈ Fiche personnage : Zeran

Réceptacle
Zeran Rheff

◈ Mer 30 Oct 2013 - 21:29


◈ Prénom : Zeran
◈ Nom : Rheff
◈ Sexe : Homme
◈ Âge : 188 ans
◈ Date de naissance : Deuxième jour de Garges de l'an 940 de l'ère de la Paix
◈ Race : Ordhaleron
◈ Origine : Neya, Xyria
◈ Alignement : Chaotique Mauvais
◈ Métier : Empereur de Neya
◈ Lié : Panaxauch


Magie

Des filaments inconsistants venaient à effleurer le derme pâle, aussi rigide que le cuir. Depuis tout ce temps, depuis la réapparition du monolithe, ces derniers répondaient bien plus à ses caprices et pourtant, lui laissaient toujours sur la langue un goût amer d’inachevé. La créature d’ombres semblait le regarder, méprisante, l’observant se vider de ses forces à mesure qu’il tentait de maintenir ce lien fragile et invisible entre lui et cette matière qui semblait s’extraire de lui, ruisselant de son être comme on exsude de sueur. Las, vidé, ses dents se serrèrent et les ténèbres disparurent.
L'instabilité de ses humeurs vint à sourdre alors, jaillissant avec la violence d’un brasier alors qu’il écrasait son poing immense sur le moucharabieh duquel il avait pu observer Siltamyr en contrebas. Il aurait pu s’en libérer une corole incarnat, mais aucune plaie ne vint à gercer cette peau d’albâtre. Un pouvoir conféré par le lien avec cette odieuse créature faite de sombreur, à son image.


Compétences, forces & faiblesses


> Arts de la guerre
(Métier engagé : Empereur Guerrier)
- Maniement d’armes blanches (épées, ambidextrie : expert)
= Conçu au cœur de la Légion, pour la Légion, Zeran est le pur produit de cet État-Armée Ordhaleron. Loin d'être idiot, il a su retenir les codes et la danse des lames et les coupler à sa puissance naturelle.
- Combat à mains nues (techniques de la Légion : maître)
= Fracasser un crâne à mains nues lui est possible, tout autant qu'asséner de terribles et cuisantes douleurs, voir la mort, à un adversaire en face de lui.
- Stratégie de combats (maître)
= De l'art de déstabiliser, de trouver les failles d'un adversaire et de l'immobiliser en rompant ses tendons.
- Tactique de guerre (avancé)
= Zeran n'est point stratège. Il demeure néanmoins des connaissances très poussées des stratégies guerrières mais il a appris à déléguer les tactiques à ses élites : non seulement pour les flatter, mais aussi car il sait que là n'est pas son fondement naturel.
- Commandement (maître)
= Le statut de maîtrise n'est point accordé par une quelconque pédagogie que Zeran ne saurait appliquer. Il est présent par sa seule lignée d'Empereur, couplé aux savoirs militaires depuis l'enfance inculqués.

> Arts de la noblesse & de la bourgeoisie
- Lecture & écriture (maître)
= Par naissance, il n'a pas qu'appris à se servir de l'épée. Il est d'une lignée des plus hautes noblesses de Neya
- Étiquette (expert)
= Capable de refréner ses élans de violence et de haine à l'égard de tous, il a appris à se comporter en digne héritier. Des manières policées et galantes, adaptées à bien des coutumes différentes, sonnant bien évidemment faux sur ce faciès duquel transpire la vilainie, sont l'apanage d'un Empereur.
- Politique (avancé)
= Dans l'ombre de son Haut Magistrat, Zeran a appris bien des nuances à propos de la politique et celles-ci sont à l'oeuvre sur des décennies. Il continue toutefois d'apprendre chaque jour afin de mener à bien leurs projets communs.
- Diplomatie (avancé)
= Toujours au contact de cette ombre qui croit le manipuler mais qu'il laisse faire par simple connivence et par intérêt, l'Empereur a appris l'art de la diplomatie, du savoir être et de la négociation à un haut degré pour sa politique intérieure et, futurement extérieure.
- Subterfuge (maître)
= De l'art d'avoir tout ce qu'il peut obtenir, Zeran sait manipuler et a souvent bien des longueurs d'avance. La maîtrise est guidée par la réponse aux caprices de son rang.

> Compétences générales
- Linguistique (Gordhien, Kaerd : maître)
= Ayant lui-même forcé son peuple à apprendre la langue universelle, il la connaît depuis plusieurs décennies et l'use avec autant d'aisance que le Gordhien.
- Intimidation (maître)
= Accordé par son rang Impérial, ainsi que par son essence raciale originelle, Zeran peut effrayer quiconque avec aisance et faire plier par la simple crainte qu'il inspire.

Zeran possède l’image qu’on lui donne. Il a conçu autour de son être une face visible cruelle, impulsive et violente, longuement polie et adoucie par des manières royales, sagement acquises depuis l’enfance. Il est créature immense, au corps et au cœur faits d’acier. Si peu de choses semblent ainsi le briser, bien rares sont ceux s’étant osés à lui faire face.
Il demeure un être d’un esprit fin et aiguisé, malgré les rumeurs, malgré ce que tous pensent et il se plaît ainsi à entretenir une face invisible, celle qui voudrait que Drekryax soit un marionnettiste accompli ayant fait de lui sa chose. Il n’est pourtant pas dupe et sait aussi ce qui est de s’entourer : là réside ainsi sa plus grande force. Son apparence monstrueuse inspire méfiance et respect, tandis que celle de son Haut Magistrat grand penseur reflète la sagesse et la douceur lissée. A ses côtés, le cœur de sa garde, les Prétoriens du Général Caïus Septimus. Deux ombres, deux bras. Les rôles peuvent être inversés. Une trinité créée à force d’abnégation et de patience, pour conserver le pouvoir et l’ascendance sur le peuple instable de la Coalition. Il est le roc, protégé par un océan furieux et balayé par un vent terrible. Il est l’image de la terreur et de la grandeur, qui appose la marque de sa magistrature.

Pourtant, au-delà de ces grandes aspirations, Zeran demeure un être d’une complexité faillible. Il sait que sans ceux qui l’entourent, il n’est rien et, par essence, par expérience, il sait que la cruauté qui parcourt ses veines comme un poison nécessaire à sa survie, doit être enfermée loin, mise sous clé. De l’art de devoir se tenir comme un Empereur, devoir faire taire son être profond afin de conserver le pouvoir, devoir se montrer clément alors qu’hurle en lui la vengeance, la soif de sang, le besoin d’entendre craquer les os et hurler la chair brûlée… Il demeure tiraillé en permanence entre ce qu’il est et ce qu’il doit être pour pouvoir préserver ce qu’il a. Être cupide, il n’aura de cesse de vouloir choisir la plus évidente facilité pour obtenir ce qu’il convoite, mais il a dû apprendre la patience, rongeant sans cesse ce qu’il est au fond. Mépris de l’autre, Zeran ne considère que peu de créatures en ces terres et se meut dans une malsaine solitude pour compenser à ses crises de fureur. Il se laisse donc manipuler en toute conscience par son propre Empire, par nécessité, par caprice, et non par choix.


Physique

Race originelle, sang ancien. Depuis des temps immémoriaux, les siens ont toujours vécu pour dominer ce sur quoi ils pouvaient avoir mainmise. Lignée de Rois, cruor précieux, la constitution de la Coalition fut historiquement faite par ses ancêtres. D’eux, il tient encore une peau d’albâtre, translucide par endroits, laissant percevoir la musculature et les vaisseaux sanguins, tout comme une ligne de cornes de l’avant à l’arrière de son crâne. Une teinte d’étrange violet parcourt ainsi son derme aussi dur que le cuir, couturé de nombreuses cicatrices laissées par son tumultueux passé. Il aurait pu être évident d’en saisir un toucher rugueux, rêche, elle est pourtant aussi douce et glacée que la peau d’un serpent. S’il avait eu l’occasion de brandir une relique ancestrale, l’ossuaire des plus grands de ses prédécesseurs, il aurait été possible de comprendre une étrange différence avec la plupart des créatures de ce monde, visible sur sa nuque, sur son dos, maintenue par une peau lactescente et enclavée dans un ensemble d’anneaux cartilagineux composant un exosquelette étrange : des os d’un incarnat luminescent, à l’image de ses yeux sans pupille, ni iris. Ces yeux captent des tons que peu savent percevoir, des vibrations changeantes dans l’air alentour et, surtout, un champ de vision si large qu’il pourrait étendre les bras, les tirer un peu plus en arrière et observer encore ses immenses mains aux cals épais.
Ces derniers témoignent des combats, des guerres, mais surtout d’une fâcheuse manie à frapper sur ce qui n’est point vivant, à défaut de pouvoir laisser exploser sa hargne sur les vivants au vu et su de tous. Sont assortis à ces diverses marques de la vie militaire, un corps taillé dans le marbre aux muscles entretenus, tendant encore plus cette peau lisse seulement marquée des stigmates des lames qui, désormais, jamais plus ne pourront le frôler.

Assurément, de ces traits, de cette stature de plus de sept pieds et neuf pouces, d’un poids presque incommensurable et de ses lèvres inexistantes s’ourlant sur des dents de carnassier, aussi aiguisées que des dizaines de poignards tranchants, le mâle est une créature imposante, inquiétante dont le seul regard ferait fléchir de terreur le plus vaillant.


Caractère


L’être est doté d’une apparente simplicité, semblant malléable depuis des années. Néanmoins, il aime se parer des atours de politesse et de tenue les plus régaliennes afin de dissimuler à ceux qui oseraient tenter de braver son autorité, tout ce qui se cache au fond de lui. Zeran n’est pas fait de ceux qui, doués de sensibilité, pourraient compatir à l’autre ou se targuer d’un fond d’humanité. Il aime uniquement ce qu’il a, ce qu’il est et, plus encore, puissance, pouvoir, richesse et cette impression amère qu’il laisse à ceux qui essaient de le défaire. Plus encore, il tait au cœur des abîmes ses plus douloureux penchants. Peu peuvent comprendre la nécessité vitale qu’il entretient, comme ceux de sa race, de vouloir arracher la peau d’une gorge palpitante et s’abreuver d’un fluide chaud de grenat. De vouloir pratiquer la chasse pour le plus grand plaisir, avec ce qu’elle crée en lui, des sursauts furieux de son cœur contre sa cage thoracique et de l’excitation procurée par la frayeur instillée dans la proie. De son regard terrifié, des hurlements alors que s’arrache l’un de ses membres sous un furieux coup de dents.
Il est bien délicat pour les êtres censés cohabiter, de mesurer ces envies brutales et sournoises qu’il ne pouvait maîtriser qu’avec le temps et, dans la plus grande intimité.
Ainsi, par pure convoitise, par flagrant intérêt, il suit les lois de ce peuple qu’il exècre et se plaît à voir chavirer les esprits, sentir les battements de leur cœur dans la panique de l’inconnu. Misérables qu’ils sont…

L’Empereur est, pourtant, seul au centre de milliers.

Façonné pour gouverner un empire à l’absolue complexité, taillé par les arcanes militaires qu’il dut suivre sans conviction et par obligation, il s’est construit en lui une psyché complexe et dénuée de sentiments. Point d’amour au sein d’une famille telle que celle-ci, seul compte ce que l’on est, ce que l’on devient et ce pourquoi nous sommes nés.
Malgré ses flagorneries évidentes, ses émotions feintes et ses demi-sourires, le cynisme s’enroule souvent autour de ses mots d’une bien grande subtilité. Tout autant que de devoir manipuler ceux qui l’entourent pour obtenir ses caprices passagers, ou asseoir ses volontés sur long terme avec beaucoup de prudence, et une patience insoupçonnée. Il n’a pourtant pas changé de fond, mais sa forme s’est adoucie sous les conseils avisés de son ministre ; il est toujours pris de crises irascibles et incontrôlables, fluentes et changeantes au gré des événements rencontrés, lorsqu’il perd pied ou qu’il ne peut plus se maintenir. Il s’entoure alors, après ces explosions de rage, de son éternel manteau de solitude.


Inventaire

Il est délicat de faire l’inventaire des possessions d’un empereur. Aussi, il faut omettre les palais d’été, d’hiver, les manoirs et châteaux de complaisance afin d’agrément une insupportable Cour. Il est également sage d’oublier de mentionner les trésors, coffres emplis d’or, de monnaie et de pierres précieuses que recèlent conjointement Neya, Sunaï.
Tout autant que mentionner une garde-robe qui ferait pâlir d’envie n’importe quel nobliau ou Roi coquet, les vêtements sont riches, nombreux, faits d’étoffes précieuses et savamment ouvragés. Il ne peut être possible de les compter, ni de tous les détailler, mais il demeure dans la chambre impériale des reliques presque sacrées, vestiges de combats et de guerres passées, qui méritent plus d’attention que nul autre joyau en ces terres.
Deux épées jumelles à la garde d’ébène, incrustées de rubis, agréments de parade qu’il ne manie jamais. Il leur préfère toujours des lames tout aussi bien forgées, damassées comme les sabres Inoës et d’une exemplaire résistance. Nombreuses sont ses armures de parade militaire, pour pavaner comme l’Empereur qu’il est au-devant de ses hommes, mais s’il doit se battre, ce n’est point l’armure lourde qui porte son affection. Il préfère se parer du cuir des éclaireurs ou des combattants les plus rapides, maniant les lames avec une déconcertante agilité. Ce qui ne lui serait possible en portant le poids de plaques d’acier.
Il est pourtant rare de le voir ainsi paré, car il est avant tout Empereur avant d’être Guerrier. Et ses apparats sont souvent de tons sombres, aux motifs d’argent et d’or brodé.


Histoire

Certaines coutumes perdurent malgré la dissolution de toutes formes rituelles. Perdues dans les millénaires d’eaux entremêlées, de destins tissés et liés par la seule volonté de survie, celles-ci ne demeurent qu’un vague souvenir. Une réminiscence d’un passé qui fut jadis plus riche en cultures hétéroclites et qui, pourtant, durent se lever sous une même bannière pour s’affranchir de l’oppression. Jointes, parfois confondues, ces mœurs singulières se sont diluées, se sont teintes d’une couleur qui n’était pas les leurs et qui, désormais, arborent la nuance incarnat se trouvant sur le drapeau de la Légion et celui de Neya.
L’une a pourtant résisté, témoignage d’un passé brutal pour cette race ; celle qui veut que la mort d’une mère confère à nouveau-né, à peine ouvre-t-il les yeux sur le monde, toute sa puissance, sa détermination et un sacrifice lui offrant alors la plus grande bénédiction. L’on raconte encore que ces enfants deviennent les êtres les plus féroces, les plus implacables et sont placés sous le signe des auspices les plus favorables.
Zeran, poussant ses premiers vagissements alors que la créature qui lui avait donné naissance s’éteignait dans une marre de cruor, fut de ceux-là. Son père acclama la nouvelle, frappé par la providence qui lui avait donné un héritier mâle, prompt à assurer la survie de leur lignée et qui deviendrait, à sa mort venue, le futur Empereur de Neya. Nul n’était de mot pour décrire la fierté qui enflait le poitrail d’Arcila. Il remerciait en silence, malgré un léger chagrin, cette épouse qui avait offert à leur lignée une marque de sang.

Cette race originelle, ancienne et solide, avait toujours été de celles contre laquelle les Valduris s’étaient soulevés, malgré le pacifisme de nombreuses autres. Cette engeance méphitique régnait jadis sur les vastes plaines d’Ordanie, veillant au fonctionnement le plus strict de ses terres et de ses sujets. Naturellement, lorsque durent s’allier tous ceux qui furent écrasés par le nombre et l’organisation militarisée des humains, chassés de leurs territoires et massacrés par milliers, elle fut celle qui prit tout pouvoir sur la coalition. Par la force, dans un premier temps, puis par d’habiles manigances afin de conserver son rang.
Ses héritiers, comme leurs aïeux, grandissaient plus vite, étaient naturellement d’une force et d’une puissance supérieures mais, demeuraient bien plus pernicieux et mauvais que tout autre être foulant Rëa. Le jeune mâle, n’échappant ainsi aucunement à ce dont il était fait, dominait déjà depuis la tendre enfance tous ceux de son âge par son physique et, aussi, par sa cruauté.

Pourtant, Zeran n’avait jamais été fait pour gouverner. Se désintéressait de tout le protocole de son rang, de sa lignée, exécrait la seule mention de devoir devenir celui qu’il ne désirait être. Tiraillé par les devoirs qui leur incombaient, son père le fit élever de la manière la plus rude qu’il put être permise afin de rompre le tempérament instable, naturellement violent, borné, indiscipliné et chaotique du rejeton impérial. Des heures de ce qui s’apparentait à de la torture pour la créature aux yeux dont la seule volonté résidait en le sang. Une prédation naturelle incontrôlée et une insoumission à toute forme d’autorité qui devenaient un danger latent, sourd, au sein même de l’Empire et qui menaçait de rompre un équilibre précaire au cœur d’un monde fait de différences.
Et Zeran ne trouva son compte qu’en souffrant, en faisant souffrir, dusse-t-il extérioriser sa fureur lors d’entraînements ou, durant toutes ces guerres, ces conflits lancés par Arcila. Lacéré par les lames, massacré par les guerres, son corps d’adolescent, tout comme son esprit encore trop jeune pour mesurer l’impact de tout ce qui l’entourait, fut marqué des trop nombreux stigmates de la combativité trop importante et impulsive d’Arcila. Zeran faisait malgré lui les frais d’une gestion malhabile, de stratégies hasardeuses des supérieurs militaires de la Légion d’alors à laquelle il appartenait et manqua un nombre incalculable de fois de finir empalé sur les lances des Vreën. Ivre de rage, rongé par la bride que lui mettait son père en l’empêchant de s’exprimer sous toute forme, qu’il s’agisse de son besoin vital et primal de tuer ou simplement en l’empêchant de s’exprimer, il vrilla un nombre incalculable de fois, laissant à ses ardeurs naturelles et à ses instincts les plus primaires l’occasion de se manifester tant sur les humains, que sur les siens. Et, bien vite, sa réputation faite de cruauté, de torture et de crimes sanglants le précéda. C’est ainsi et, par volonté de ne pas truquer le rite de passage de leur peuple, qu’il fut refusé aux arènes à ses vingt-cinq années. Tous savaient pertinemment que, s’il en foulait le sable, il entrerait dans une frénésie qui n’aurait jamais pu s’achever. Le but de l’arène n’était pas qu’un seul survive mais les meilleurs d’entre eux et, en connaissance de ce qu’ils avaient mis au monde, son père lui interdit d’y participer.

Partagé entre une odieuse frustration de se sentir ainsi tenu en joue, incapable d’obéir à ses propres nécessités et parce qu’il était différent, le jeune Ordhaleron s’enferma de plus en plus dans une malsaine solitude qu’il entretenait avec difficulté, prenant sur lui et apprenant à contrôler son ivresse du sang. C’est de cette époque qu’il apprit à fracasser le mobilier, les murs et tout ce qui traînait à portée de ses immenses mains, déjà rendues puissantes et calleuses par l’apprentissage rigoureux et violent des épées et de tous les arcanes militaires qui semblaient à peine le canaliser.

Il dut pourtant se rendre à l’évidence qu’il n’échapperait jamais à ce qui pesait sur ses épaules comme une chape de plomb et dut apprendre à s’entourer. Il fut ainsi initié au Noble Jeu, à la vile flagornerie et aux manières des plus subtiles et des plus douces. Lorsque son bras se faisait violent armé d’une lame, ses mots s’adoucissaient d’une touche de miel âcre et cynique. Néanmoins, tous ceux qu’il était forcé de fréquenter savaient qu’il ne fallait point le trahir. Le trahir, c’était mourir et il n’eut aucun remord à épurer toute fomentation à son encontre ou à celle de l’Empire auquel jamais il n’échapperait.

Néanmoins, Zeran trouva ses forces et ses alliés assez vite lorsqu’accéda au rang de Haut Magistrat une créature à laquelle tout l’opposait. Chétive, fébrile mais dotée d’un esprit extraordinaire à l’opportunisme et au génie avéré, Drekryax Sraal sut l’approcher, malgré sa crainte constante, les tressaillements qui animaient ses membres minuscules à chacune de leurs rencontres. Était-ce pourtant une image volontaire qu’il construisait afin de mieux gagner la confiance de celui qui deviendrait, tôt ou tard, le successeur à la tête de l’Empire et pouvait l’écraser d’une seule main gigantesque ? Zeran ne le sut jamais mais une sorte de connivence se mêla là où elle pouvait être inconcevable et impensable. S’ils ne s’appréciaient aucunement mais, plutôt, se toléraient et s’apprivoisaient, chacun fit de l’autre sa force, son complément et ce qui lui manquait. Zeran, d’une part, de la sagesse et de la tempérance de la grenouille, Drekkryax, de la force et du charisme qui lui manquaient.
Et quelques temps plus tard, alors qu’il assistait avec lassitude aux arènes desquelles il avait été de force écarté, il fut surpris par une boucherie sans nom qui se portait devant ses yeux. Une femelle, laquelle avait fait tout ce pour quoi il avait été banni de ce rituel de grandeur et de puissance. Elle avait éliminé tous ceux qui lui barraient le passage et d’une manière des plus vulgaires pour clôturer le spectacle, qui fit hausser à son arcade glabre un tressaillement insoupçonné. Un immense sourire se dessina sur des lèvres inexistantes dévoilant, alors que la famille impériale se regardait dans un étrange mutisme, des dents ensanglantées. Il s’en était mordu la langue d’excitation, simple besoin de ressentir à travers cette bête furieuse le goût qui parcourait sa gorge tandis que s’était arraché l’organe et la peau et qu'elle lui faisait avaler avec hargne. L’Empereur allait lever le bras et ordonner ce spectacle comme terminé mais, Zeran posa une main, aussi grande que celle de son père, sur celle-ci. Avec un calme maîtrisé, malgré son cœur emballé par la vision sanglante et tout ce pour quoi il avait justement été retiré de cette coutume, il proféra sa volonté à son Empereur et Père. La vie de cette femelle lui reviendrait : elle avait un tempérament qui pourrait entériner sa propre violence et, tel soldat, ne pourrait qu’être mené à de grandes choses. C’est ainsi que Caïus devint la troisième pierre de ce socle que Drekryax et lui-même avaient construit avec grande habileté.

Lui, demeurerait à son accession au trône la face visible, la terreur persistante au cœur des êtres et la promesse d’une issue terrible à ceux qui tenteraient de les braver, Drekryax celui qui prendrait de justes décisions et guiderait, par son savoir, la gestion des différents visages d’un royaume aussi difficile à gouverner et, Caïus, quant à elle, demeurerait la protection infaillible, l’arme de cette main puissante qui s’apposerait  sur la Légion et sur le Peuple tout entier.
Dans tous ces jeux qui ne lui plaisaient aucunement et auxquels il était forcé, il n’aurait jamais pu se préparer à ce qu’il allait vivre, lorsque fut marquée la fin de l’Ère de la Paix. Son père trépassa sous ses yeux, lors du siège mené à Raiendal dans une offensive qui visait encore une fois à réclamer ce que leurs ancêtres avaient perdu. Sa lame s’enfonçait avec colère, tout comme les lances des prétoriens qui protégeaient l’empereur, dans le corps de celui qui venait de faire rouler la tête de l’Empire à leurs pieds… Nardh de Dévéra. Le regard de Zeran était glacé, pris par une stupeur telle qu’il ne sut réagir au retrait immédiat des troupes de soldats qui se désorganisaient, sourdes aux appels de leurs commandements, sourdes à leurs généraux et à ce nouvel Empereur, pas encore couronné. Un vent de panique s’était levé autour de lui, aucun soldat ne répondait à ses ordres ou à ceux des instances supérieures. Il assista ainsi, impuissant, à une dispersion sans précédent et fut poussé par les prétoriens et par celle qui demeurait à ses côtés, le forçant à ployer l’échine, à prendre la défaite notoire à cause de cette seule mort impériale de plein fouet comme s’il en avait été la cause.
Il fallut plus de vingt soldats pour le maîtriser. Son esperite profonde s’était enroulée autour de la raison comme un serpent, mordant avidement ses chairs pour instiller le poison le plus douloureux et anéantir la fragile maîtrise de sa conscience, teintant alors ses pas d’une nuance de carnage et de cruor.
Une chose après l’autre, sa colère s’était dirigée vers tous ces soldats pleutres, vers ces fillettes qui avaient renié leur Empire et il s’était lancé dans une croisade meurtrière à l’encontre de ceux qui avaient failli. Son couronnement fut marqué au fer rouge sur les visages de certains, pour d’autres, il fut noyé sous un océan de sang. Sa traque, pourtant, n’avait pas cessé ni n’avait épanché sa soif de destruction. Il s’était complu à terroriser lui-même sa Cour, proférant menaces dès lors que le nom de l’un d’eux était affilié à l’un des traîtres déserteurs. Il s’était entiché d’une manie bien hideuse de lui-même visiter les prisonniers, et de leur faire subir les pires sévices que son esprit malade pouvait alors imaginer. Il ne voyait plus que rouge, là où se reflétaient ses yeux déjà aux nuances brûlantes. Plus aucun proche n’existait autour de lui. Il était aveugle à la présence infaillible de Caïus, sourd aux conseils son Ministre qu’il manqua plusieurs fois de tuer par colère et que seuls les prétoriens réussissaient à retirer de ses griffes acérées. Nombre de fois, sa gardienne fit les frais du brasier qui le consumait, détruisant les dernières miettes qui lui restaient de lucidité.

Néanmoins, avec le temps, il réussit à obtempérer aux appels de ses deux indéfectibles. S’il n’était point soucieux de la pérennité des Ordhaleron et si la mort se trouvait toujours dans son sillage, il craignait un renversement et de perdre tous ses privilèges, tout ce qu’il possédait. Les ardeurs de sa rage meurtrière s’éteignirent, doucement, tout comme ses volontés de vengeance à l’encontre de ceux qui avaient manqué à leurs obligations…
Il n’était pourtant pas moins intransigeant à l’égard de ses hommes et de ses sujets mais, sut écouter les sages recommandations de ses conseillers. Ainsi, à l’aube de changements qu’il se força à initier au fond de lui et pour garder toute emprise sur son empire, Zeran fit les bons choix. Ses traitements devinrent raisonnés et presque justes, plus intelligents et sa vision d’un gouvernement sur long terme s’affina avec l’expérience et ce qu’il pouvait apprendre des politiciens avisés qui l’entouraient. S’il ne tolérait aucunement ni erreur, ni trahison, ni faiblesse, il sut taire en public ses visions extrêmes et sa brutalité pour, à son tour, conspirer dans l’ombre et se débarrasser avec précaution et subtilité de ceux qui le gênaient ou menaçaient de mettre en déroute ce qu’il avait pu construire. Car si Zeran n’avait aucune considération pour autrui, il sut faire venir de sages Érudits de tous lieux afin de panser les plaies béantes de Neya ainsi qu’apaiser les Ordhaleron au bord d’une révolte grandissante. Son seul intérêt était de conserver sa suprématie et ses privilèges.
Ses efforts eurent ainsi le mérite d'accorder les esprits sur sa puissance et sur le respect qu'il inspira alors. Il s’était rendu compte, redevenant lucide et, la crise passée que, sans peuple et sans sujets, pouilleux comme nobliaux, lui, n’était rien. Craint de ses ennemis, redouté et admiré de ses subordonnés mais, néanmoins obéi grâce à la justesse de ses mesures, cet être demeurait toujours au fond de lui la créature solitaire qui souffrait de l’absence de paix incombant à son rang. Si ses ébullitions étaient sues, aussi violentes que les plus ravageuses tempêtes, leurs conséquences étaient bien souvent dissimulées, dans l’intimité feutrée, par l’habile manœuvre de son plus haut et proche conseil.

Et le temps passa, ses journées psalmodiques seulement marquées par quelques attaques de courtoisie afin de ne point faire oublier à ses soldats la haine, contre les Valduris, entre cette épouse qu’il avait dû prendre et qu’il ne fréquentait guère qu’au cœur d’un lit conjugal qui l’écœurait amèrement et entre ses diverses responsabilités.

Jusqu’à ce que le retour de la magie soit annoncé. Nul n’était mot pour décrire le frisson qui l’avait parcouru alors qu’il observait, captivé, des sillons noir de fumée s’enrouler tels des ophidiens sombres autour de ses doigts aux griffes acérées. Des jours, puis des mois à tenter d’appréhender ces choses qui n’avaient pas encore de nom alors que les messagers n’avaient encore frappé aux portes que des contrées humaines. De plus en plus, Zeran s’isolait, restant de longues heures, même des jours sans se nourrir, sans bouger des appartements impériaux allant jusqu’à empêcher sa propre épouse de pénétrer ces derniers. Il tentait de comprendre l’essence qui fluait hors de lui, qui pulsait dans ses veines comme s’il allait éclater de ne pouvoir les en extraire et devint fou de ne point réussir à capter l’essence. De ne point comprendre ce qui le hantait ni ce que ces ombres qu’il percevait du coin de l’œil tentaient de lui dire, ce qu’elles lui soufflaient.

Puis, après tant de temps passé, l’abomination prit enfin corps. Une brume aussi dense et sombre que le néant, matérialisant selon lui son être le plus profond, ce qu’il dissimulait dans la loge la plus secrète de son âme viciée. La seconde vague venait de s’échouer sur le monde, brisant les rivages tangible du connu.  L’éther était de retour et un mirage l’avait causé, jaillissant d’une histoire vieille de plusieurs millénaires. Qu’importait ce dont il s’agissait vraiment, ces histoires recelaient un pouvoir insoupçonné qui avait aiguisé sa plus grande avidité. Et, peu après, il fit un étrange rêve, dénué de logique et bien loin de ses habitudes.
Une clarté aveuglante baignait cette salle sans contours, nimbée de nuages vitreux. Une présence de ténèbres, une ombre menaçante qui s’était élevée au-dessus de lui et deux billes ardentes, immenses, le fixaient…

Il n’avait pas évoqué cette étrange vision et les promesses engagées que, plusieurs jours après, il fut surpris de ne pas être blessé lorsqu’une lame le frôla alors qu’il se maintenait à l’exercice. Une sensation étrange le prit, comme une forme de sentiment d’immortalité et pourtant, c’était sans compter Caïus qui avait tenté de comprendre les mécanismes de cette nouveauté.
Il était évident que le poison, l’acide, la noyade ou encore le feu lui étaient toujours mortels, néanmoins, il ne craignait plus la morsure de l’acier. Ses volontés furent bien vite trouvées et il sut comment se servir de cette providence, sa combativité l’avait regagné.

Les Ordhaleron avaient besoin de sang et le temps n’était point encore à la guerre. Il dissimulait pourtant des ingénieries qui allaient changer la face de Rëa et lui permettraient de concevoir l’impensable. De savoir où frapper et quand mais aussi, pourquoi.


Divers

J'aime les fromages qui puent, parce que c'est la classe. Sinon, autrement que d'être l'un des gros méchants de cette histoire, vous me connaissez aussi sous le nom de Calim Al'Azran. Je suis le créateur incontesté de cet univers fantastique. Offrez-moi des Kinders ! J'aime les Kinders...